Deux matchs ne font pas une saison. Encore moins une carrière. Mais à Toronto jeudi, et plus encore à Winnipeg dimanche, Yannick Weber a effacé, au moins en partie, ses déboires du dernier camp d'entraînement.

De précaire qu'elle était il y a une semaine à peine, la place du défenseur suisse au sein de la brigade défensive du Tricolore s'est grandement solidifiée. S'il s'agit d'une bonne nouvelle pour le jeune arrière, cette promotion représente une moins bonne nouvelle pour le Canadien et ses partisans puisque ce sont les blessures d'Andrei Markov, de Chris Campoli et de Jaroslav Spacek qui l'ont provoquée.

Cela dit, Weber ne s'est pas contenté de simplement faire acte de présence. Il a apporté sa contribution. Son but marqué aux dépens d'Ondrej Pavelec, en avantage numérique à l'aide de son arme de prédilection - sa seule peut-être -, un tir frappé sur réception, a freiné la poussée des Jets qui venaient de s'approcher à un but du Canadien. On peut le décrire comme le tournant de la rencontre, que le Canadien a gagnée 5-1.

Ses trois tirs - il s'est fait voler un autre but par un arrêt de Pavelec avec la portion étroite de son bâton -, ses passes précises en relance et ses deux tirs bloqués lui ont permis de compléter une journée de travail dont il avait grand besoin pour retrouver les faveurs de l'état-major et de bien des partisans qui doutaient de lui.

Price s'impose

L'éveil de Weber a grandement aidé la cause du Canadien. Mais Weber (51), son compatriote Raphael Diaz (2) et Alexei Emelin (1) affichent 54 matchs d'expérience dans la LNH. Ça laisse beaucoup de responsabilités sur les épaules de Hal Gill, P.K. Subban et Josh Gorges. Beaucoup trop!

L'absence de Jaroslav Spacek, blessé aux côtes dimanche, devient donc soudainement lourde à porter. Toute une ironie si l'on considère que le retour du vétéran défenseur était décrié sur plusieurs fronts.

Le Canadien devra jongler avec la possibilité d'ajouter du renfort à la ligne bleue.

Pour l'instant, il n'a pas lancé d'appel à l'aide à Hamilton. À la ligne bleue, du moins. Aaron Palushaj, qui a connu un fort camp, rejoindra l'équipe mardi pour pallier la perte de Michael Cammalleri, lui aussi blessé dimanche.

Les informations sur sa blessure sont encore partielles. On peut toutefois confirmer que Cammalleri a été victime d'une lacération à une jambe. Une blessure grave. Mais le fait qu'aucun muscle ou tendon n'ait été touché lui a permis d'éviter le pire. Cammalleri pourrait rater le match d'ouverture, jeudi, au Centre Bell, contre les Flames de Calgary, mais son absence devrait être de courte durée.

S'il semble risqué de faire confiance aux six défenseurs qu'elle a sous la main, la tenue de Carey Price permet à la direction du Tricolore d'être un brin téméraire.

Solide dans la défaite de 2-0 encaissée à Toronto, solide aussi à Winnipeg où il a réalisé 30 arrêts, Price a stoppé 46 des 49 tirs qu'il a affrontés. Son taux d'efficacité de 93,9% permet au Canadien de ne pas paniquer avec les blessures. Pourvu qu'elles épargnent leur gardien...

Cherry, un personnage rétrograde

Quand mon patron m'a demandé, vendredi, si je voulais réagir à la sortie en règle de Don Cherry, qui s'en est pris à tous ceux - et on commence à être nombreux - qui croient que le temps des coups à la tête et donc des bagarres dans la LNH est révolu, j'ai décliné l'invitation. Pourquoi lui donner plus d'importance qu'il n'en mérite vraiment?

Les derniers jours ont répondu à cette question. Cherry par ici, Cherry par là, Cherry partout.

Pour éviter que ses commentaires rétrogrades freinent l'évolution vers laquelle le hockey patine, il est donc impératif d'élever des barricades pour se protéger des méfaits de ce grand prêtre enlisé dans les courants de la grande noirceur.

Par où commencer? En rappelant que Don Cherry, en plus d'être un personnage rétrograde, est coupable de conflits d'intérêts dans sa quête de préservation de la violence au hockey. Depuis 1989, Don Cherry «immortalise» les coups les plus cochons assénés aux quatre coins de la LNH par l'entremise de la série Rock'em Sock'em, produite par son fils Tim. Vingt-deux «documentaires» totalisant 1348 minutes de mises en échec percutantes et bien souvent dangereuses ou illégales, et des bagarres, après bagarres, que le grand prêtre commente en qualifiant de «beauty». Et le pire, dans tout ça, c'est que la famille Cherry s'est rempli les poches en écoulant pas moins de deux millions d'exemplaires de l'une ou l'autre de ces 22 productions.

Petite misère!

Quant aux propos de Cherry proprement dits, on doit s'accrocher à l'espoir que la société les écartera, comme elle a écarté les envolées de ceux qui s'opposaient, dans un passé pas assez lointain, à l'égalité de l'homme et de la femme, ou qui estimaient que la couleur de la peau dictait l'endroit où les passagers avaient le droit de s'asseoir à bord d'un autobus.

Car n'en déplaise à tous les Don Cherry de la Terre, les femmes ont finalement obtenu le droit de vote et le président qui dort à la Maison-Blanche n'a pas obtenu sa couleur de peau en multipliant des visites au salon de bronzage.

Il y a donc de l'espoir pour le hockey...

Photo: Reuters

La bonne tenue de Carey Price et de Yannick Weber permet au Canadien d'être un peu téméraire avec une brigade défensive peu expérimentée.