À toujours regarder par la fenêtre des médias, le monde est un enfer d'égoïsme et de méchanceté, de résignation par rapport aux malheurs passés et de capitulation devant les catastrophes à venir. Est-ce justement parce qu'il s'agit d'une vraie histoire d'altruisme et de solidarité, de détermination et de résilience, que la saga des mineurs chiliens fascine tant la planète entière depuis 48 heures?

À toujours regarder par la fenêtre des médias, le monde est un enfer d'égoïsme et de méchanceté, de résignation par rapport aux malheurs passés et de capitulation devant les catastrophes à venir. Est-ce justement parce qu'il s'agit d'une vraie histoire d'altruisme et de solidarité, de détermination et de résilience, que la saga des mineurs chiliens fascine tant la planète entière depuis 48 heures?

Appelons ça une soif de beauté et de grandeur: un milliard de téléspectateurs ont regardé en direct, tard mardi soir, la «renaissance» du premier mineur à avoir été tiré des entrailles de la Terre, Florencio Avalos, 31 ans.

Ils ont pu voir ensuite un nouveau rescapé émerger toutes les 45 minutes, environ. De sorte que, au moment d'écrire ces lignes, presque tous les naufragés des profondeurs avaient été extirpés sans accroc, après 68 jours, de ce qui aurait pu être leur cercueil. Une fois débarqués de la capsule (en forme de fusée, mais propulsée vers le bas!), tous semblaient en bonne santé, visiblement fous de bonheur.

Évoquer une fusée est d'ailleurs pertinent et plusieurs ont fait la comparaison. La dernière fois que l'humanité a vécu un élan de solidarité de cette nature, en effet, il s'agissait d'un naufrage de l'espace, celui des astronautes de la mission Apollo 13, en avril 1970. Eux aussi avaient survécu parce qu'ils avaient affiché une détermination sans faille, bricolant une solution avec - comme on dit - de la broche à foin...

À la mine de cuivre et d'or de San José, c'est au contraire tout l'éventail des connaissances scientifiques, médicales, psychologiques et technologiques qu'on a pu exploiter: des spécialistes d'une douzaine de pays (dont ceux de la NASA, justement) se sont rendus disponibles.

Pendant ce temps, puisque rien n'est parfait, des prêtres et pasteurs de différentes dénominations religieuses s'agitaient non loin de la cheminée salvatrice. Au nom de sa divinité personnelle, chacun revendiquait le miracle... de sorte qu'il est important de le noter: ce miracle, c'est l'être humain seul qui l'a pensé et fabriqué, cet être dont on ne cesse jamais de douter.

Oui, il est capable de ça aussi, l'être humain.

* * *

Entré en fonction en mars dernier, quelques jours après un terrible tremblement de terre, le président chilien Sebastian Pinera a, depuis le début du drame, prêché la détermination et l'optimisme.

Richissime homme d'affaires, il dirige un pays dont le passé politique est tragique, on le sait, mais l'économie plutôt saine... beaucoup à cause du cuivre, qui compte à lui seul pour le tiers des revenus de l'État. Pinera a promis de revoir l'encadrement réglementaire de l'exploitation des mines (il y en a 4000) qui, visiblement, n'est pas à jour. Maintenant, après tout ce boucan planétaire, il y est littéralement forcé.

Quant à la mine de San José, on sait déjà qu'elle ne rouvrira jamais, appelée peut-être à devenir un lieu de pèlerinage à la gloire de 33 survivants ainsi que de ceux et celles qui les ont sauvés.