Le but en or de Sidney Crosby aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010 a marqué l'histoire du hockey au Canada. Celui de Mario Lemieux, sur une passe de Wayne Gretzky, pour couronner la victoire finale de 6-5 aux dépens de l'Union soviétique à la Coupe Canada en 1987, tout autant.

Mais aussi beaux et importants que soient ces deux buts, celui qui a permis au Canada de remporter la Série du siècle en 1972 est dans une classe à part.

«Tous les amateurs de hockey au pays ne me connaissent pas personnellement. Mais ils savent tous que Paul Henderson marqué le but victorieux. Et même si cela fera 40 ans l'automne prochain que je l'ai enfilé - le 28 septembre 1972 -, les souvenirs de ce but font partie de mon quotidien et de celui de tous les amateurs de hockey au pays», a lancé avec une fierté non dissimulée Paul Henderson lors d'un entretien avec La Presse plus tôt cette semaine.

Henderson, Yvan Cournoyer - dans les bras de qui il s'était jeté pour célébrer son but - et Vladislav Tretiak, gardien soviétique étendu sur le dos pour les regarder festoyer, seront au Centre Bell ce soir.

Ces trois «héros» feront escale au domicile du Canadien afin de donner le coup d'envoi à la portion québécoise de la tournée pancanadienne du chandail numéro 19 que portait Henderson lors de ce grand duel entre les blocs de l'Est et de l'Ouest.

1,27 million

Cette tournée s'est mise en branle le 28 janvier dernier - date du 68e anniversaire de naissance de Paul Henderson - à Lucknow, en Ontario, où le célèbre hockeyeur a grandi.

Elle est orchestrée par Mitchell Goldhar, qui a payé 1,27 million pour faire l'acquisition du chandail d'Henderson. Ce chandail est au centre d'une collection de souvenirs qui font le tour du pays.

«Le chandail et les souvenirs sont regroupés dans une remorque de 48 pieds qui se transforme en véritable petit musée à l'intérieur duquel nous recevons les amateurs partout où nous faisons escale. Mitch a payé tout ça de sa poche simplement pour perpétuer l'histoire de cette série dans la mémoire collective. Les gens posent des questions, veulent une photo avec le chandail, mais ils me racontent aussi comment ils suivaient la série en famille, comment ils l'ont vécue. C'est toujours plaisant. À Montréal samedi [ce soir], je suis convaincu que je croiserai des amateurs qui faisaient partie du groupe de 3000 fans qui nous avaient accompagnés à Moscou», raconte Henderson, qui portera une fois encore son chandail célèbre. Deux «gardes du corps» le protègent comme s'il était une grande vedette. «Et je l'endosserai pour procéder à la mise en jeu officielle avant le match», a promis Henderson.

Commotion cérébrale

Si Paul Henderson n'avait pas été l'un des quatre joueurs d'Équipe Canada à porter un casque protecteur - Stan Mikita, Red Berenson et Ron Ellis étaient les autres - ou que les règles liées aux commotions cérébrales avaient été aussi strictes en 1972 qu'elles le sont aujourd'hui, l'ailier gauche ne serait pas passé à l'histoire.

«J'ai été victime d'une grosse commotion lors du cinquième match de la série. Le premier en Union soviétique», reconnaît Henderson.

Une commotion qu'il s'est infligée après avoir enfilé un but. «Mon plus beau but en carrière», s'empresse d'ajouter l'ailier gauche. Filant à vive allure, Henderson a déjoué tous ses adversaires avant de faire de même aux dépens de Vladislav Tretiak.

«J'ai perdu l'équilibre en marquant et je me suis écrasé lourdement le dos contre la bande. L'impact a été terrible. La tête a encaissé le gros de l'impact et si pouvez mettre la main sur des photos, vous verrez que j'ai les deux jambes remontées autour de ma tête. Mes orteils ont frappé la bande et je pensais qu'ils sortiraient des patins tellement le choc fut violent.»

Après avoir été examiné par le médecin de l'équipe (Jim Murray), Paul Henderson, victime de trois commotions dans la LNH, s'est fait conseiller deux fois plutôt qu'une de déclarer forfait. La première recommandation est venue du médecin de l'équipe. La deuxième, de l'entraîneur Harry Sinden.

«Nous ne savions pas alors ce que nous savons aujourd'hui. Je me souviens très bien d'avoir répondu à Harry qu'il n'avait pas le droit de me priver du privilège de jouer dans cette série, la plus prestigieuse de l'histoire du hockey. Je suis certainement très heureux qu'il m'ait finalement laissé faire. Car ce but a changé le cours de ma vie», a reconnu Henderson.

Ce but, comme les deux autres buts gagnants inscrits lors des sixième et septième matchs. «Si je n'avais pas marqué lors de ces parties, le huitième match et le but qui est finalement passé à l'histoire n'auraient eu aucune signification.»

Quarante ans plus tard, Henderson passe rarement une journée sans être associé à ce but. «J'ai décidé il y a longtemps de vivre pleinement mon association à ce but. Je ne l'ai jamais regretté. Les gens sont gentils, reconnaissants, toujours positifs. Quand je vais mourir, le nom Paul Henderson sera moins important que la remarque 'Le gars qui a marqué le but gagnant de la Série du siècle' sur ma pierre tombale. Et puis après? Il y a bien pire que ça dans la vie.»

La tournée du chandail de Paul Henderson s'arrêtera au Centre Bell ce samedi 7 janvier. Pour obtenir des renseignements supplémentaires, rendez-vous au www.hendersonjerseytour.com.