Le projet d'Alimentation Couche-Tard d'acquérir la chaîne de dépanneurs Casey's, malgré l'opposition de la direction de cette dernière, devient de plus en plus complexe et coûteux. Selon plusieurs sources, Casey's a reçu du géant 7-Eleven une proposition à 40$ l'action, 1,50$ de plus que l'offre la plus récente du groupe québécois (tous les montants sont en dollars US).

Le projet d'Alimentation Couche-Tard d'acquérir la chaîne de dépanneurs Casey's, malgré l'opposition de la direction de cette dernière, devient de plus en plus complexe et coûteux. Selon plusieurs sources, Casey's a reçu du géant 7-Eleven une proposition à 40$ l'action, 1,50$ de plus que l'offre la plus récente du groupe québécois (tous les montants sont en dollars US).

Si 7-Eleven est sérieux, Couche-Tard devra soit abandonner la partie, soit bonifier substantiellement son offre. Or, elle l'a déjà fait deux fois: le prix avancé est passé de 36$ à 38,50$ (+7%). Jusqu'où Alain Bouchard est-il prêt à aller pour mettre la main sur les 1500 magasins de Casey's?

Il y a de petits faits inquiétants dans la démarche de Couche-Tard. D'abord le fait que l'entreprise ait lancé cette offre d'achat hostile. Il y a quelques années, parlant de ses difficultés à acquérir l'Ontarienne Silcorp, M. Bouchard n'avait-il pas juré que «jamais plus je ne lancerai une offre d'achat avant de m'assurer de l'assentiment de la direction de l'entreprise convoitée»? Qu'est-ce qui a fait changer d'avis cet entrepreneur parmi nos plus avisés?

Le jour où elle présentait son offre, en avril dernier, Couche-Tard a vendu les centaines de milliers d'actions de Casey's qu'elle détenait afin d'en faire baisser le prix. Le chef de la direction financière, Raymond Paré, avait alors expliqué «que le prix atteint (39$) était trop élevé par rapport à notre évaluation de l'entreprise». Or, il semble bien que Couche-Tard devra offrir plus que 39$. D'ailleurs hier, l'action de Casey's se transigeait à près de 44$, 40% de plus qu'il y a cinq mois.

Cela dit, si le passé est garant de l'avenir, on peut faire confiance à la direction de Couche-Tard pour ne pas perdre les pédales. La compagnie est bien gérée et son endettement est fort convenable. Elle a déjà montré qu'après une acquisition, elle est en mesure de ramener rapidement sa dette à un niveau raisonnable. En outre, la plupart des analystes estiment que même à plus de 40$, l'acquisition de Casey's permettrait à Couche-Tard de générer des synergies substantielles. Les réseaux des deux entreprises aux États-Unis sont complémentaires. En acquérant Casey's, Couche-Tard hériterait d'une compagnie bien gérée elle aussi; les deux groupes pourraient donc apprendre l'un de l'autre.

Pour Couche-Tard, l'enjeu est considérable. Si elle réussit, elle se rapprochera de son objectif ultime de devenir le plus gros réseau de dépanneurs en Amérique du Nord. Nous applaudissons l'audace et l'ambition dont font preuve depuis des années les dirigeants de l'entreprise. En espérant qu'ils ne se départissent jamais de cette autre composante essentielle de leur succès: la prudence.