Du séisme à la catastrophe nucléaire redoutée, quelle terrifiante semaine pour le peuple japonais. Aux milliers de morts s'ajoutent la destruction d'une région, une diminution de la croissance économique du pays, une lourde déprime humaine et un appauvrissement généralisé du peuple à cause de la dramatique chute boursière. Qu'à cela ne tienne, les gestionnaires de portefeuilles institutionnels (caisses de retraite, fonds communs de placement, hedge funds, banques d'affaires, compagnies d'assurances, etc.) gardent toujours la tête froide devant les catastrophes. Ces temps-ci, ils se préoccupent davantage de leurs positions dans les titres de la Bourse nipponne que des drames humains.

C'est bête à dire, mais je suis persuadé qu'au cours de la terrible semaine que vient de traverser le Japon, ces financiers se demandaient comment tirer grandement profit de la déconfiture de la Bourse japonaise. Ou comment ne pas trop se faire plumer le portefeuille.

Dans le monde de la haute finance, l'argent n'a pas d'odeur. Il est prouvé que les crises financières, les catastrophes et les scandales représentent immanquablement des occasions de faire un coup d'argent pour les investisseurs institutionnels.

La grande question que se posent les analystes des maisons de courtage et les gestionnaires de portefeuilles institutionnels, c'est: est-ce que le niveau actuel de la Bourse nipponne escompte adéquatement les pertes que les entreprises subiront à la suite du séisme et de ses conséquences sur l'économie japonaise?

Ne perdez jamais de vue que les grands investisseurs tentent généralement d'anticiper six mois d'avance les vrais résultats financiers des entreprises. Pour eux, la catastrophe est déjà derrière. Ce qui compte à leurs yeux, c'est l'impact qu'aura le futur redressement du pays sur les bénéfices des entreprises.

Entre le creux de mardi dernier, le 15 mars, et le précédent haut du 21 février, le baromètre de la Bourse japonaise, le Nikkei 225, avait chuté de 24%. Il a repris de la hauteur depuis ce mardi noir. L'indice Nikkei a fermé vendredi à 9206 points. Il accuse encore une chute de 15% par rapport à son haut d'il y a un mois.

Néanmoins, le rattrapage qu'a réussi à effectuer la Bourse nipponne lors des dernières séances laisse présager que les investisseurs institutionnels apprécient les mesures mises en place (comme les injections de centaines de milliards de dollars de liquidités) par la Banque centrale du Japon pour tenter de stimuler l'économie du pays. Remarquez que cela n'aidera pas pour autant le pays à régler son problème de surendettement, la dette publique s'élevant à 200% du PIB.

Des lecteurs m'ont demandé la semaine dernière comment pouvaient-ils investir à la Bourse japonaise.

Sachez que les actions de plusieurs grandes sociétés japonaises sont négociées à la cote de la Bourse de New York. Il suffit donc d'avoir un compte dans une maison de courtage pour pouvoir acquérir des titres japonais. Voilà, si vous êtes bon dans la sélection de titres, grand bien vous fasse et bonne chance.

Aux petits investisseurs qui se sentent appelés par la Bourse japonaise, je leur suggère plutôt les fonds communs d'actions japonaises.

Si vous visez le rendement de l'indice MSCI Japon (dollars canadiens), je vous recommande le Fonds indiciel japonais TD-e. Comme il s'agit d'un fonds qui se contente de copier le rendement de l'indice de référence, les frais de gestion sont faibles, soit 0,48% dans ce cas-ci. Les frais des fonds dont le portefeuille est activement géré s'élèvent dans les 2,40% ou plus.

En date du 28 février dernier, le rendement de ce Fonds indiciel japonais TD affichait des performances négatives pour toutes les longues périodes à partir de trois ans, jusqu'à 20 ans.

Notez qu'il en est de même pour la plupart des fonds communs d'actions japonaises.

Évidemment, la débandade de la semaine dernière a eu pour effet d'empirer la situation.

Mais si on investit aujourd'hui dans la Bourse nipponne, ce n'est pas pour sa performance antérieure. C'est plutôt en vue du futur redressement du cours des actions des grandes sociétés japonaises comme Toyota Motor Corporation, Honda Motor, Mitsubishi UFJ Financial Group, Canon Inc., Sumitomo Mitsui Financial, Mizuho Financial Group Inc., Takeda Pharmaceutical Co., Sony, Tokyo Electric Power, Mitsubishi Corporation, Softbank Corporation, Mitsui&Co. Ltd, Nintendo Co., Fanuc Limited, NTT DOCOMO, etc.

Au nombre des fonds d'actions japonaises bien cotés, il y a Altamira d'occasions d'affaires japonaises (frais de gestion: 2,46%), le Claymore Japan Index ETF (frais de 0,68%) et le Fidelity catégorie Japon (frais de 2,55%).

En terminant, je vous rappelle que la Bourse japonaise a connu ses années de gloire de juin 1984 à la fin décembre 1989. L'indice Nikkei était passé de 10 104 points à 38 916 points, en hausse de 285%.

Vendredi dernier, le 18 mars, le Nikkei a fermé à 9206 points. Eh oui! l'indice se négocie sous son niveau d'il y a 27 ans et accuse conséquemment un recul de 76% sur son record historique de 1989.

Plus pénible que cela, c'est presque impossible. Voilà pourquoi la Bourse japonaise attire de nouveau les spéculateurs.