Bien que la plupart des études faites à ce sujet montrent que les hausses des droits de scolarité n'ont pas d'impact sur l'accessibilité de l'université, les étudiants en grève continuent de soutenir le contraire. Pour ce faire, ils s'appuient sur les données que font circuler les leaders étudiants et autres militants. Or, plusieurs de ces chiffres sont trompeurs.

On soutient par exemple que la forte augmentation des droits imposée au début des années 1990 - ils avaient plus que doublé - a provoqué une baisse du pourcentage de jeunes entreprenant un cours universitaire. Il est exact que ce pourcentage a glissé pendant quelques années. Sauf qu'on ne peut pas établir de lien de cause à effet. D'ailleurs, à la même époque, la participation aux études collégiales - gratuites - a aussi diminué. De plus, il faut savoir que depuis 1997-1998, la participation aux études universitaires s'est remise à grimper, y compris depuis 2007, alors que le gouvernement Charest a entrepris d'augmenter de 100$ par année des droits de scolarité.

Les associations étudiantes citent les calculs d'une économiste de l'Université de Sherbrooke, Valérie Vierstraete, réalisés pour le Comité consultatif sur l'accessibilité financière aux études. Selon l'interprétation qu'elles font de cette étude, l'augmentation des droits annoncée par le gouvernement Charest pourrait décourager 7000 étudiants d'aller à l'université. Cependant, les étudiants taisent les mises en garde faites par l'auteure elle-même, entre autres que ses estimations «supposent une hausse soudaine et immédiate des droits de scolarité. Or, ce n'est pas ce qui est prévu dans le budget.»

Les jeunes ajoutent à leur démonstration l'impact néfaste qu'aurait eu la forte augmentation des droits de scolarité en Angleterre à compter de 2006 (de 1900$ à 5200$) Or, selon le Higher Education Funding Council for England, la participation aux études universitaires a augmenté depuis cette hausse, passant de 32% à 36%. Même les jeunes Anglais de milieux défavorisés se sont inscrits dans une proportion croissante à l'université durant cette période.

Pourquoi les hausses du prix des études ne découragent-elles pas les jeunes d'aller à l'université? Parce que les bénéfices qu'ils en retireront restent beaucoup plus importants que ce qu'il leur en coûte. Nul doute que les augmentations de 325$ par année pendant 5 ans décrétées par Québec forceront plusieurs jeunes à ajuster leur mode de vie à cette nouvelle réalité financière, en particulier à un endettement supplémentaire. En cela, leur situation ne sera pas différente de celle de tous les autres Québécois qui, eux aussi, face à une conjoncture changeante, doivent faire régulièrement des choix difficiles. Ces Québécois qui, par leurs impôts, paient 50% du coût des études supérieures tandis que même après la hausse, les étudiants eux-mêmes n'en paieront que 17%.