Le maire Régis Labeaume a décidé d'appliquer sa méthode - celle d'une poigne plus ou moins napoléonienne - aux festivités prévues dans le cadre de la Fête nationale, ce soir, sur les plaines d'Abraham et ailleurs dans la Haute-Ville de Québec.

La force policière, enrichie d'une escouade d'agents de firmes privées, sera plus considérable, plus visible et plus interventionniste. La consommation d'alcool sera encadrée avec rigueur, bien qu'il subsiste un certain flou sur la façon dont cette intention sera mise en pratique. Les quatre principaux sites de spectacles seront bouclés, accessibles par des postes de contrôle. Des corridors de sécurité destinés aux véhicules d'urgence seront balisés dans le Vieux-Québec et son pourtour.

Depuis plusieurs jours déjà, l'affaire fait grand bruit dans la Vieille Capitale.

Outre quelques escarmouches entre l'hôtel de ville et le syndicat des policiers (privés en cette occasion de vacances et de congés), certains ont dit craindre que le souci sécuritaire gâche l'esprit festif et provoque des affrontements.

Pourtant, que ça plaise ou non, il était devenu urgent de faire quelque chose.

Chaque année, la Fête nationale fait descendre 200 000 personnes dans les rues de Québec. L'an dernier, deux agressions au couteau ont été signalées; une trentaine d'arrestations et plus de 750 interventions de sécurité ou de secours ont été effectuées. Plus généralement, ces festivités sont depuis longtemps marquées par d'incontrôlables beuveries. (Pour affronter cela, des policiers de Québec iront étudier... l'Oktoberfest de Munich, où il coule sept millions de litres de bière en 15 jours! Iglou, iglou...)

Bref, on sent à Québec un ras-le-bol généralisé, peut-être aggravé par les récentes émeutes de la Coupe Stanley à Vancouver, dont les images dégoûtantes ont fait le tour du monde et semé l'inquiétude.

Tout cela suffirait à justifier l'initiative du maire Labeaume qui, dans une vidéo devenue virale, se défend bien d'être ti-mon-onc'! Et même s'il l'était? Il ne suggère rien d'extravagant: le bouclage des emplacements et le contrôle de l'alcool sont depuis longtemps courants dans tous les festivals majeurs.

L'enjeu n'est pas insignifiant. Que son prétexte soit politique, sportif ou festif, en effet, la violence de rue finit invariablement par détruire l'événement qu'elle parasite.

Ainsi, la folie destructrice devenue incontournable lors de tout sommet politique a depuis longtemps enlevé toute signification à la contestation. Des troubles comme ceux de Vancouver (c'est arrivé aussi à Montréal) détruisent l'image de notre sport national. Après cela, il serait catastrophique que la fête célébrant la fierté des Québécois finisse par être, à Québec même, un objet de honte et d'embarras!

Peut-être est-ce un concept difficile à saisir lorsqu'on a 20 ans et qu'on est fin saoul. C'est pour cette raison que les ti-mon-onc' ont été inventés.