Il faut remercier le Parti québécois de ne pas avoir consacré son conseil national, ce week-end, au débat à la mode. Celui concernant d'éventuelles réformes des institutions politiques, censées guérir le cynisme des citoyens, revigorer leur intérêt pour la chose publique et ressusciter leur respect pour les politiciens.

Or, ça n'arrivera pas.

Disposer en hémicycle les sièges des députés, fussent-ils libérés de la ligne du parti, ne guérira rien du tout. Créer une chambre des régions démontrera seulement que le pachyderme étatique n'est bon qu'à enfler et enfler encore. Élire le premier ministre au suffrage universel, ou introduire le scrutin proportionnel, ou éliminer la partisanerie en éliminant les partis (!), n'aura aucun effet mesurable sur le respect envers les élus.

À preuve: nulle part au monde la machine politique ne tourne très bien, même si les mécaniques sont très différentes d'un pays à un autre.

Aussi, il est désolant que l'exercice de réflexion déclenché notamment par la crise au Parti québécois se résume à farfouiller sous le capot de la démocratie. Car le cynisme, le désintérêt, l'irrespect ne sont pas des ratés d'une machine dont il faudrait resserrer les courroies ou changer les pièces. Mais plutôt de détestables créatures de la nature humaine.

Ainsi, aucune structure n'empêchera un élu de se laisser corrompre ou de tolérer la corruption autour de lui. Le cas est plus rare que ne le veut le folklore, mais lorsqu'il advient, il constitue le travail de sape le plus redoutable à l'endroit des institutions démocratiques.

Le militant peut aussi faire du mal. Lorsque le SPQ-libriste Pierre Dubuc accuse François Legault d'être une marionnette du capital canadien-anglais, il laisse entendre qu'un adversaire ne peut pas être mû par la conviction. Or, tout politicien étant l'adversaire d'un autre, on en conclut rapidement que la conviction est introuvable en politique.

Reste... le reste.

C'est-à-dire l'air du temps, vicié par le syndrome du «tout est pourri». Vicié par un automatisme de la critique qui transforme l'espace public, réel et virtuel, en une gigantesque taverne ouverte 24/7 aux râleurs. Vicié ensuite par la perte de toute mesure, les crimes de l'État étant toujours extrêmes et les peines imposées par la «rue», toujours capitales. Vicié enfin par la conviction que l'État doit tout, tout le temps, à tout le monde - étant observable que les pays où sévissent les «indignés» sont souvent ceux où, précisément, l'État s'est ruiné en tentant de les satisfaire...

Pour l'instant, on ne voit pas comment la crise de «structurite» de nos ingénieurs politiques pourra assainir cet air-là.