La vice-première ministre du Québec, Nathalie Normandeau, a annoncé hier qu'elle abandonnait la politique pour relever de nouveaux défis. Mme Normandeau a expliqué qu'après 16 ans de vie publique, elle souhaite maintenant donner priorité à sa vie personnelle. «La vie politique exige qu'on soit disponible 24 heures sur 24, sept jours par semaine, a-t-elle expliqué. J'aspire à plus de liberté, plus de sérénité.»

Aux reporters qui se demandaient si ce départ (qui s'ajoute à celui de Jacques Dupuis l'an dernier) n'était pas révélateur de l'usure du gouvernement, Mme Normandeau a répondu: «Ne cherchez pas d'autres raisons. C'est un choix de vie que je fais.»

Un choix tout à fait respectable. Le premier ministre dit souvent aux membres de son équipe qu'«avant la politique, il y a la vie.» Après des années de travail acharné et d'allers-retours entre la Gaspésie et Québec, Nathalie Normandeau a conclu qu'il était temps de se consacrer à «la vie» tout court.

Pour le gouvernement, il s'agit d'une lourde perte. Depuis la première élection de Mme Normandeau en 1998, les libéraux lui prédisaient un brillant avenir. Chaque fois qu'était évoqué le départ éventuel de Jean Charest, le nom de la députée de Bonaventure faisait tout de suite surface.

Jean Charest n'en a pas pris ombrage, au contraire. Dès la victoire des libéraux en 2003, le nouveau premier ministre la fait entrer au cabinet à titre de ministre déléguée au Développement régional et au Tourisme. Elle n'a que 34 ans. Le test s'avère concluant: en 2005, elle devient ministre des Affaires municipales. Jean Charest est tellement impressionné que deux ans plus tard, il la choisit comme vice-première ministre. En 2009, Mme Normandeau hérite du portefeuille des Ressources naturelles. De plus, le premier ministre lui confie son projet fétiche, le Plan Nord.

Qu'est-ce qui explique cette impressionnante ascension? Nathalie Normandeau est une excellente communicatrice. Elle maîtrise ses dossiers et plaide la cause du gouvernement avec fougue et sincérité. Dans le climat survolté des débats à l'Assemblée nationale, elle excelle. Enfin, M. Charest a souligné hier le talent de la démissionnaire pour créer des consensus.

Cela dit, le parcours de Mme Normandeau n'est pas sans faute. Dans le dossier du gaz de schiste, elle a fait preuve d'un optimisme excessif et mal jaugé l'ampleur de la méfiance populaire. C'est ce qui lui a fait dire qu'«une vache émet plus de CO2 dans l'atmosphère qu'un puits de gaz», une déclaration malhabile qui ne fera qu'accentuer la colère des opposants.

L'an dernier, le décès de Claude Béchard avait fait perdre au Parti libéral du Québec un des meilleurs éléments de sa relève. La démission de Nathalie Normandeau créera un vide politique encore plus grand.