Ce n'est pas parce que nos patrons sont de féroces compétiteurs que nous n'avons pas des sympathies avec des collègues dans les autres médias.

La convergence des médias au Québec représente tout de même un irritant pour un vieux chroniqueur. Si je n'aime pas une émission ou le travail d'un journaliste, il faut considérer, avant de m'exprimer, à quel empire je m'adresse, au risque de passer pour le goon d'un autre empire, même si ce n'est pas le cas du tout.

Il est vrai que certains collègues tiennent ce rôle avec plaisir. Ils veulent plaire à leur grand patron, ils salissent systématiquement l'adversaire pour un oui pour un non et j'ai un peu honte pour eux.

Autrefois, dans le bon vieux temps, la chasse était ouverte partout, la SRC, Quebecor, CKAC, RDS, les Anglos... Le seul risque était de recevoir une riposte bien sentie. D'homme à homme. C'était un peu chevaleresque dans un sens.

Aujourd'hui, il y a des bureaux d'avocats entiers qui vous attendent au tournant.

Tout ça pour vous dire que j'ai des copains et copines à TVA Sports, la nouvelle chaîne sportive, et parfois je sue avec eux. On leur en demande beaucoup.

TVA Sports a été créée pour le retour des Nordiques, mais, en attendant, il faut bien passer le temps. Ça nous donne beaucoup de quilles et de poker, des émissions plutôt vides, des bizarreries sans nom. Il y a bien les Sénateurs d'Ottawa, mais on se fout des Sénateurs d'Ottawa. Il y a du baseball, pour ceux qui aiment encore, du basketball, que je n'aime pas du tout...

L'équipe de journalistes est en place, pleine d'enthousiasme et de talent, mais il va falloir que Dave Morrisette et Enrico Ciccone aillent jouer aux quilles de temps en temps. Tiens, ces deux-là, Dave et Enrico, sont tout à fait charmants, des gars terre-à-terre, pas la grosse tête, mais je n'irai pas jusqu'à les regarder jouer aux quilles.

Vivement les Nordiques!

Lâchez pas, les gars et les filles. Si tout se passe comme prévu, vous en verrez de l'action, vous allez vous amuser ferme et vous aurez des tonnes de téléspectateurs. Il suffit d'être patients. Je vous entends penser, amis lecteurs... quels sont ceux que je n'aime pas et pourquoi?

Peut-être une autre fois.

Les Ultras

On appelle les fans du club El Masry les Ultras, comme ceux de l'Impact, qui se disputent toujours avec la direction du club. Je leur ai déjà suggéré de changer de nom, qu'Ultra fait un peu fasciste, un peu violent, mais ils ne m'ont pas écouté, bien sûr.

Vous avez vu ce qui s'est produit à ce match de football en Égypte, vous avez lu peut-être. Je retiens les spectateurs lancés dans le vide du haut des gradins, entre autres atrocités.

Il a été question de sport et de politique dans cette chronique il y a quelques jours, mais je ne m'attendais pas à une scène aussi terrible. Aujourd'hui, tout le monde blâme tout le monde en Égypte, la police, l'armée, les Ultras, les manifestants de la Place Tahrir, les Frères musulmans... Allez savoir qui profite de ces événements.

Mais il ne faut pas oublier que les Égyptiens n'ont pas le monopole de la folie sportive. Les hooligans anglais avaient des liens avec des groupes d'extrême droite, les Hollandais et les Allemands aussi. Les Serbes, Bosniaques et les Croates ne donnent pas leur place. Et puis il y a tout le continent sud-américain.

En fait, si la tendance se maintient, les Égyptiens vont battre le record de morts à un match de football, 78, établi en 1996 à Guatamala City.

Quant à nos amis de Montréal, avez-vous encore envie de vous appeler les Ultras?

Mononcle Jacques

La dernière fois que je l'ai vu, il s'était fait frapper par une motoneige en pleine course alors qu'il était descendu de la sienne. On lui avait posé des tiges de métal dans les deux jambes, si je me souviens bien.

Je m'étais dit que ça y était, que Jacques Villeneuve le mononcle pouvait se retirer en paix. On se souviendrait de lui comme d'un honnête homme, d'un athlète passionné et courageux, qui nous a fait rire aussi et qu'on aimait bien.

Je ne savais pas qu'il était revenu à la compétition très vite, le temps de subir une autre blessure grave. Et le voilà qui court encore, à 58 ans, contre des jeunots dans la vingtaine, à Valcourt.

«La course, c'est ma vie», a-t-il dit à un collègue.

Une vie qui fait mal.

Photo: Bernard Brault, archives La Presse

Les amateurs de hockey de Québec attendent impatiemment le retour des Nordiques... comme les gens de TVA Sports!