Ça me fascine de voir à quel point des hauts dirigeants s'en mettent plein les poches dès que l'occasion de mousser le titre à la hausse survient. Comme s'ils se sacraient carrément des actionnaires, après leur avoir vanté les projets de l'entreprise.

J'en veux pour preuve l'annonce hautement médiatisée de la fusion des groupes propriétaires des bourses de Londres (LSEG) et Toronto (TMX), laquelle fusion permettrait de créer la deuxième plus grande Bourse au monde en termes de capitalisation boursière, c'est-à-dire la valeur totale des actions des entreprises inscrites à la cote.

L'annonce a été faite le mercredi 9 février, juste avant l'ouverture des marchés. Par la suite, l'action de Groupe TMX (symbole: X) allait ouvrir la séance en hausse de 10% par rapport à la fermeture de la veille. Le titre a finalement bouclé la mémorable journée à 42,85$, après avoir franchi en cours de séance son sommet des 52 dernières semaines, à 45,18$.

Dès le lendemain de l'annonce, quatre hauts dirigeants de Groupe TMX s'empressaient de passer à la caisse en liquidant des blocs d'options.

Peter Krenfel, le président de NGX, la Bourse énergétique de Groupe TMX, a liquidé un bloc de 13 200 actions à 42,04$ pièce. Il avait acquis ces actions par l'entremise d'une levée d'un nombre identique d'options, à 26,45$ l'action obtenue. Il a ainsi terminé la journée avec en poche un profit de 205 000$.

Brenda Hoffman, première vice-présidente et chef de l'information, a exercé pour sa part un bloc de 7584 options à un prix moyen de 27,15$ l'action obtenue. Elle a subito presto revendu ses actions à un cours moyen de 42,00$. Mme Hoffman a ainsi encaissé un gain en capital de quelque 112 000$.

Pour sa part, Sharon Pel, première vice-présidente et chef des affaires juridiques et commerciales, a vendu un bloc de 21 148 actions à un prix moyen de 42,00$. Cette liquidation lui a permis d'empocher un gain en capital brut de l'ordre de 225 000$.

Le chef de la direction financière de Groupe TMX, Michael Ptasznik, a attendu au surlendemain de l'annonce de la fusion pour procéder à la vente d'un bloc de 9726 actions, à un prix moyen de 42$. Il avait fait l'acquisition de ces actions à la suite d'une levée d'options, à un prix d'exercice de 29,64$. M. Ptasznik réalise ainsi un gain en capital de l'ordre de 120 000$.

J'aimerais insister sur le fait que les transactions de vente de ces quatre hauts dirigeants de Groupe TMX surviennent le lendemain des grandes déclarations des deux patrons des Bourses de Londres et de Toronto.

Chris Gibson-Smith, président du conseil de London Stock Exchange Group a dit: «Nous annonçons aujourd'hui la création d'un chef de file mondial des places boursières. En réunissant nos longs antécédents d'excellence au service des marchés financiers, nos ressources financières et nos cultures de gouvernance respectées aux quatre coins du monde, j'estime que nous pourrons ensemble faire bénéficier nos actionnaires et nos clients d'une société beaucoup plus forte que la somme de ses parties. Cette fusion survient à un moment extrêmement important dans l'histoire des marchés financiers.»

Pour sa part, Wayne Fox, président du conseil du Groupe TMX Inc., a déclaré:

«Ce sont deux institutions très florissantes et rentables qui unissent leurs forces pour créer une société encore plus diversifiée et d'une plus grande portée mondiale. Cette fusion entre égaux bénéficiera aux actionnaires, aux émetteurs, aux clients, aux employés et aux autres parties intéressées des deux entreprises. Il est tout aussi important de souligner que la fusion aura une incidence favorable sur les milieux d'affaires du Canada, du Royaume-Uni et d'Italie. Je me réjouis à l'idée de collaborer avec mes collègues administrateurs et la nouvelle équipe regroupée pour faire de notre nouveau groupe boursier l'un des leaders mondiaux du secteur.»

Que de belles paroles de la part des deux hauts dirigeants de notre nouveau groupe boursier mondial.

Si la fusion des bourses de Londres et Toronto est si prometteuse, pourquoi leurs collègues de la haute direction liquident-ils une partie de leurs actions?

Ils sentent la frime ou quoi?