Et hop! Pour la énième fois cette année, l'or a grimpé vendredi à un nouveau sommet historique de 1881$US l'once, soit une flambée de 461$ US depuis le début de l'année.

Malheureusement, la bulle aurifère coule sur le gouvernement canadien comme de l'eau sur le dos d'un huard. Je ne sais pas si la flambée du prix de l'or le laisse indifférent, mais, chose certaine, le gouvernement fédéral n'en bénéficie aucunement puisqu'il a vendu la presque totalité des 1023 tonnes du précieux métal qu'il détenait en 1965... bien longtemps avant la fabuleuse hausse.

Il ne reste dans les coffres de la Banque du Canada que 3,4 tonnes d'or, soit de trois à quatre fois moins qu'au Bangladesh, au Sri Lanka ou au Laos. Ce sont des poussières à comparer aux 8133 tonnes pour les États-Unis, 3401 tonnes pour l'Allemagne, 2452 tonnes pour l'Italie, 2435 tonnes pour la France, 1054 tonnes pour la Chine, 1040 tonnes pour la Suisse, 837 tonnes pour la Russie et 765 tonnes pour le Japon.

Si le Canada avait conservé ses 1023 tonnes d'or, cela garnirait aujourd'hui les réserves de la Banque du Canada d'une valeur de quelque 62 milliards! Au lieu de ce magot, contentons-nous de 204 millions de dollars avec nos 3,4 tonnes d'or.

Comment explique-t-on cette flambée aurifère de quelque 32,5% en huit mois, dont la moitié juste en août? Il n'y a qu'une seule réponse: l'or bénéficie plus que jamais de son statut de valeur refuge devant l'actuelle débandade mondiale des bourses.

Comme on sait, cette violente correction boursière est notamment alimentée par la crise d'endettement sévissant aux États-Unis et dans plusieurs pays européens et de son impact ultra négatif sur l'économie. Non seulement cette autre crise financière freine-t-elle la reprise économique, mais elle risque même, selon certains économistes, de faire retomber les États-Unis et l'Europe en récession...

Devant un tel scénario pessimiste, l'or en barre se positionne malgré lui en valeur refuge au cas où le monde bascule de nouveau dans la misère et que des devises s'écroulent.

Il est vrai que l'or métal est un actif physique, dont la valeur n'est pas adossée à un pays en particulier ou à un émetteur, comme des banques, des maisons de courtage, etc. Maintenant, appelons la flambée du prix de l'or par son nom: c'est une bulle.

À court terme, elle continuera de se gonfler, et ce, tant et aussi longtemps que l'aversion pour le risque perdurera, surtout du côté des dettes souveraines en zone euro et également du côté du lourd endettement du gouvernement américain.

Si les dirigeants politiques américains et européens ne réussissent pas à mater la crise d'endettement avec l'adoption de plans de sauvetage, l'or va poursuivre sa folle ascension. Il faut dire que plusieurs banques centrales, surtout celles des pays émergents (Chine, Inde, Russie, etc.), investissent de façon importante dans l'or afin de diversifier leurs réserves.

Autre facteur non négligeable: plus les banques centrales, comme la Réserve fédérale américaine, se montrent accommodantes en laissant sciemment leurs taux directeurs au plancher, plus cela risque de créer éventuellement des pressions inflationnistes. L'inflation stimule la hausse du prix de l'or, reconnu pour être un placement anti-inflation.

Mise à part la demande provenant des banques centrales émergentes, il y a aussi une forte demande de joaillerie des pays émergents. Des analystes de firmes de courtage voient le prix de l'or franchir la barre des 2500$ US l'once d'ici 2012.

Il y a différentes façons d'investir dans l'or. On peut le faire en acquérant de l'or métal, des bijoux, des actions de sociétés aurifères, des fonds communs d'actions aurifères, des fonds négociés en Bourse comme le iShares S&P/TSX Global Gold Index Fund, etc.

Fait important à noter: les titres des compagnies aurifères n'ont pas suivi la spectaculaire hausse du prix de l'or métal. Cela laisse présager qu'il leur reste un bon potentiel à la hausse...

Le hic? Encore faudra-t-il que la correction boursière se termine et que la bulle du cours de l'or ne se dégonfle pas. Combien valaient-elles, nos 1023 tonnes d'or?