S'il y a un marché qui risque de connaître des ratés, c'est bien celui des obligations négociables, dont la taille mondiale s'élève, selon Merrill Lynch, à quelque 67 000 milliards US. En effet, le marché obligataire devrait traverser au cours des prochaines années une période difficile en raison de la hausse des taux d'intérêt partout dans le monde.

Qu'à cela ne tienne, un consortium de maisons de courtage vient de lancer le premier appel public à l'épargne d'un nouveau fonds d'obligations mondiales à rendement élevé, le Fonds d'occasion de revenu stratégique Manuvie. On souhaite nous en vendre pour 100 millions de dollars.

Vous aurez deviné que ledit fonds fait partie de la famille Investissements Manuvie. Le portefeuille de ce nouveau fonds sera dans les faits largement inspiré d'un fonds qui existe depuis cinq ans et demi et qui porte le même nom ou presque, le «Fonds à revenu stratégique Manuvie», surnommé le Fonds RSM.

Le Fonds RSM affiche au 31 mars 2011 une performance digne de mention: 9,05% sur 1 an; 10,92% sur 3 ans; et 8,35% sur 5 ans.

Pourquoi lance-t-on un nouveau fonds alors qu'on peut déjà investir dans l'original? C'est vraisemblablement dans le dessein de mousser la vente de parts auprès des investisseurs en vue de récolter... des revenus additionnels de commissions et de frais de gestion.

Mais ce n'est pas seulement une opération de marketing, car le nouveau fonds renferme quelques différences susceptibles d'attirer et de convaincre les investisseurs qui sont à la recherche de rendement élevé.

Quelles sont-elles, ces différences?

1- On nous promet un revenu annuel fiscalement avantageux de 6,5%, et ce, par l'entremise de distributions mensuelles composées de remboursement du capital et de gains en capital.

2- Bien qu'ils emploieront la même stratégie de placement que celle utilisée pour gérer le Fonds à revenu stratégique existant, les gestionnaires du nouveau fonds utiliseront des produits dérivés afin de «gérer activement son risque de change dans le but à la fois de protéger et d'améliorer» les rendements du portefeuille. On parle d'une exposition à effet de levier à hauteur de 25% de la valeur du portefeuille.

3- Le nouveau fonds pourrait détenir des titres dont la cote de crédit est en dessous de celle des titres de première qualité.

4- Les gestionnaires pourraient vendre des titres à découvert jusqu'à concurrence de 20% de la valeur liquidative du fonds afin, disent-ils, de couvrir le risque d'intérêt.

Pour convaincre les investisseurs d'acquérir des parts, on leur fait valoir dans le prospectus que les gestionnaires ont deux objectifs fondamentaux en tête: la protection du capital et la possibilité d'encaisser une plus-value à long terme.

Les maisons de courtage du consortium financier chargé de la vente de ce premier appel public à l'épargne sont RBC Marchés des Capitaux, CIBC Wood Gundy, BMO Marchés des capitaux, Placements Manuvie Incorporée, Scotia Capitaux Inc., Valeurs mobilières TD Inc., GMP Securities L.P., Valeurs mobilières HSBC (Canada) Inc., Financière Banque Nationale Inc., Corporation Canaccord Genuity, Mackie Research Capital Corporation, Raymond James Ltd. et Wellington West Capital Markets Inc.

Les parts du Fonds d'occasion de revenu stratégique Manuvie sont vendues à 10$ l'unité. L'achat minimal est de 100 parts, soit 1000$.

Une mise en garde, en terminant. Ce nouveau fonds s'adresse à des gens qui ont une tolérance au risque passablement élevée. Pourquoi? Parce que l'actif du portefeuille est grandement concentré dans les obligations de sociétés et les marchés des pays émergents.

Il offre certes un gros potentiel de rendement, mais... à risques élevés.