L'or, l'argent et le pétrole viennent de connaître une semaine difficile. Que faire avec les titres de ces ressources? Faut-il en sortir ou y voir une occasion d'achat?

L'assassinat de Ben Laden, l'ennemi numéro 1 des États-Unis, a eu pour effet de réduire considérablement l'omniprésente tension qu'il exerçait non seulement sur les États-Unis mais également sur le monde entier. Comme si sa mort allait mettre fin aux actes terroristes... Et partant de là, des investisseurs se disent qu'ils ont moins besoin de se protéger le portefeuille en misant sur de telles ressources.

Le recul de l'or, de l'argent et du pétrole était largement mérité. Non pas à cause de la mort de Ben Laden mais plutôt en raison de la hausse spectaculaire de leurs prix respectifs.

Rappel de circonstance: l'or a grimpé de 74% depuis 2009, le prix de l'argent a explosé de 267%, et le pétrole de 62,6%

Après une telle appréciation, convenons que ça méritait une correction à la baisse. Et les gros spéculateurs ont trouvé que la mort de Ben Laden représentait une belle occasion pour déclencher une telle correction.

Chose certaine, les promoteurs du premier appel public à l'épargne du Fonds de revenu de ressources stratégiques Canoe, eux, restent optimistes. Vous allez me dire: on sait bien, ils n'ont pas le choix de rester optimistes puisqu'ils ne veulent pas apeurer les investisseurs potentiels.

Peut-être que vous avez raison d'être méfiant... Par contre, je trouve que l'analyse du marché des ressources stratégiques élaborée dans le prospectus s'avère drôlement convaincante.

Le spécialiste Robert Haber, ex-chef des placements chez Fidelity Canada avant de créer sa propre firme de conseillers, prévoit que la demande pour certaines ressources stratégiques (or, argent, cuivre, pétrole, gaz naturel, agriculture) va continuer d'augmenter sous l'effet de la croissance des marchés en développement et émergents, comme le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine. «Plus particulièrement, la croissance démographique, l'urbanisation et l'industrialisation de ces marchés ainsi que les changements apportés aux politiques monétaires des gouvernements partout dans le monde sont les principaux facteurs qui soutiennent cette attente.»

Sur quoi se base-t-il pour affirmer cela? Il a constaté que les produits de base affichent de longs cycles de prix depuis les 50 dernières années.

Voici les principales conclusions de son analyse. «La dernière grande période haussière des prix a été enregistrée dans les années 1970 et 1980 et elle était attribuable à plusieurs forces d'impulsion qui caractérisent actuellement le marché, notamment l'inflation, l'instabilité géopolitique et l'insuffisance des infrastructures d'approvisionnement. Au cours de la dernière envolée des prix des produits de base, le monde subissait des pressions inflationnistes importantes, comme aux États-Unis où les taux d'intérêt avaient grimpé jusqu'à 15%, l'instabilité géopolitique s'était accentuée avec la révolution en Iran et l'infrastructure mondiale de production des ressources stratégiques était incapable de soutenir la demande supplémentaire.»

Ainsi, M. Haber pense que la conjoncture mondiale actuelle est très similaire à cette précédente période haussière. Les programmes de relance fiscale lancés par les banques centrales du monde entier exerceront un moment donné de fortes pressions sur l'inflation et les taux d'intérêt. Les tensions au Moyen-Orient et les diverses révolutions dans le monde arabe «aggravent les frictions géopolitiques et jouent» sur le prix des ressources stratégiques.

Outre ces facteurs, il y a aussi les baisses de réserves de certaines ressources stratégiques attribuables à la croissance marquée de la demande mondiale qui jouent en faveur du long cycle de prix des ressources à la hausse. La croissance mondiale de la population, l'urbanisation et l'industrialisation des pays émergents risquent de créer un déséquilibre croissant entre l'offre et la demande pour ces ressources.

De là les pressions à la hausse sur les prix des ressources.

La demande de pétrole brut grimpera en raison du nombre grandissant des véhicules sur la route, des réseaux de transport en expansion et de la demande pour les dérivés du pétrole (comme le plastique) dans les marchés émergents et en développement.

Le gaz naturel comme carburant pour le transport créera exercera une pression sur les prix. À la suite de la récente catastrophe nucléaire au Japon, on s'attend à une nouvelle demande pour les centrales alimentées au gaz naturel.

L'agriculture bénéficiera de l'augmentation de la population dans les économies en développement.

Composante essentielle de la construction résidentielle et non résidentielle et de la fabrication d'appareils électroménagers et de véhicules, le cuivre verra croître sa demande.

Pour leur part, l'or et l'argent continueront de jouer un rôle de valeur de refuge auprès des investisseurs. En plus de répondre à la demande industrielle.

FASCICULES FINANCES PERSONNELLES

Avec la collaboration de mes collègues Marc Tison (La Presse) et Louis Tanguay (Le Soleil), nous lançons une nouvelle série de cinq fascicules sur les finances personnelles, dont le premier numéro (Gérez vos avoirs) est publié aujourd'hui même, samedi 7 mai. Les autres numéros seront publiés lors des quatre prochains samedis: Choisissez vos placements (14 mai), Investissez en Bourse (21 mai), Réduisez vos impôts (28 mai) et Protégez votre patrimoine, le 4 juin.

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