Groupe TVA vient de suspendre son dividende. À vrai dire, c'est une bonne nouvelle, financièrement parlant... pour l'entreprise.

Quand vous êtes en phase de croissance et de développement de projets, comme c'est présentement le cas avec Groupe TVA, une suspension du dividende peut effectivement être pertinente.

La raison en est bien simple: il est financièrement plus rentable pour l'entreprise d'utiliser cette économie de dividende à des fins d'investissement, au lieu de devoir emprunter ladite somme.

Vous allez me dire que la somme en jeu est relativement petite, soit 20 cents par année (5 cents par trimestre). On parle d'une économie de l'ordre de 4,8 millions de dollars pour l'ensemble des actions en circulation. Dans une saine gestion, il n'y a pas de petite» économie.

Remarquez que la société mère de TVA, Quebecor Media, récoltait à elle seule un peu plus de la moitié de ce dividende annuel. L'entreprise détient 51,4 % de toutes les actions de TVA, soit les 4,3 millions d'actions de classe A existantes et 7,9 millions d'actions de classe B. En plus de posséder 99,5% de tous les droits de vote.

Est-ce que cette suspension de dividende va nuire aux actionnaires de Quebecor Media, détenue à hauteur de 54,7% par Quebecor et de 45,3% par CDP Capital d'Amérique, une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec?

Non ! Parce que l'économie du dividende va sans doute permettre à Groupe TVA d'économiser davantage d'argent sur les frais d'emprunt à des fins d'investissement. Pour les prochains mois, Groupe TVA suspend également son programme de rachat d'une portion de ses actions en circulation, préférant investir ses liquidités dans ses projets.

«Le lancement de nos deux nouveaux services spécialisés, SUN News et Mlle, confirme notre stratégie d'investissement dans le contenu et le lancement de nouvelles chaînes afin de faire face aux changements rapides de notre industrie et ainsi profiter des occasions. De plus, durant le dernier trimestre, nous avons annoncé la mise sur pied et le lancement pour le mois de septembre 2011 de notre nouveau service spécialisé TVA Sports. Ces nouveaux services permettront à Groupe TVA d'accroître ses parts de marché consolidées de la télévision au cours des prochaines années. Également, au cours du dernier trimestre, le Réseau TVA a connu une croissance de ses revenus publicitaires de 9,6%, ceux de nos services spécialisés ont crû de 27,7% tandis que les revenus d'abonnement connaissaient une croissance de 13,4%. Ces croissances de revenus nous permettent de poursuivre notre stratégie d'investissement tout en réduisant les impacts à court terme sur nos résultats», a précisé Pierre Dion, président et chef de la direction de Groupe TVA.

Par ailleurs, cette suspension du dividende pourrait déplaire aux actionnaires minoritaires de TVA, dont les plus importants sont des gestionnaires de fonds : Jarislowsky Fraser (4,2 millions d'actions), Fidelity Management (2 millions), Chou Associates (733 128 actions), TD Asset Management (181 025 actions) et IG Investment Management (149 549 actions). Le reste des actions sans droit de vote (4,3 millions) sont entre les mains d'une panoplie de petits investisseurs.

Mais comme ce sont d'importants fonds qui détiennent la majorité des actions des actionnaires minoritaires, cela devrait procurer au titre une protection certaine à la baisse. Du moins par rapport au faible prix actuel du titre (TVA.B), soit 10,80$. Ces importants fonds rêvent vraisemblablement à une hypothétique fermeture du capital, advenant que Quebecor Media se décide, dans «x» années, de racheter toutes les actions de TVA.B en circulation. Ce qui ferait grimper le titre... Notez que le titre se négocie présentement sous sa valeur comptable de 12,92$, selon RBC Capital Markets.

On parle quand même ici de l'entreprise médiatique qui domine largement le marché de la télévision québécoise, grâce notamment à des locomotives comme Star Académie, Le banquier, Yamaska, Toute la vérité, Salut, Bonjour!, TVA Nouvelles, etc. La société domine aussi le marché de l'édition avec entre autres ses magazines Le Lundi, 7 Jours, TV Hebdo, Échos Vedettes, Chez soi, Clin d'oeil, Moi et cie, etc.

Groupe TVA est de surcroît rentable (et appelé à le devenir davantage) et plein d'initiative avec ses projets, ses lancements de nouvelles chaînes (Mlle, TVA Sports, Sun News, etc.) et ses autres réseaux spécialisés.

Au prix actuel de 10,80$ l'action, TVA se négocie à seulement à 6,25 fois les bénéfices anticipés en 2011 par le service de recherche de RBC Capital Markets. À peine quatre firmes de courtage suivent encore Groupe TVA, comparativement à 14 firmes pour le principal actionnaire, Quebecor.

Des quatre maisons de courtage, seule RBC Capital Markets en recommande l'achat, avec un prix cible pour les 12 prochains mois de 17,00$. Les firmes CIBC World Markets et Cormark Securities recommandent de le conserver, avec un prix cible de 16,00$.

Financière Banque Nationale classe TVA dans ses titres à vendre, mais avec un prix cible de 12,50$. Quand même intéressant comme prix cible!

En mai dernier, le titre de TVA a touché son haut des 52 dernières semaines, à 14,88$. Il y a quatre ans, il avait touché un haut de 17,65$ (juin 2007). La crise financière mondiale l'avait fait tomber par la suite à un creux de 4,45$, au début de janvier 2009.