Il est beaucoup question du leadership de Pauline Marois ces temps-ci, de ses chances de survie à la tête du Parti québécois, de sa capacité à ramener son parti au pouvoir.

Mme Marois répète à chaque sortie publique qu'elle entend rester et elle a décidé de jouer le tout pour le tout en affirmant que ceux qui ne veulent pas la suivre n'ont qu'à s'en aller.

La décision, vendredi dernier, de repousser le conseil national du PQ en janvier ne fera qu'accentuer la pression sur la chef péquiste.

D'abord, on a clairement l'impression qu'il s'agit d'une manoeuvre pour éviter la contestation publique en plein rassemblement péquiste. En outre, affirmer que ce report est nécessaire pour se concentrer sur l'élection partielle dans Bonaventure, le 5 décembre, a pour effet de braquer les projecteurs sur cette circonscription qui est loin d'être gagnée.

Une victoire dans ce fief libéral permettrait à Mme Marois de respirer plus librement en cette fin de 2011, mais elle risque aussi de transformer cette élection partielle en un référendum sur son leadership, ce dont elle n'a évidemment pas besoin. Au lendemain d'une défaite dans Bonaventure, on imagine déjà la conclusion: le PQ de Pauline Marois est incapable de gagner une circonscription francophone alors que le gouvernement libéral est dans la cave et que la CAQ de François Legault n'a même pas présenté de candidat.

Clairement, Mme Marois a décidé de s'accrocher, mais au sein du mouvement souverainiste, de plus en plus de monde se demande si c'est seulement un problème de «vendeuse» ou, plus profondément, de «produit». Autrement dit, c'est la chef du PQ qui ne passe pas ou l'option qui ne passe plus?

On en parle moins parce qu'il n'y a pas de référendum en vue dans un avenir prévisible, mais les sondages indiquent tous une baisse lente mais constante du «oui» depuis quelque temps. La firme Léger Marketing a même dit la semaine dernière que l'option n'a jamais été aussi basse.

Pourtant, le principal vecteur fédéraliste au Québec, le PLQ, est à plat dans l'opinion publique et le gouvernement fédéral multiplie depuis six mois les points de friction - les affronts, disent même certains - avec le Québec.

Que l'on pense seulement à l'abolition du registre des armes d'épaule, au durcissement des lois contre les jeunes contrevenants, aux nominations d'anglophones unilingues au poste de vérificateur général, à la Cour suprême et comme directeur des communications du premier ministre ou au retour en force de la monarchie dans les institutions canadiennes.

Le gouvernement Harper est aussi en porte-à-faux avec Québec sur une éventuelle réforme du Sénat, sur la nouvelle répartition des sièges à la Chambre des communes et sur la création d'une commission des valeurs mobilières canadienne (la Cour suprême devrait rendre sa décision sur cet enjeu très prochainement).

Malgré la multiplication des différends entre Québec et Ottawa, l'appui à la souveraineté stagne, il diminue même, ce qui inquiète bon nombre de souverainistes à qui j'ai parlé au cours des derniers jours.

«Si ça ne lève pas maintenant, avec un gouvernement comme celui de Stephen Harper à Ottawa, je me demande bien quand ça lèvera de nouveau», a résumé un ancien ministre péquiste, ajoutant que le «problème, ce n'est pas que Pauline Marois».

Le plus lourd boulet du PQ, en ce moment, n'est pas tant sa chef et les querelles internes, mais bien plutôt l'indifférence des Québécois devant la question nationale. Le succès de la Coalition de François Legault en fait la preuve depuis plusieurs mois.

Les adversaires de M. Legault, autant souverainistes que fédéralistes, lui reprochent sa position «entre deux chaises», mais le fait est qu'il est là où se trouve une majorité de Québécois. Un moratoire de 10 ans permet de parler d'autre chose, ce qui est nécessaire, dit M. Legault, sans toutefois balancer définitivement l'option, ce que nous ne pouvons nous résigner à faire.

Il n'y a pas que le mouvement souverainiste qui soit en panne. Les fédéralistes, en particulier les libéraux de Jean Charest, ont perdu tout intérêt pour la question nationale. On est loin de Robert Bourassa, qui tenait à garder un rapport de force devant le fédéral, ou des efforts post-Meech pour sortir de l'impasse.

Dans les négociations fédérales-provinciales, le fric a chassé la Constitution. Québec a réclamé haut et fort l'argent du déséquilibre fiscal et de l'harmonisation des taxes de vente, mais pour le reste, «le fruit n'est pas mûr», répète inlassablement Jean Charest. A-t-on seulement entendu un ténor fédéraliste québécois réclamer la fameuse Charte du fédéralisme promise par Stephen Harper en 2005?

En congrès, le mois dernier à Québec, les militants libéraux n'ont pu débattre, faute de temps, des quelques résolutions touchant les relations Québec-Ottawa-ROC.

Les libéraux y disaient, notamment: «Nous affirmons notre détermination à jouer un rôle actif dans l'évolution de la fédération canadienne et dans la protection du poids du Québec dans les institutions fédérales.»

Il était aussi question d'ingérences fédérales et du pouvoir de dépenser, mais la question nationale arrivait bien loin dans la liste des priorités de ce congrès.

Au moment même où on marque le 30e anniversaire du rapatriement de la Constitution, un constat s'impose: le débat constitutionnel n'intéresse à peu près plus personne au Québec.