«Nous n'étions pas là», «nous avons perdu notre tempo» ...

Les joueurs du Canadien, Brian Gionta et Michael Cammalleri dans ce cas, ont des réponses toutes faites après une défaite où ils ont particulièrement mal joué. C'était lundi soir, après avoir accordé 45 lancers aux Flyers de Philadelphie. Nous ne voulions pas savoir s'ils étaient là ou s'ils avaient perdu leur tempo, mais pourquoi cette contre-performance s'était produite.

Ces réponses passe-partout, qu'on soupçonne avoir été préparées par le service des relations publiques, se veulent définitives, comme s'il n'y avait rien de plus à ajouter. Les politiciens disent: «C'est inacceptable» pour mettre fin à l'interrogatoire, comme si on leur demandait si le scandale était acceptable ou pas.

En ce qui concerne les hockeyeurs, la vraie réponse est celle-ci: «À 82 matchs par saison, à trois ou quatre par semaine, il faut bien lever le pied certains soirs si on veut survivre jusqu'en avril. On n'est pas des surhommes.»

Difficile à avouer pour un joueur qui compte sur ces 82 parties pour assurer son salaire démesuré par rapport au reste de la société. Difficile à dire aux amateurs qui payent des prix démesurés pour assister aux matchs.

D'où les nombreuses parties ennuyantes en attendant les séries éliminatoires, le seul moment où les millionnaires fournissent leur plein effort et étalent leur talent en entier à chaque match.

Mais bon, ils n'étaient pas là, ils ont perdu leur tempo, ils nous prennent pour des cruches.

Cela dit, les p'tits gars connaissent un excellent début de saison. Beaucoup mieux que prévu et espéré. Grâce surtout à Carey Price, qui a fait de grands progrès entre les oreilles. Il est calme, concentré, modeste, il donne enfin raison à ceux qui ont cru en lui, mais qui devaient suer par moments.

À mon avis, le deuxième grand responsable est Jacques Martin, le coach aussi excitant qu'une poignée de porte. Ne vous moquez pas de lui, c'est peut-être ce qu'il fallait au Canadien et à Montréal, cette ville fofolle quand il s'agit de hockey. Il aura beau pleuvoir des clous sur le Centre Bell, Andrei Markov aura beau se blesser sans arrêt, la foule aura beau se transformer en planète des singes, Martin demeure stoïque et ça déteint sur ses joueurs. Le bon capitaine demeure calme dans la tempête.

Et ne lui reprochez pas son jeu défensif, il n'a pas les effectifs pour ouvrir la machine. Si le Canadien jouait comme les Capitals de Washington, il serait exclu des séries à Noël.

Le plus grand?

Le boxeur philippin Manny Pacquiao, champion de huit catégories, un record, a fait savoir qu'il prendrait sa retraite dans trois ans, à 35 ans. Voilà qui est raisonnable.

Il briguera peut-être la présidence de son pays, mais il est certain que plusieurs amateurs de boxe le proclameront le plus grand boxeur de tous les temps.

Sauf qu'à mon avis, Pacquiao pourra prétendre à ce titre seulement s'il bat Floyd Mayweather dans un combat que toute la planète boxe souhaite. Or Mayweather exige un test antidopage, ce que Pacquiao refuse. Bizarre, n'est-ce pas?

Et puis on se met à réfléchir. Comment est-ce qu'un si petit homme peut massacrer un ex-champion du monde qui fait 20 livres et un pied de plus que lui, comme Antonio Margarito? Comment peut-il le frapper assez fort pour l'envoyer à l'hôpital, défiguré, avec une fracture au visage?

On réfléchit et on doute. Et tant que Pacquiao n'aura pas passé le test et battu Mayweather, le doute persistera.

Bye-bye Spectrum

La démolition du Spectrum de Philadelphie a commencé hier. Le bon vieux Spectrum à la sortie de la station Broad du métro, avec la galerie de presse située six rangées derrière le banc des joueurs. Avec Kate Smith en chair et en os qui vous donnait des frissons. Avec le Canadien en visite et la guerre totale déclarée.

Le Spectrum va donc disparaître et c'est très bien ainsi. Il évitera d'être transformé en palais du kitsch, en royaume de la gomme balloune comme le noble Forum.

Le Forum avait plus d'histoire et de caractère que toutes les patinoires de hockey du monde. Quand je passe devant aujourd'hui, j'évite de le regarder.

Dieu qu'on est pepsi des fois...