Une première fédérale en 10 ans. Contrairement à la tendance historique, le gouvernement fédéral vient de présenter un budget des dépenses gouvernementales dont la facture totale est inférieure à celle de l'année précédente. Ainsi, le total des dépenses budgétaires de l'année 2011-2012 s'élève à 251 milliards, soit 10 millards de moins que la présente année 2010-2011, qui se terminera le 31 mars.

Faut-il s'en réjouir? Non! Quand une grosse portion des réductions se fait sur le dos des plus démunis, ça me fait plutôt pleurer de rage.

Des exemples? Les prestations d'assurance-emploi seront réduites de 2,6 milliards, pour s'élever à 19,4 milliards. Des gens vont me dire: la réduction des prestations laisse présager une baisse de taux de chômage, ce qui est une bonne nouvelle en soi. Le hic? Pourquoi n'a-t-on pas pensé à réinvestir ces «économies» dans une bonification du régime d'assurance-emploi? Il faut rappeler que le régime a subi dans le passé de profondes transformations dans le dessein d'en réduire l'accès et de couper les prestations des chômeurs. Voilà une belle occasion de ratée...

Les programmes d'aide au logement passent sous le coup du sabre en raison de l'arrivée à échéance du fabuleux Plan d'action économique lancé en 2009 par le gouvernement Harper pour sortir le Canada de la crise financière mondiale. Les coupes atteignent 1,2 milliard de dollars.

Disparaissent donc du décor les programmes d'aide financière suivants: rénovation et amélioration des logements sociaux, logements pour les ainés à faible revenu; logements pour les personnes handicapées, logements dans le Nord, rénovations de logements destinés aux membres des Premières nations. La coupe de ces programmes s'élève à 912 millions.

Des économies additionnelles de quelque 300 millions proviennent de la mise au rancart des programmes reliés au financement de l'initiative en matière de logement abordable et de l'aide à la remise en état des logements.

Dans la cible des réductions de dépenses, le gouvernement Harper a également visé l'environnement. Le Programme sur la qualité de l'air (dont les émissions de gaz à effet de serre) subit une baisse de 145 millions de dollars. S'ajoute une autre réduction de quelque 50 millions dans des programmes de gestion de produits chimiques, de gestion de sites contaminés fédéraux.

Pour sa part, le volet des programmes culturels financés par le fédéral subit une diminution de dépenses de 177 millions, soit une baisse de 4,5%.

La Société Radio-Canada (SRC) se fait plumer la subvention de quelque 16, 6 millions. Aucun pleur n'est cependant attendu du côté des réseaux privés de télévision et de radio, l'aide fédérale à leur compétiteur public restant au-dessus du milliard de dollars. C'est en raison de l'augmentation des revenus publicitaires de la SRC que le gouvernement a décidé de réduire sa contribution dans le fonctionnement de la société d'État. Un simple jeu de vases communicants.

Au chapitre des perdants de la culture, le Musée canadien des droits de la personne perd 24 millions, le Musée canadien de la nature se fait amputer le budget de 2 millions, même chose pour le Musée de la civilisation. Bibliothèque et archives Canada perd sept millions et le Musée national des sciences et de la technologie 1,6 million.

Une petite ponction aussi du côté du Bureau de la coordinatrice de la situation de la femme, qui se fait couper le budget de dépenses de 1,3 million.

Qu'arrive-t-il à la promotion de nos «expressions artistiques» et notre «contenu culturel» au pays et à l'étranger? Les industries culturelles perdent 5 millions, les arts 4,4 millions et le patrimoine 4,7 millions...

En apparence anodines par rapport à un budget de 250 milliards de dollars, ces réductions culturelles n'en sont pas moins dramatiques pour le milieu culturel.

Alors que le Fonds du Canada pour les périodiques se fait couper les vivres de 15 millions, le gouvernement Harper augmente sa contribution au Fonds des médias de 7,6 millions pour s'assurer, dit-il, que les Canadiens aient accès à des émissions canadiennes à la télévision et sur d'autres plateformes numériques.

Pendant que la culture subit des coupes, le sport, lui, s'en tire avec une bonification de l'aide fédérale de 27 millions de dollars, soit de 15%.

Les fédéralistes seront heureux d'apprendre que le gouvernement Harper ne touche pas d'un iota au montant des subventions qu'il verse aux lieutenants-gouverneurs de chaque province à titre d'indemnités pour les frais engagés dans l'exercice de leurs fonctions.

Avis aux détracteurs de sa majesté: sachez que la plus grosse subvention versée à ce chapitre est de 147 372$ et elle est versée au lieutenant-gouverneur du Québec.

Vive le sens des priorités conservatrices!