En une parfaite illustration de l'humeur nationale, le premier élu de la soirée, hier, aura été Rand Paul, candidat républicain du Kentucky, ainsi devenu le premier adhérent au Tea Party à entrer au Congrès. Par contre, on apprendra une heure plus tard que la très... comment dire... la très étonnante Christine O'Donnell, également républicaine et identifiée au même mouvement, ne sera pas parvenue, elle, à convaincre les électeurs du Delaware de l'envoyer au Sénat.

En une parfaite illustration de l'humeur nationale, le premier élu de la soirée, hier, aura été Rand Paul, candidat républicain du Kentucky, ainsi devenu le premier adhérent au Tea Party à entrer au Congrès. Par contre, on apprendra une heure plus tard que la très... comment dire... la très étonnante Christine O'Donnell, également républicaine et identifiée au même mouvement, ne sera pas parvenue, elle, à convaincre les électeurs du Delaware de l'envoyer au Sénat.

En somme, la frustration et la colère des Américains sont peut-être grandes. Mais elles ont tout de même des limites!

Au moment d'écrire ces lignes, on ne possédait pas encore le décompte définitif des sièges à la Chambre des représentants et au Sénat, non plus qu'aux postes de gouverneur soumis au vote.

Malgré cela, l'affaire était limpide: les Américains n'aiment pas du tout ce qui se passe chez eux, ni le chômage à 9,6%, ni les «cadeaux» à Wall Street ou à Détroit, ni la dette publique, ni la réforme de la santé. Et ils en attribuent la responsabilité à celui qui pouvait , mais qui n'a pas livré la marchandise.

* * *

Or, ils n'ont pas complètement tort, comme nous l'avons déjà noté ici.

De sorte que la première tâche de Barack Obama sera de déterminer ce qui, dans les critiques formulées contre lui, relève de la mauvaise foi teintée d'arrière-pensées méprisables. Car cela existe bel et bien dans certaines ruelles fréquentées par le Tea Party, un mouvement étonnamment complexe (on y trouve aussi de l'engagement et de la sincérité) dont l'heure est venue. Et avec lequel, on le sait aujourd'hui, il faudra composer.

Obama devra déterminer ensuite ce qu'il doit accueillir comme une critique légitime. Car, même chez les démocrates, certains ont des comptes à régler avec lui. «Dans cette élection, il y avait trois partis: les républicains au Congrès, les démocrates au Congrès et... la Maison-Banche», dit amèrement un stratège démocrate (au Wall Street Journal). D'autres plaident déjà pour un renouvellement complet de l'aréopage fréquentant le bureau ovale...

Ce n'est pas tout.

Quelle que soit sa couleur, l'appareil législatif devra rapidement se remettre à fonctionner... et il y faudra de la stratégie.

Dans moins de 60 jours, en effet, les réductions d'impôt décrétées par l'administration Bush cesseront d'exister si le Congrès ne fait rien. En gros, les républicains désirent que ce cadre fiscal soit reconduit tel quel; les démocrates, qu'il ne touche désormais que les familles gagnant moins de 250 000$US par année. Au total, on jongle ici avec 2600 milliards sur 10 ans!

Selon la nature du compromis qui sera négocié, on pourra déterminer le nouvel équilibre des forces dégagé par les élections d'hier. Ainsi que le niveau de confort - ou plutôt d'inconfort - dont Barack Obama devra s'accommoder d'ici la présidentielle de 2012.