«Tout est beau vu de l'eau...»

Peut-être, je veux bien, mais je connais des rives de fleuve sur les bords du boulevard Notre-Dame Est qui ne doivent pas être belles à voir, même de l'eau, même avec des lunettes roses.

«La vie est plus belle sur l'eau...»

Je veux bien encore, mais il faudrait demander aux passagers du Costa Concordia.

Ce qu'on remarque d'abord au Salon du bateau et des sports nautiques, c'est que les visiteurs sont à 95% blancs, québécois et francophones. Pas des gens riches, j'imagine que les riches ne se mêlent pas à la plèbe pour acheter un bolide de 500 000 $. Ils sont plus discrets. Ils font livrer.

On voit des familles qui viennent rêver, qui font la file pour monter dans les bateaux de luxe et enlèvent leurs souliers, comme dans un restaurant japonais. On voit pas mal de Hells aussi, des full patch avec leur compagne sérieusement boudinée dans leurs jeans. Ceux-là peuvent tout se payer, ce sont les véritables privilégiés de notre société. Avec Tony Accurso...

Au mât hissons les voiles

On voit des duos père-fils qui viennent créer des liens...

«Choisissez votre moteur...» Il y en a qui sont gros comme des réfrigérateurs. C'est pour faire quoi, au juste, sinon des choses pas catholiques?

«Choisissez votre marina...» Il y a en effet pleins de gens bronzés, même en février.

La deuxième chose qu'on remarque au Salon du bateau et des sports nautiques, c'est qu'il n'y a pas de voiliers. Il y a assez de hors-bords pour embouteiller la canal de Lachine au complet, mais des voiliers... Il y en a six, en fait, me dit Serge Berlinguette, qui en vend pour Performance marine.

«Dans les années 80, c'était 50-50. Les voiliers sont souvent trop gros pour entrer à la Place Bonaventure. Au Stade olympique, en l'an 2000, il y en avait beaucoup. De nos jours, la demande pour des voiliers est d'environ 25%.»

Il y avait des planches à voile, par contre, des petits catamarans à voile et des Seadoo, les motoneiges de l'eau.

Chaque fois que je vois un Seadoo, ça me rappelle mon ami Bob, qui vivait au bord du Saint-Laurent et qui aimait la tranquillité. Quand le Seadoo est apparu, des jeunes allaient s'exécuter directement devant chez lui pour épater leurs blondes restées sur la berge. Bob était un homme pacifique, mais cette fois-là, j'ai vraiment pensé qu'il allait faire une folie.

Le 2 26 Consol

À part les voiliers - mon ami Régis, qui m'a emmené à voile sur le fleuve devant Rivière-du-Loup par jour de grands vents, me dit que j'ai le pied marin, c'est-à-dire que je n'ai pas vomi -, je serais plutôt ponton avec BBQ, cooler et petite saucette. J'avais un oeil sur le 2 26 Consol, hier.

J'ai ensuite vu un vendeur faire le bruit d'un moteur avec sa bouche. Je me suis approché pour l'entendre en me tournant pour qu'il ne voit pas mon visage.

Et voici mon copain Yves Paquette! Un vieux routier du sport scolaire et du hockey mineur. Un ancien des Carabins de l'Université de Montréal. Tu t'achètes un bateau, Yves?

«Non, je suis le directeur général de l'AMQ (Association maritime du Québec). C'est moi qui organise ce salon.»

Dis-moi, la plupart des gens qui viennent au Salon n'achèteront jamais de bateau, non?

«Tu serais surpris. Les bateaux usagés sont abordables et se vendent bien. Si vous achetez un bateau usagé 10 fois moins cher que le neuf, aurez-vous 10 fois moins de plaisir?

«Il y a d'ailleurs un site intéressant, discoverboating.com, où vous dites combien vous avez à dépenser et ils vous trouvent un bateau.»

Tu sembles fatigué, Yves.

«Oui, c'est le dernier jour. Je vais passer la soirée avec les pieds sur un pouf...»

Qu'est-ce que vous devriez savoir de plus sur le Salon du bateau et des sports nautiques?

Selon l'AMQ, le nautisme au Québec connaît un essor fulgurant. Il génère des retombées économiques de 5,8 milliards et compte plus de 2,5 millions d'adeptes.

Voilà.

Je suis parti et je me suis perdu pendant longtemps, à tourner en rond et à revoir les mêmes kiosques, jusqu'à ce que je retombe sur Yves, qui m'a conduit jusqu'à la sortie...