Ce soir et demain, Montréal accueillera dans un «stade» sorti de terre pour l'occasion l'événement rock probablement le plus gigantesque, et en même temps le plus sophistiqué, qui ait été monté de ce côté-ci de la Voie lactée depuis l'invention des guitares Fender!

Ce soir et demain, Montréal accueillera dans un «stade» sorti de terre pour l'occasion l'événement rock probablement le plus gigantesque, et en même temps le plus sophistiqué, qui ait été monté de ce côté-ci de la Voie lactée depuis l'invention des guitares Fender!

Il s'agit évidemment du groupe U2, qui se produit deux fois à Montréal dans le cadre d'une tournée de plus de 100 prestations partout dans le monde.

On parle bel et bien d'un événement, puisqu'on ne saurait réduire la chose à de simples concerts. Tout le monde a entendu parler, en effet, de la débauche logistique impliquée: les 4 millions de dollars qu'il a fallu pour l'aménagement ou l'écran vidéo de 500 000 pixels... Depuis que Pink Floyd a imposé la démesure avec des éclairages cosmiques et une sonorisation quadriphonique, il y a 40 ans, il faut en ce domaine toujours penser big, bigger, biggest!

En outre, amener ce pachyderme culturel sur l'île est en soi une formidable entreprise.

Depuis quelques années, on le sait, Montréal n'est plus une ville en très bon état de marche: elle se compare, justement, à une guitare dont deux des six cordes seraient cassées... Entre autres, il faut craindre la quadruple migration, aller et retour sur deux soirs, des 160 000 personnes qui verront U2 en bordure de l'autoroute Décarie, entre l'échangeur Turcot et le Métropolitain!

Chose sûre, quiconque songe sérieusement à se rendre là en voiture n'a pas mis les pieds à Montréal depuis que les Beatles ont chanté au Forum.

* * *

Cela dit, l'événement U2 n'est pas qu'un gros gadget destiné à jeter de la poudre aux yeux.

Dans le merveilleux monde de la musique populaire, presque tous les praticiens naissent et meurent à une vitesse fulgurante. L'étoile finit la plupart du temps en trou noir. Très peu de créateurs, chanteurs, musiciens inventent réellement quelque chose, posent des jalons, font accéder ne serait-ce qu'une toute petite partie de leur oeuvre à l'éternité.

Le groupe U2 est de ceux-là.

Le groupe a inventé un son qui n'existait pas avant lui, fait d'une humeur irlandaise dans le rythme et dans certaines mélodies. De la guitare de The Edge, qui hypnotise et s'incruste. De l'émouvante urgence dans la voix de Bono - ce demi-dieu poussé vers l'activisme des bonnes causes, ce qui, il faut tout de même le dire, ne réussit à peu près jamais à un artiste.

Mais peu importe. Ce soir et demain, à l'Hippodrome, Bono ne prêchera pas, il va chanter.

Dix contre un que ce sera génial.