Les analystes des maisons de courtage sont en état d'alerte. Chaque fois qu'une mauvaise nouvelle d'envergure frappe la planète financière, les analystes boursiers se démènent pour essayer de prévoir jusqu'où les indices boursiers peuvent chuter.

Et c'est avec la froideur des chiffres qu'ils effectuent leurs calculs. Pas de place pour les sentiments, ni les émotions, ni l'empathie envers les victimes. Que de chiffres, que de milliards...

Évidemment, c'est l'énorme catastrophe du tremblement de terre au Japon qui est actuellement sous la loupe des analystes boursiers. Les crises budgétaires de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal ainsi que la désastreuse guerre civile libyenne ont été reléguées au second plan. Du moins depuis vendredi dernier.

On a vu hier la première grande secousse sismique frapper Wall Street. Très très tôt. Dès l'ouverture des marchés nord-américains, les grands indices ont considérablement chuté... Comme si l'onde de choc du tremblement de terre japonais venait finalement d'atteindre le cerveau de la Bourse, Wall Street. Puis, au fil des heures les esprits se sont calmés. Et les indices ont délaissé le sud pour revenir vers le Nord...

La question à milliers de milliards de dollars: le tremblement de terre japonais vient-il de sonner le glas du «bull market» en vigueur depuis deux ans?

Comme vous le savez, chaque année, le monde se fait happer par des catastrophes, des crises financières, des scandales boursiers... qui ont bien entendu un certain impact sur les marchés boursiers, obligataires et monétaires.

L'année 2011 a à peine deux mois et demi et elle a déjà absorbé de nouvelles crises financières en Europe, des guerres civiles en Tunisie, Égypte et Libye, un certain choc commercial en Chine, une forte hausse du baril de pétrole et un tremblement de terre au Japon.

Jusqu'au séisme japonais de vendredi dernier, les mauvaises nouvelles économiques sont passées sur le dos de Wall Street sans en entraver de façon significative la tendance haussière.

En tenant compte des creux atteints hier en cours de séance, on constate que les grands indices nord-américains (S & P 500, Dow Jones, S & P/TSX Composite) ont finalement reculé de 6 à 8% par rapport à leurs récents sommets de l'actuel «bull market» amorcé en mars 2009.

Il y a deux semaines, le gourou de la firme Standard & Poor's, le stratège en chef de l'analyse technique Mark Arbeter, a alerté les boursicoteurs avec son «imminente et rapide correction boursière» de 5 à 10%.

S'attendait-il au séisme japonais? Non! il n'est pas devin. L'analyste a tout simplement fait preuve de réalisme en tenant compte du fait que les indices avaient grimpé de quelque 30% en sept mois et de 90% en 24 mois. Et ce malgré une montagne de mauvaises nouvelles financières en tout genre.

L'actuelle correction peut-elle empirer? Oui!

Les analystes Ed Sollbach et Depp Jaitly, de Valeurs mobilières Desjardins, nous rappellent que depuis le début du présent «bull market», Wall Street a subi 6 corrections qui ont varié de 4 à 16%. La baisse de 16 % est survenue l'an passé de la fin avril au début de juillet.

Le séisme du Japon pourrait-il à lui seul faire chuter Wall Street de 8 à 10% supplémentaires?

Les analystes de Desjardins ont vérifié l'impact que 8 grands désastres (tremblements de terre et ouragans) survenus depuis 22 ans ont eu sur Wall Street.

Un mois après le déclenchement de la catastrophe, le principal indice de la Bourse de New York, le S & P 500, avait varié de -3,2% dans le pire des cas (séisme de Sichuan en Chine) à +6,2% (séisme de Maule au Chili). Pour une moyenne à la hausse de 0,7%.

À la Bourse de Toronto, les secteurs aurifères, matériaux, énergie, mines et métaux... affichaient tous des hausses même après seulement une semaine...

C'est ça, la Bourse!

P.S. LA CAISSE. Trois semaines après avoir dévoilé que son actif net s'élevait à 151,7 milliards au 31 décembre 2010, la Caisse de dépôt et placement du Québec continue de rapporter, au bas des communiqués diffusé sur son site Internet, les vieilles données du 31 décembre 2009. Souhaitons que les gestionnaires de la Caisse trouvent quand même le temps de suivre la parade boursière de 2011.