Depuis que le gouvernement Charest a confié, beaucoup trop tard, au Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) le mandat de se pencher sur les gaz de schiste, les critiques se sont multipliées sur les limites de ce mandat, sur le délai trop court dont le quasi-tribunal dispose, sur l'absence de moyens pour analyser un dossier aussi complexe. On parle de moratoire, on se demande en outre pourquoi ne pas soumettre les gaz de schiste au même processus qui a été appliqué à l'exploration pétrolière dans le golfe Saint-Laurent.

Depuis que le gouvernement Charest a confié, beaucoup trop tard, au Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) le mandat de se pencher sur les gaz de schiste, les critiques se sont multipliées sur les limites de ce mandat, sur le délai trop court dont le quasi-tribunal dispose, sur l'absence de moyens pour analyser un dossier aussi complexe. On parle de moratoire, on se demande en outre pourquoi ne pas soumettre les gaz de schiste au même processus qui a été appliqué à l'exploration pétrolière dans le golfe Saint-Laurent.

Dans ce dossier, difficile et émotif, on fonctionne à l'envers. On consacre une énergie folle à discuter du processus. L'important, à ce stade-ci, c'est plutôt de se demander ce qu'on veut exactement savoir avant de se lancer dans l'exploitation de cet hydrocarbure que l'on connaît mal.

Mais ce débat, si on peut qualifier la cacophonie actuelle de débat, se déroule dans le plus grand désordre. Cela s'explique en bonne partie par le fait que l'industrie s'est lancée en activité en «cow-boys», et qu'elle l'a fait dans un vacuum où le gouvernement, absent, n'a pas joué son rôle de «bon père de famille». Les gens, surtout ceux que cette production peut affecter, ont eu parfaitement raison d'être inquiets.

Le désordre s'explique aussi par une dynamique militante. Par les environnementalistes rigoureux qui veulent des garanties et des réponses. Mais ceux qui, en partant, sont contre le gaz de schiste, et le gaz tout court, qui ne changeront pas d'idée, qui ne veulent pas vraiment un débat public qu'ils risqueraient de perdre. Leur croisade cherche davantage à faire le plus de bruit possible pour gagner la bataille de l'opinion publique avant que les travaux du BAPE n'aient pu commencer, de peur que ses conclusions n'aillent pas dans le sens qu'ils souhaitent.

Il y a un danger que le Québec rate le bateau, que l'on tue dans l'oeuf un projet qui - on le verra dans quelques mois - sera probablement tout à fait acceptable. On doit évoquer ce risque, parce qu'il est déjà arrivé que notre gouvernement, dans une période où il est affaibli et peu crédible, choisisse de reculer. Les Québécois, en imbéciles heureux, continueraient alors à importer sur 3000 kilomètres du gaz albertain produit dans on ne sait quelles conditions. Une belle victoire pour le Québec, et pour la planète.

Pour mettre un peu d'ordre dans ce débat parti tout croche, en toute logique, si on souhaite être informés, et disposer d'outils pour nous guider dans nos choix, il faudrait se calmer un peu, laisser le BAPE faire son travail, suivre ses travaux attentivement, lire soigneusement son rapport.

Nous pourrons alors évaluer, sur pièce, si l'étude est complète et ses réponses satisfaisantes. Et si ce n'est pas le cas, ce sera le devoir du gouvernement d'aller plus loin dans la démarche avant de donner le feu vert à l'exploitation.

Les réponses n'ont pas à venir d'un seul lieu. Par exemple, les analyses économiques peuvent fort bien être produites par le ministère des Finances. Nous n'avons pas non plus besoin de toutes les réponses d'un coup, parce que nous sommes à plusieurs années du stade de la production. Nous n'avons probablement pas besoin de tout arrêter pendant que l'on réfléchit. On peut, collectivement, marcher et mâcher de la gomme en même temps.

Mais d'abord, il faut dès maintenant identifier les questions pour lesquelles nous voulons des réponses, ce dont nous avons besoin pour prendre une décision éclairée. Selon moi, la liste est longue. J'ai identifié sept grandes questions, ou plutôt sept ensembles de questions, que je décrirai en détail dans ma chronique de vendredi.

À lire vendredi: Les sept questions