Des lecteurs échaudés se posent de sérieuses questions sur le nouveau produit financier que les firmes de courtage tentent de nous vendre ces temps-ci, le «Dividend Select 15 Corp.». Il s'agit d'un fonds d'investissement à capital fixe qui promet un rendement annuel de dividende de l'ordre de 7%.

Alain L. résume parfaitement l'inquiétude que soulève ce nouveau produit de placement.

«J'ai lu avec intérêt votre article («Du dividende à 7%») et j'y vois beaucoup de similitude avec le US Financial 15 Split -A (FTU) et le Financial 15 Split II-A (FFN).»

Il tient à souligner que ces deux fonds ont non seulement perdu beaucoup de valeur depuis leur entrée en Bourse, mais qu'en plus, le rendement annuel promis, 8%, n'a pas duré longtemps. «Je pense que l'on trouve même dans ce fonds (Dividend Select 15) certaines entreprises et banques que l'on trouve dans le split canadien (le FFN).»

Compte tenu de sa mauvaise expérience avec ses deux splits, Alain L. me suggère de recommander aux lecteurs d'attendre quelques mois avant d'acheter le nouveau fonds (Dividend 15). Pourquoi? Il croit qu'après six mois de négociation en Bourse, l'action du fonds se négociera à la moitié de son prix d'émission de 10$.

Les lecteurs ont parfaitement raison de s'interroger sur la future solidité du «Dividend Select 15» quand on constate la malheureuse expérience que des investisseurs ont vécue avec les splits en question. Non seulement les splits ressemblent étrangement au «Dividend Select 15», mais en plus ils ont le même promoteur et gestionnaire de portefeuille, la firme torontoise Quadravest Capital Management.

Un rappel de circonstance. C'est au début de 2005, à la suite d'une émission de 150 millions, que le «US Financial 15 Split Corp.» fait son entrée à la Bourse de Toronto, sous le symbole boursier FTU. Le prix de l'action: 15$.

Le portefeuille dudit fonds renferme des actions de 15 grandes institutions financières américaines dont Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Lehman Brothers, American Express, Merrill Lynch, Morgan Stanley, Sun Trust Banks, U.S. Bancorp, Washinton Mutual, Wells Fargo, AIG, Fith Third Bancorp, Wachovia.

Catastrophe! Le titre s'écrase à la suite de la crise américaine des subprimes et de la plus importante déconfiture bancaire de l'histoire américaine en 2008...

Résultat: les actions de «US Financial 15» s'écrasent. Aujourd'hui, le titre se négocie de peine et de misère juste au-dessus de la barre des 50 cents.

Pour sa part, le «Financial 15 Split Corp. 11» a fait son entrée à la Bourse de Toronto à l'automne 2004 à la suite d'une émission de 180 millions de dollars. Émise sous le symbole FFN, l'action commence sa vie boursière à 15,00$ pièce.

Aujourd'hui, l'action de FFN se transige autour des 4,40$, en recul de 70% par rapport à son prix initial.

Le portefeuille de ce split canadien renfermait à l'origine neuf des grandes entreprises canadiennes que l'on trouve aujourd'hui dans le nouveau «Dividend Select 15».

La principale source de la déconfiture du split canadien porte non pas sur les entreprises canadiennes, mais plutôt sur la portion du portefeuille allouée aux cinq grandes banques américaines (Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase, Merrill Lynch et Wells Fargo). Comme on sait, ces grandes institutions bancaires américaines se sont littéralement effondrées en Bourse.

Le «Dividend Select 15» peut-il lui aussi s'effondrer une fois que ses actions seront cotées à la cote de la Bourse de Toronto? Et autre question pertinente: le dividende de 7% peut-il lui aussi sauter comme ce fut le cas avec les dividendes de 8% promis par les splits précédents?

Qu'on se le tienne pour dit: en Bourse, tout peut arriver!

La mise en garde étant faite, si les titres des 15 grandes sociétés canadiennes composant le portefeuille du «Dividend Select 15» s'effondrent en Bourse, dites-vous qu'il ne restera presque plus rien de la Bourse canadienne.

La sélection des 15 titres se fera parmi les sociétés à dividende suivantes: Banque de Montréal (dividende de 4,7%); BCE (5,5%); Banque CIBC (4,6%); CI Financial (3,80%); Enbridge (3,1%); EnCana (2,6%); Great-West (4,9%); Husky Energy (4,7%); Banque Nationale du Canada (3,8%); Power Corp. (4,3%); Banque Royale (3,6%); Corporation Shoppers Drug (2,3%); Financière Sun Life (5,4%); TELUS Corporation (4,3%); Banque de Nouvelle-Écosse (3,6%); Banque TD (3,2%); Thomson Reuters (3,0%); Groupe TMX (5,0%); TransAlta Corporation (5,3%); et TransCanada Corporation (4,2%).

Mais la Bourse, c'est risqué, j'en conviens.