La campagne REER prendra fin dans sept jours exactement, le mardi 1er mars étant la date limite pour y investir en vue d'obtenir une déduction dans le cadre de l'année financière 2010.

Si vous faites partie des retardataires qui n'ont pas encore fait leur contribution REER, je vous rappelle l'a b c du populaire véhicule fiscal. Combien d'argent avez-vous le droit d'injecter dans votre REER de l'année 2010? La réponse est facile à trouver. Il vous suffit de repérer l'avis de cotisation que Revenu Canada vous a fait parvenir à la suite de la production de votre déclaration fédérale de 2009. Le montant admissible à votre REER y est indiqué. Ainsi, vous n'avez pas à vous casser la tête avec les limites de 18% de notre soi-disant revenu gagné, le plafond de 22 000$ ou le facteur d'équivalence pour les bénéficiaires des régimes de retraite d'employeur.

Deuxième question fort importante quand on souhaite investir dans notre REER: combien allons-nous économiser d'impôt? Si vous gagnez un faible revenu et qu'à la suite des déductions auxquelles vous avez droit, vous n'avez pas d'impôt ou presque à payer, oubliez le REER. Si vous avez des épargnes à investir, et que vous n'avez pas de dettes à rembourser, optez plutôt pour le CELI, le compte d'épargne libre d'impôt. Les revenus de vos placements s'y accumuleront à l'abri de la main du fisc.

Passons maintenant aux contribuables qui paient de l'impôt sur le revenu. Au Québec, on commence à payer une bonne beurrée d'impôt dès que notre revenu imposable atteint les 14 000$. Le taux marginal d'impôt (cumulatif fédéral et provincial) s'élève à compter de ce palier imposable à 28,5%. À un palier de 41 000$ de revenu imposable, le taux marginal passe à 38,4%.

Le seuil d'impôt marginal atteint les 45,7% à 85 000$ de revenu imposable. Il plafonne à 48,2% lorsque le revenu grimpe à 130 000$ et plus.

L'avantage de connaître son taux marginal d'impôt? Cela nous permet d'évaluer l'économie d'impôt par tranche d'investissement REER de 1000$. Par exemple, un taux marginal de 28,5% nous permet d'économiser 285$ par tranche REER de 1000$. À 48,2% de taux marginal, l'investisseur récupérera 482$ en économies d'impôt par tranche de 1000$ d'investissement.

Par ouï-dire, des gens colportent qu'il ne sert absolument à rien d'investir dans un REER puisque les gouvernements vont nous facturer éventuellement plus d'impôt sur les retraits que les économies accordées lors de l'investissement. La réalité? Si jamais le taux d'impôt sur les retraits venait à dépasser le taux qu'on économise sur notre investissement, c'est parce que notre revenu à la retraite sera plus élevé que notre revenu actuel. Habituellement, c'est plutôt le contraire qui se produit, le revenu à la retraite étant plus faible. Donc, l'imposition de nos éventuels revenus de retraite devrait être inférieure aux économies d'impôt que l'on percevra en investissant dans notre REER.

En fiscalité, il y a un principe fondamental qui fait le grand bonheur financier des entreprises. Plus elles peuvent reporter l'impôt le plus loin possible, plus elles trouvent cela payant, fiscalement s'entend.

Si on ne dispose d'aucune épargne, est-il préférable d'emprunter pour investir dans notre REER? Oui! mais à deux conditions fondamentales. Un, il faut économiser de l'impôt. Deux, il faut s'engager à rembourser ledit prêt REER dans les 12 mois suivants. La plupart des institutions accordent des prêts REER à taux avantageux, soit le taux préférentiel plus une petite prime.

Autre questionnement classique: vaut-il mieux investir dans son REER ou dans le CELI? Je préconise de favoriser d'abord le REER, question de réduire sa facture d'impôt le plus possible. Si jamais vous êtes du nombre des privilégiés qui disposent d'un surplus d'épargne après avoir cotisé au maximum à leur REER, le CELI devient à ce moment-là la deuxième priorité. La raison en est bien simple: le CELI permet de faire fructifier ses épargnes en franchise d'impôt. On peut injecter dans ce véhicule de placement la somme de 5000$ par année.

Le temps est venu de parler concrètement des placements REER. Je vous avoue qu'il est hasardeux de faire des recommandations ces temps-ci.

Si vous êtes à cinq ans ou moins de la retraite, le Fonds de solidarité de la FTQ m'apparaît pertinent en raison de son alléchant rabais fiscal, soit 30% de la somme investie, plus évidemment les déductions REER habituelles. Ce placement sera d'autant plus attrayant si vous investissez ledit rabais de 30% dans un REER ordinaire. Ces 30% de rabais fiscal supplémentaire procurent ainsi un bon coussin de protection en cas de débandade des marchés boursiers. Dans le cas des travailleurs plus jeunes, est-il besoin de rappeler que le Fonds de la FTQ, à l'instar de son pendant de la CSN (Fondaction), est un véhicule de placement à risque élevé. Et plus on est loin de notre retraite, moins le coussin de 30% joue son effet protecteur. À cinq ans de la retraite, le rabais de 30% représente un coussin de 6% l'an tandis qu'à 15 ans de la retraite, le coussin chute sous la barre annualisée des 2%, et ainsi de suite...

Que penser du timing actuel pour investir en Bourse, par l'entremise d'un portefeuille d'actions, d'unités de fonds communs d'actions ou des fonds négociés en Bourse, tels les iShares sur les divers indices boursiers? Il est tout simplement à risque élevé. Avant la correction d'hier, Wall Street avait grimpé de quelque 7% depuis le début de l'année et la Bourse canadienne, de 5%. C'est beaucoup, étant donné la hausse des deux dernières années. Depuis le creux de mars 2009, les grands indices nord-américains ont progressé d'environ 90%.

Après une si forte hausse, convenons que les probabilités d'une importante correction sont assez élevées, merci!

Devrait-on se contenter de miser sur le marché obligataire? Avec la faiblesse des taux d'intérêt, bien des stratèges financiers s'attendent à ce que le marché obligataire connaisse une année difficile. Les chances que les taux montent étant nettement plus élevées que les probabilités d'une baisse, cela rend ainsi le marché obligataire vulnérable, lui aussi, à une correction. Sachez que la valeur marchande des obligations baisse lorsque les taux montent et vice-versa.

Que reste-t-il comme solution d'investissement? Si vous ne désirez courir aucun risque, vous êtes condamné à miser sur les placements prudents de court terme, du genre un an ou deux. Ça ne rapporte pas beaucoup. Les obligations à taux progressif d'Épargne placement Québec procurent un rendement de 1,30% la première année, de 1,70% la seconde... Elles sont encaissables à chaque date anniversaire, en plus d'offrir une prime de 1% la première année.