Cela fait une quinzaine d'années que le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) défend farouchement les intérêts des petits investisseurs. S'il y a un organisme qui joue un rôle majeur dans l'éducation des investisseurs et la promotion d'une saine gouvernance au sein des entreprises, c'est bien le MEDAC.

Malgré ses faibles moyens financiers, le MEDAC a mené des luttes de titan contre l'exploitation des épargnants dans le monde de la finance. Que les bonzes des entreprises inscrites en Bourse voient d'un mauvais oeil le travail du MEDAC, cela est de bonne guerre. Mais que l'Autorité des marchés financiers (AMF) décide de couper dramatiquement les vivres au MEDAC, là, c'est de très mauvais augure pour la protection des petits investisseurs.

À peine vient-il de remplacer Jean St-Gelais à la tête de l'Autorité des marchés financiers (AMF) que déjà le nouveau président, Mario Albert, se retrouve aux prises avec, selon moi, une très mauvaise décision financière qui risque de tuer le MEDAC.

Mis sur pied en 1995 par le Robin des banques, Yves Michaud, et aujourd'hui sous la férule de l'ancien président de Desjardins, le réputé Claude Béland, le MEDAC est victime d'une coupe de 105 000$ sur les 125 000$ que l'AMF lui avait versés l'année précédente. Le MEDAC voit ainsi son budget annuel amputé de 50%, et son programme éducatif de 80%.

Le gros de la subvention annuelle de l'AMF, soit 100 000$ sur 125 000$, servait à financer le programme de formation Passeport MEDAC. Il s'agit d'un cours créé et donné en partenariat avec l'École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal.

Lancé en 2007, Passeport MEDAC a pour objectif d'initier les petits investisseurs au fonctionnement des marchés financiers. Un programme de formation grandement apprécié des investisseurs.

Par courriel, j'ai demandé au grand patron de l'AMF, Mario Albert, s'il avait des reproches à faire aux actions menées depuis 15 ans par le MEDAC. Si oui, lesquels?

Voici la réponse qu'il m'a fait suivre par l'entremise de son porte-parole, Sylvain Théberge.

«L'Autorité des marchés financiers n'a aucun reproche à formuler à l'endroit des actions menées par le MEDAC depuis 15 ans et a d'ailleurs toujours soutenu le MEDAC dans la réalisation de sa mission.

«En ce qui a trait au projet Passeport MEDAC, cela fait depuis 2008 que l'Autorité incite le MEDAC à renouveler sa formule, à augmenter graduellement son autofinancement et à trouver d'autres partenaires. Devant l'absence de renouvellement de ce projet, le comité d'évaluation du Fonds pour l'éducation et de la saine gouvernance a décidé de ne pas le retenir cette année.

«L'Autorité a d'autre part avisé le MEDAC que tout projet innovateur qu'il pourrait présenter et qui renouvellerait la formule actuelle du Passeport MEDAC serait analysé à sa juste valeur par le Fonds.»

Il est par ailleurs fort étonnant de constater que les raisons évoquées par M. Albert pour rejeter la demande de subvention de Passeport MEDAC viennent contredire l'hommage que l'AMF avait récemment rendu à ce même projet de formation.

Lors de la «Journée éducation» du 5 avril dernier, organisée par l'AMF, affirme Normand Caron du MEDAC, la principale gestionnaire du Fonds pour l'éducation et la saine gouvernance de l'AMF, Julie Lemieux, a fait une élogieuse présentation où elle a mis en valeur les réalisations, et surtout les impacts extrêmement positifs du programme Passeport MEDAC sur les petits investisseurs formés. La base de ces données a été puisée dans les résultats d'un sondage Léger Marketing réalisé en juillet 2009 par le MEDAC auprès des 500 premiers participants à la formation.

Lors de cette «Journée d'éducation», M. Caron était accompagné de Fernand Daoust (vice-président du MEDAC) et de Louise Champoux-Paillé (secrétaire). «Il y avait environ 75 personnes présentes, dit-il, dont le PDG de l'AMF (Mario Albert) et le ministre délégué aux Finances et responsable de l'AMF, Alain Paquet.»

Quelle contradiction. D'une part, l'AMF reconnaît l'impact majeur du Passeport MEDAC à titre d'éducation financière, et d'autre part, elle refuse de continuer à le financer sous prétexte d'un manque de renouvellement.

À la place de M. Albert et du ministre Paquet (qui appuie cette coupe de 100 000$), je me garderais une petite gêne avant de décrier le Passeport MEDAC!