Mardi dernier, la Bourse a reculé de façon appréciable, de 1,5% à 2,0% selon les indices. Il s'agissait de la plus forte correction quotidienne depuis la mi-août.

Il n'en fallait pas plus pour secouer la fragile confiance des boursicoteurs.

Nombre d'entre eux se sont demandé si on venait d'assister à la fin de la forte tendance haussière amorcée depuis la fin du mois d'août alors que les grands indices américains bondissaient allègrement pour revenir en territoire positif par rapport à la fin de 2009. Comme d'habitude, Wall Street avait entraîné dans son sillage tous les indices mondiaux, y compris évidemment ceux de la Bourse canadienne.

Puis, le lendemain, virage à 180 degrés. Wall Street retrouve la voie ascendante, ainsi que la plupart des grands indices mondiaux. Et les boursicoteurs sont redevenus optimistes.

Comme girouette, la Bourse, c'est difficile de faire mieux.

Mardi, les analystes ont évoqué une kyrielle de facteurs pour expliquer le recul des Bourses. Lesquels? Le dévoilement aux États-Unis de chiffres immobiliers plutôt décevants alors que les mises en chantier de logements restaient stables et que les permis de construction reculaient fortement; la vive correction à la hausse du dollar américain; la chute du baril de pétrole et du prix de toutes les matières premières; le resserrement du crédit en Chine; la lourde perte financière (liée au service des cartes de crédit) que vient de déclarer la Bank of America pour le troisième trimestre; la faiblesse du carnet de commandes de la multinationale IBM; l'enquête gouvernementale menée sur les saisies immobilières faites par les banques américaines; la volonté de la Réserve fédérale américaine de re...stimuler la reprise économique.

Mercredi, des facteurs contraires ont brouillé les cartes de la veille: le dollar américain a diminué; le pétrole a grimpé, même chose pour le prix des matières premières et des entreprises ont affiché de bons résultats.

En l'espace de 24 heures, un grand nombre d'analystes et d'investisseurs institutionnels (caisses de retraite, fonds communs, etc.) ont carrément changé de stratégie, passant de vendeur à acheteur.

Mais le commun des boursicoteurs, lui, comment doit-il percevoir ces rapides changements d'humeur boursière? Doit-il prendre la poudre d'escampette et sortir de la Bourse au plus vite avant que les principaux indices boursiers ne rechutent vivement en raison notamment de la difficile reprise économique mondiale? D'autant plus que même le Canada commencerait à en arracher avec sa reprise, selon le gouverneur de la Banque du Canada.

À moins de vouloir jouer à l'investisseur super actif, en multipliant les transactions d'achat et de vente, avec les risques que cela comporte, je conserverais le statu quo.

Pour être plus clair, je ferais le mort, à moins de détenir des titres qui ont fortement grimpé dans les 10 à 12 dernières semaines.

À la suite de la forte hausse (de 10 à 18% selon les indices) survenue depuis la mi-août, Wall Street n'est plus autant sous-évalué qu'à la fin du mois de juillet. Une étude révélait que le S&P 500 était historiquement sous-évalué de 33% par rapport aux prévisions de bénéfices.

Disons que le principal indice de la Bourse de New York demeure sous-évalué de 20%. Cela laisserait présager qu'il reste encore une bonne marge de manoeuvre avant de sonner l'alarme contre la naissance d'une nouvelle bulle boursière.

Maintenant, j'aimerais vous rappeler que la Bourse n'évolue jamais en ligne droite. Dans un marché baissier (bear market), on a droit à des séances à la hausse et, vice-versa, dans un marché haussier (bull market), on trouve des séances à la baisse.

Prenons l'actuel marché haussier qui a débuté le 9 mars 2009. Vous conviendrez avec moi qu'on a eu droit depuis un an et demi à de nombreuses et vives séances à la baisse.

Malgré les pertes enregistrées lors de ces séances tumultueuses, bien des boursicoteurs vont sursauter en prenant connaissance des hausses respectives enregistrées depuis le premier jour de l'actuel bull market:

> le S&P 500 est passé de 677 à 1178 points ("74,0%);

> le Dow Jones: de 6470 à 11 107 points ("71,7%);

> le NASDAQ: de 1265 à 2457 points ("94,2%);

> le S&P/TSX Composite: de 7480 à 12 650 points ("69,1%).

Vous conviendrez avec moi que la Bourse a enregistré une excellente performance dans les 18 derniers mois. Il est donc tout à fait normal que le marché fasse l'objet de sévères corrections baissières de temps à autre. C'est d'ailleurs très sain que des prises de profit soient encaissées par les investisseurs. Et ça «encourage» les spécialistes des ventes à découvert qui misent sur les chutes boursières pour se refaire le portefeuille!

Maintenant, il faut être pleinement conscient que la Bourse n'est plus une aubaine. Avec une prochaine hausse de 20%, la plupart des indices nord-américains auront presque rattrapé toutes les pertes subies lors de la précédente crise boursière.

Prudence oblige!