Les coïncidences me fascinent, surtout lorsqu'elles touchent la présidence de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

En 2009, année de transition de la présidence de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia a dévoilé de piètres résultats après avoir passé le plus clair de son temps à faire le ménage du portefeuille de son prédécesseur, Henri-Paul Rousseau. Lors de son année de transition en 2002, M. Rousseau avait lui aussi appliqué le même remède curatif, à l'encontre cette fois du portefeuille de Jean-Claude Scraire, président sortant.

Et à l'instar de son prédécesseur, M. Sabia vient de présenter une belle performance pour l'an 1 de son nouveau règne. Bravo! Il ne reste plus qu'à souhaiter une fin de règne moins apocalyptique (quant aux pertes) que celles de MM. Rousseau et Scraire.

Essayons maintenant de décortiquer ce fabuleux rendement global de la Caisse de 13,6% pour l'année 2010. Oui! il est fabuleux parce qu'il surpasse allégrement le rendement de 9,5% de son indice de référence (le Dexia équilibré des caisses de retraite d'un milliard et plus d'actif). Ce supplément de rendement (4,1 points) a permis à la Caisse de bonifier son gigantesque portefeuille de 5,1 milliards.

Il y a toutefois un petit hic. N'encensons pas trop vite Michael Sabia et son équipe. J'aimerais attirer votre attention sur le fait que ce supplément de rendement provient en grande partie des portefeuilles fermés de la Caisse, c'est-à-dire des portefeuilles dont les valeurs (les investissements) ne sont pas négociées librement sur les grands marchés financiers liquides, tels les bourses et les marchés obligataires.

En effet, 87% du supplément de rendement qui a bonifié de 5 milliards l'actif de la Caisse provient de quatre gros portefeuilles fermés, soit les dettes immobilières ("777 millions), les infrastructures ("784 millions), les immeubles ("298 millions) et les placements privés ("2,58 milliards).

Je ne veux rien enlever à la super performance de ces quatre portefeuilles fermés. Mais il n'en demeure pas moins que deux d'entre eux représentaient à eux seuls l'an dernier le gros de la contre-performance de l'année de transition de la nouvelle équipe de gestion de M. Sabia. En effet, le portefeuille des dettes immobilières affichait l'an dernier un écart négatif de 29 points par rapport à son indice de référence et le portefeuille des placements privés un écart de -13,2 points.

Cette année, le portefeuille des placements privés affiche un écart positif de 24,7 points par rapport à son indice de référence et le portefeuille des dettes immobilière un écart positif de 10 points.

Convenons qu'en cette année 2010, ces deux portefeuilles fermés ont effectué un méchant virage positif. Est-ce attribuable à la contre-performance de la précédente année? Impossible de le savoir, puisque les portefeuilles fermés et leurs indices de référence sont évalués en vase clos. Par des experts indépendants, s'empresse-t-on d'ajouter...

Concernant les portefeuilles des valeurs négociées librement sur les marchés boursiers et obligataires, il est quand même étonnant de constater que les écarts de rendement sont généralement très faibles entre la performance de la Caisse et les indices de référence. C'est juste un constat! Prenons les portefeuilles des actions négociées en Bourse. Les gestionnaires de la Caisse présentent en 2010 un écart de rendement légèrement négatif face aux indices boursiers de référence. Mais du côté du marché obligataire, ils présentent un léger écart positif.

Dernier constat. Alors que Michael Sabia boucle l'an 1 de son règne avec un écart positif de rendement de 4,1 points... il affichait l'an passé le même écart de 4,1 points, mais négatif cette fois-là.

C'est juste une autre coïncidence!