À la fin de 2008, la Caisse de dépôt et placement du Québec détenait dans son gigantesque portefeuille un bloc de 7,4 millions d'actions de BCE, la plus importante société de télécommunications canadienne, dont le siège social est à Montréal. Valeur de ce bloc: 186 millions de dollars, soit autour de 25 $ l'action.

Si elle l'avait conservé, ce bloc vaudrait aujourd'hui quelque 261 millions (35,30$ l'action). On parle d'un bloc d'actions qui aurait rapporté quelque 50% de rendement, en tenant compte du généreux dividende (5,6%) de l'entreprise.

La liquidation massive des actions de BCE coïncide avec l'arrivée de l'ancien PDG de BCE, Michael Sabia, à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec. On parle ici d'une liquidation à rabais par rapport au cours de l'action d'aujourd'hui.

Un rappel des faits. Début mars 2009, Michael Sabia, devient président et chef de la direction de la Caisse. Six mois plus tard, la Caisse avait déjà largué plus de la moitié de ce bloc de 7,4 millions d'actions de BCE, celui-ci tombant à seulement à 3,3 millions.

Fin 2009, la Caisse ne détient plus que 2,7 millions d'actions de BCE. Le reste de la liquidation se poursuit de plus belle jusqu'à la fin de juin 2010. Au 31 décembre dernier, la position de la Caisse dans BCE se limitait à 52 000 actions, pour une valeur boursière de 1,8 million de dollars. Cela équivaut à la même position que celle détenue par la Caisse dans ses actions de la Telecom Egypt!

J'ai demandé à la Caisse si elle avait un commentaire à formuler sur cette coïncidence entre l'arrivée de l'ancien grand patron de BCE à la tête de la Caisse et la liquidation des actions de son ancien employeur.

Réponse du porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon: «Pure coïncidence, qui ne signifie aucunement l'association» que je semble, dit-il, lui suggérer. «La Caisse, ajoute-t-il, gère activement ses titres, dans le seul intérêt de ses clients, les déposants.»

Pas sûr que la liquidation à rabais de BCE était dans l'intérêt des déposants!

Dans le cadre de la gestion active de ses portefeuilles, le porte-parole de la Caisse a tenu à me rappeler que le nombre d'actions varient beaucoup d'une année à l'autre. Il a insisté sur le fait que la Caisse avait déjà détenu un bloc de 17 millions d'actions de BCE en 2001, pour ensuite le réduire jusqu'à 0 le 31 décembre 2006.

Ne mélangeons pas les années et les présidents de la Caisse. Le problème soulevé par la liquidation de BCE sous le règne de Michael Sabia? Elle a été réalisée au moment où l'action se négociait à rabais...

Alors que M. Sabia prône la présence des entreprises québécoises dans le portefeuille de la Caisse, comment peut-on justifier que la Caisse ne détienne plus d'actions ou presque de BCE, l'un des rares géants de la Bourse à avoir son siège social au Québec?

Dans les deux derniers rapports annuels, Michael Sabia et son équipe mettent beaucoup d'emphase sur l'importance de la contribution de la Caisse au développement économique du Québec. Et dans le dernier rapport, on vante les réalisations de la Caisse au Québec.

Comment ces déclarations se sont-elles matérialisées?

En 2008, à la fin du règne du précédent PDG de la Caisse, Henri-Paul Rousseau, la valeur des actifs détenus au Québec représentait 27,8% de l'actif net total sous gestion. On parle ici d'une somme de 33,4 milliards par rapport à un actif total de 120,1 milliards.

En 2009, le Québec perdait du poids, la proportion baissant à 25,45%. La valeur de l'actif «québécois» affichait une valeur quasi similaire (33,5 milliards) alors que l'actif total augmentait à 131,6 milliards.

En 2010, le poids du Québec dans la Caisse allait de nouveau diminuer en termes de proportion. Il est tombé à 24,1% de l'ensemble de l'actif net. Alors que l'actif Québec augmentait à 36,5 milliards, l'actif total, lui, augmentait davantage et passait à 151,7 milliards.

Pour sa défense, la direction de la Caisse a beau jeu en faisant valoir que son actif québécois s'est tout de même apprécié de 3 milliards.

Je lui rappellerai à cette fin qu'en 2007, sous Henri-Paul Rousseau, le Québec comptait pour 25,1% de l'actif total de la Caisse avec une valeur de 39 milliards, à comparer à un actif net total de 155,4 milliards.

Message à l'équipe Sabia: il est grandement temps que le Québec regagne du poids dans la Caisse.

À PROPOS DES IMPÔTS

Comme vous savez, Revenu Canada et Revenu Québec nous donnent un délai de deux jours additionnels pour produire nos déclarations de revenus, soit jusqu'à minuit, lundi prochain 2 mai.

Alors que Revenu Canada accordait le même délai (jusqu'au 2 mai) pour le paiement du solde impayé de l'impôt fédéral, Revenu Québec faisait bande à part en obligeant les contribuables à verser leur solde impayé au plus tard aujourd'hui, 30 avril. Comme la plupart des bureaux de poste sont fermés aujourd'hui, les bonzes de Revenu Québec ont finalement compris que ce n'était pas une bonne idée de jouer à la société distincte dans ce cas-ci. Voilà pourquoi, Revenu Québec emboîte le pas fédéral et nous accorde le même délai jusqu'à lundi minuit pour produire notre déclaration et verser notre paiement.