Il y a encore de l'espoir. L'humanité ne retournera pas nécessairement dans les cavernes au cours du millénaire. La Ligue nationale a donc suspendu Matt Cooke, des Penguins de Pittsburgh, pour le reste de la saison régulière et pour la première ronde des séries éliminatoires.

J'ai écrit la Ligue nationale et non Colin Campbell et c'est volontaire. Parce que je suis convaincu que cette suspension enfin sévère est la décision des vrais dirigeants de la Ligue nationale, Gary Bettman et Bill Daly. C'est une décision politique et c'est très bien ainsi puisqu'on vient d'établir un précédent.

C'est évident que la cible était parfaite. Matt Cooke était un prédateur qui a posé des gestes insensés et ignobles sur les patinoires de la Ligue nationale. C'est lui qui a tenté de tuer Marc Savard et qui compte le plus de victimes de commotion cérébrale dans la Ligue nationale au cours des dernières années. Il avait déjà été suspendu à quelques reprises et donc ça autorisait une plus grande sévérité.

Il y a plus. Matt Cooke ne pouvait être protégé par son grand patron Mario Lemieux ni même par Ray Shero, le DG de l'équipe. Les deux avaient blâmé la LNH parce qu'elle n'était pas assez sévère pour punir les attaques à la tête des joueurs.

Encore plus, les propres coéquipiers de Cooke ont trouvé que son geste lors du match Pittsburgh-New York avait été irréfléchi, imbécile et égoïste. Il a sans doute coûté le match aux Penguins et a souverainement déplu aux joueurs de l'équipe qui sont conscients que ce sont les Matt Cooke de ce monde qui risquent de les priver de leur gagne-pain...et des millions qui viennent avec la job. Il suffit de lire le texte de Dave Molinari, un vétéran confrère qui couvre les Penguins depuis une trentaine d'années, pour savoir ce qui s'est passé.

Mario Lemieux devait être livide en voyant agir Cooke. En agissant de la sorte, Cooke prenait le réflecteur et le pointait dans le visage de Lemieux. Heureusement, ni Lemieux ni Shero n'ont essayé de défendre Cooke après le match.

Et puis, quand on dit que le pouvoir de changer les choses est avant tout économique, on en a un parfait exemple. Gary Bettman a joué au fanfaron quand Air Canada a protesté publiquement devant la violence de la LNH, son partenaire en affaires. Le président d'Air Canada était à Las Vegas mardi dernier pour la première de Céline Dion et je peux vous garantir que c'est lui, en personne, qui a fait envoyer le communiqué. Et il est certain que Gary Bettman, derrières des portes fermées, a tenu compte de cette protestation.

Même chose pour Via Rail et pour la lettre rendue publique de Geoff Molson. Bettman a tenu son bout dans l'affaire Chara et il avait raison puisque Chara avait joué selon les limites tolérées par le circuit. Pour Bettman et les autres, Max Pacioretty avait été victime d'un accident et pas plus.

Mais Matt Cooke, en idiot qu'il peut être parfois sur la patinoire, a offert une excuse parfaite à Bettman pour passer son message aux gros annonceurs de la LNH et aux médias. Cette ligue est capable de se policer.

Cela dit, Ray Shero va hésiter avant de se débarrasser d'un ailier aussi coriace que Cooke. Il est excellent en désavantage numérique et quand les fils ne se touchent pas dans son cerveau, il est un joueur utile à son équipe. De plus, c'est un gaillard sympathique que ses coéquipiers apprécient vraiment.

En plus, il a une belle valeur marchande pour la Ligue nationale. Il y a 600 joueurs dans la LNH. Donc une cinquantaine de vraies vedettes. Et vous le savez, la ligue cherche désespérément à obtenir une juste visibilité dans les grands médias nationaux américains.

Vous devinez où je m'en vais. Il y avait un superbe article avec de grandes photos en couleurs dans la dernière édition du Sports Illustrated.

Le sujet de ce grand reportage? Évidemment... c'était Matt Cooke.