L'économie américaine crée de plus en plus d'emplois. Et ce sont surtout les pme et les agriculteurs qui embauchent.

Sur les quelque 8,7 millions d'emplois qui ont été perdus durant la crise financière 2008-2009, les États-Unis en ont regagné 1,5 million depuis un an.

Pour des millions d'Américains encore en chômage, il y a donc de l'espoir: la plus grande économie de la planète crée enfin des emplois à un rythme respectable. Et les plus futés savent à quelle porte frapper pour améliorer leurs chances de trouver un boulot.

Ce sont les petites entreprises, et non les multinationales, qui embauchent le plus ces temps-ci, confirme une étude.

Depuis le début de l'année, les pme (moins de 500 employés) ont créé presque 3 fois plus d'emplois qu'elles ne le faisaient l'an dernier, en ajoutant en moyenne 188 000 nouveaux noms par mois dans leur livre de paie. Cela se compare à une moyenne mensuelle de 68 500 embauches en 2010, selon Automatic Data Processing (ADP).

Les pme ont donc pris en charge la reprise américaine.

«Il y a encore beaucoup d'incertitude. Mais les conditions (du marché du travail) sont nettement meilleures», dit l'économiste Raymond Keating, du Small Business Entrepreneurship Council, lobby représentant des milliers d'entrepreneurs aux États-Unis.

Les grands attendent

Entre-temps, les grandes entreprises américaines (plus de 500 employés) font beaucoup parler d'elles ces temps-ci, avec des profits records pour plusieurs d'entre elles, mais elles ne sont pas pressées d'embaucher.

Elles n'ont créé que 11 300 emplois par mois jusqu'ici en 2011, contre une moyenne de 3400 l'an dernier. C'est presque 18 fois moins que la contribution des pme.

En fait, les multinationales sont fidèles à elles-mêmes: au terme d'une récession, elles n'embauchent généralement de façon significative que plusieurs mois après les pme.

Selon les experts, plusieurs facteurs contribuent à la nouvelle confiance des petits employeurs, dont la consommation américaine en hausse, la reprise des exportations à la faveur d'un billet vert affaibli, mais aussi un meilleur accès au crédit.

Ce dernier élément marque un changement important. Elizabeth Duke, gouverneure de la Réserve fédérale (Fed), a déclaré il y a quelques jours que «la disponibilité du crédit pour les petites entreprises s'améliore progressivement».

Le vent a commencé à tourner à la fin de 2010: les banques américaines ont accordé un record de 9,1 milliards US de prêts aux pme au dernier trimestre, selon The Wall Street Journal, en vertu d'un programme fédéral bonifié par le président Barack Obama.

Il s'agit d'un tournant majeur, car jusque-là, une mince tranche des centaines de milliards injectés par la Fed pour requinquer l'économie avait abouti dans les coffres des pme. En se rendant à la banque, les entrepreneurs américains ont maintenant espoir d'obtenir un prêt pour acheter de la machinerie ou financer un projet d'expansion.

Les pme jouent un rôle essentiel pour l'économie, car elles sont responsables d'environ la moitié des emplois du secteur privé aux États-Unis.

On bosse à la campagne

Pendant ce temps, un secteur souvent négligé de l'économie - l'agriculture - montre une vigueur peu habituelle qui se traduit également par des embauches.

En Californie, État où le chômage reste élevé (12,3%), les fermiers sont en train d'ensemencer des milliers d'acres de terrains longtemps laissés à l'abandon.

L'élément déclencheur de cet élan: une forte hausse des prix des céréales qui les incite à accroître leur production; mais aussi, les pluies abondantes cet hiver ont renfloué les réservoirs californiens, qui peuvent maintenant irriguer les champs après trois ans de sécheresse.

Selon le département de l'Agriculture, les plantations de coton augmenteront de 26% cette année en Californie, et on attend des hausses de 18% et 36% respectivement dans le blé et l'orge.

Dans cette foulée, les agriculteurs vont embaucher des milliers de travailleurs. L'emploi a déjà augmenté de 2,3% dans le secteur agricole en Californie en mars, mais des régions rapportent des hausses de 20% ou plus. Et tout le monde en profite: les ventes de camions et de machinerie agricole augmentent (le géant Caterpillar vient d'annoncer des ventes records), les restos dans les villages se remplissent, etc.

En somme, le marché du travail se remet en marche. Les grandes entreprises font beaucoup de bruit ces temps-ci avec leurs profits pétaradants. Mais aux États-Unis, comme ailleurs, ce sont les petits moteurs qui font tourner l'économie.