«Le mâle traditionnel est une espèce en danger. Il est temps de repenser la masculinité», titre Newsweek, cette semaine (notre traduction). Certes, le thème du déclin de l'empire masculin n'est pas précisément nouveau. Aux États-Unis, la journaliste et essayiste Susan Faludi parlait déjà en 2000 de «l'homme trahi». Et, cet été, The Atlantic a carrément annoncé La Fin des hommes, évoquant même leur chute démographique par rapport aux femmes dans les sociétés développées! (voir le blogue de l'édito sur Cyberpresse.)

«Le mâle traditionnel est une espèce en danger. Il est temps de repenser la masculinité», titre Newsweek, cette semaine (notre traduction). Certes, le thème du déclin de l'empire masculin n'est pas précisément nouveau. Aux États-Unis, la journaliste et essayiste Susan Faludi parlait déjà en 2000 de «l'homme trahi». Et, cet été, The Atlantic a carrément annoncé La Fin des hommes, évoquant même leur chute démographique par rapport aux femmes dans les sociétés développées! (voir le blogue de l'édito sur Cyberpresse.)

Le sujet n'est pas neuf, donc, mais le fait qu'un prestigieux magazine américain à grand tirage aborde le problème de front indique bien son importance et même son urgence.

C'est d'autant plus intéressant pour nous que, sauf exception, les relations entre les sexes sont toujours largement définies au Québec par l'héritage des années 60, les effets de la modernité sur leur évolution étant encore peu pris en compte.

Et que dit Newsweek, au juste?

Ceci: les sociétés développées sont parvenues au stade où les valeurs et compétences dites «féminines» sont mieux adaptées autant à la réussite individuelle qu'au progrès économique et social.

Faludi avait pressenti cette réalité. En 2005, le New York Times avait aussi statué: «Autrefois, c'était un monde d'hommes. Mais l'âge de l'information est venu et a tout changé, faisant de l'éducation la clé du succès. Parce que les femmes sont de meilleures étudiantes, c'est un monde de femmes qui se crée aujourd'hui.»

Des huit millions de travailleurs mis à pied par la crise aux États-Unis, 75% sont des hommes. Les secteurs du marché du travail en expansion sont ceux des emplois traditionnellement «féminins», les qualités intrinsèques qu'ils requièrent étant en général plus proches des habiletés féminines. Les valeurs traditionnelles dites «masculines», dont le stoïcisme, le jeu, l'action sur la matière, la compétitivité, la combativité, sont non seulement discréditées, mais parfois même interdites de séjour, notamment à l'école.

Que faire alors?

C'est aux hommes de s'adapter à ce «monde de femmes», répond Newsweek, mais il faut leur donner un petit coup de pouce.

Ainsi, dans la sphère privée, suggère le magazine, peut-être faut-il imiter l'État suédois qui punit la famille lorsqu'un père refuse de prendre son congé parental. Et, dans la sphère publique, il faut songer à quelques aménagements afin que les hommes s'adaptent aux emplois liés au nurturing - un terme englobant dans ce contexte les soins de toutes natures, l'éducation, le travail social, l'activisme communautaire, l'assistance humanitaire, la psychologie, les relations humaines, etc. Enfin, le magazine américain assène l'argument massue: le produit intérieur brut grimperait de 9% si les hommes s'adaptaient massivement à ce monde nouveau 

Au vrai, ce croisement d'économisme et de recherche à sens unique de l'«égalité» laisse un peu pantois.

Le blogue de l'édito

«Le bonheur au féminin», à lire sur cyberpresse.ca/place-publique