Dimanche, Pauline Marois faisait savoir au Devoir qu'elle «ne partage pas le point de vue de Bernard Drainville» sur la nécessité d'une alliance entre le PQ et les autres formations souverainistes, en particulier Québec solidaire.

Hier après-midi, Mme Marois a effectué un spectaculaire 180 degrés en annonçant son «intérêt» pour une telle alliance, révélant même avoir, avant les Fêtes, «demandé à son équipe d'évaluer plus concrètement les pistes de rapprochement possibles». Il y a, dans ce revirement, en fait dans tout ce qui se passe au PQ ces jours-ci, des signes de panique.

On aurait cru que le sondage Léger Marketing, publié dimanche par les médias de Quebecor, aurait calmé les péquistes. Cette enquête ne révélait-elle pas les premiers indices de la vulnérabilité de la Coalition avenir Québec? Or, dans le contexte d'un gouvernement impopulaire, si les Québécois en venaient à douter de la capacité à gouverner de la CAQ, le Parti québécois ne serait-il pas la seule alternative crédible?

Le même sondage montrait que la performance de Mme Marois venait seulement au troisième rang des raisons pour lesquelles beaucoup de Québécois se sont éloignés du PQ. Trente-et-un pour cent (31%) invoquaient plutôt le fait que la souveraineté n'est plus un enjeu important et 26% les chicanes internes au sein du parti. Si les élus et militants péquistes ne peuvent évidemment pas laisser tomber l'indépendance, ils aideraient puissamment leur parti en arrêtant de se chamailler.

Les plus récentes perturbations ont pour origine le cri du coeur lancé samedi par Bernard Drainville dans les pages du Devoir. Selon le député de Marie-Victorin, le Parti québécois risque de disparaître à moins qu'il ne conclut «une alliance avec Québec solidaire et les autres partis souverainistes et progressistes». Le fait que Mme Marois endosse soudainement cette stratégie, 72 heures après l'avoir rejetée, constitue un effarant aveu de faiblesse. Aveu de faiblesse aussi de la part des députés qui envisagent sérieusement de pactiser avec une formation de la gauche radicale. Quoi, un parti qui compte 44 députés à l'Assemblée nationale, qui a gouverné le Québec pendant la moitié des 40 dernières années, s'acoquinerait avec un parti marginal qui veut «dépasser le capitalisme»? Pauline Marois et Amir Khadir sur la même tribune? On a l'impression d'être sur le pont du Costa Concordia...

Et puis il y a le scénario Gilles Duceppe, l'ancien chef du Bloc laissant maintenant savoir qu'il est disponible. M. Duceppe, qui jouit encore d'un grand capital de sympathie au sein de la population, aiderait sans doute la cause du PQ à court terme. Cependant, aussi habile soit-il, il hériterait du même parti querelleur qui aurait eu raison de Mme Marois (après MM. Landry et Boisclair). M. Duceppe aurait aussi entre les mains la patate bouillante de l'indépendance, un projet politique dont une majorité de Québécois, pour l'instant, ne veut pas entendre parler.