Le dévoilement probable ce matin de la chute des ventes d'autos en août aux États-Unis risque de jeter du sable dans l'engrenage de l'imminent retour en Bourse de General Motors.

Mais à bien y penser, j'y vois plutôt «la» bonne nouvelle GM du mois. En effet, la baisse des ventes d'autos forcera peut-être la direction de GM à diminuer ses attentes par rapport au prix qu'elle entendait vendre les actions de la nouvelle émission.

Après avoir rescapé et «étatisé» GM en investissant des dizaines de milliards de dollars, les gouvernements américain et canadien souhaitent maintenant récupérer une partie de leurs billes grâce à cette émission d'actions du géant américain de l'automobile.

Les observateurs du milieu de la haute finance croient que le «nouveau GM» a de bonnes chances de récolter jusqu'à 15 milliards de dollars avec ce premier appel public à l'épargne à voir le jour depuis sa restructuration sous la protection de la loi sur les faillites.

Vous aurez compris que cette gigantesque émission d'actions vise uniquement à permettre aux principaux actionnaires du «nouveau GM» de liquider une partie de leurs positions dans l'actionnariat de l'entreprise.

Les positions actuelles des trois principaux actionnaires de GM dans l'actionnariat de l'entreprise sont les suivantes:

> Gouvernement américain (50 milliards): 304 millions d'actions (60,8%)

> Gouvernement canadien (9,6 milliards): 58,4 millions d'actions (11,7%)

> UAW Retiree Medical Trust (16,3 milliards): 102,6 millions d'actions (19,9%)

Pour convaincre les investisseurs qu'il s'agit d'un bon placement, ces derniers sont invités à lire le volumineux prospectus de 743 pages que la direction de GM a déposé auprès des commissions des valeurs mobilières des États-Unis et du Canada.

Quels sont les éléments-clés de ce prospectus de GM susceptibles d'appâter les investisseurs?

Tout d'abord, le fait que GM ait retrouvé le sentier de la rentabilité lors du dernier semestre (bénéfice net de 2,8 milliards) laisse présager que le grand ménage effectué dans la multinationale a finalement porté ses fruits.

Malgré sa cure d'amaigrissement, GM demeure le numéro deux mondial de l'industrie automobile. Le constructeur américain a vendu en 2009 quelque 7,5 millions de véhicules, accaparant ainsi 11,6% du total des ventes mondiales.

Lors de cette année 2009 de grande restructuration financière (et d'incertitude lorsqu'elle était sous la protection de la loi sur les faillites), GM a réalisé un volume de ventes de 104 milliards de dollars. C'est presque la moitié moins qu'en 2006, alors que l'ancienne GM avait enregistré des ventes de 204 milliards. Malgré cela, GM avait rapporté des pertes de 2 milliards.

Comme on sait, la crise financière qui a frappé la planète en 2008 et 2009 s'est lourdement répercutée sur l'industrie automobile. Tous les constructeurs automobiles, y compris le leader mondial Toyota et également Ford, en ont durement arraché.

Même si elle se fait attendre, il est évident que la reprise économique mondiale va un de ces matins poindre de nouveau. Chose certaine, la firme IHS Global Insight voit en rose l'avenir du secteur mondial de l'automobile, grâce notamment à une solide croissance des ventes dans les marchés émergents (Asie sauf le Japon , Amérique du Sud et Europe orientale).

Tenez-vous bien: la firme IHS prévoit que les ventes mondiales de véhicules automobiles croîtront à un taux annuel composé de 6,0% d'ici 2015. Si ce rythme de croissance se matérialise, cela laisse entendre que les ventes mondiales atteindront les 90 millions de véhicules en 2015, soit 24 millions de plus que l'an dernier.

Évidemment, la direction de GM entend profiter largement de la croissance mondiale du marché de l'automobile. Pour ce faire, il lui faut lancer sur le marché des nouveaux modèles répondant au goût des consommateurs, tout en maintenant un rapport qualité-prix concurrentiel.

Une ombre au portrait financier du nouveau GM: les régimes de retraite des employés de GM présentaient à la fin de décembre 2009 une sous-capitalisation de 27,4 milliards.

GM a eu beau se refaire une santé financière en se restructurant grâce à l'aide financière des gouvernements américain et canadien, cela n'a pas allégé pour autant son engagement envers les régimes de retraite de ses employés.

C'est lors du dévoilement prochain du prix de vente des actions que l'on sera en mesure d'évaluer s'il s'agit d'une aubaine ou pas, à comparer au prix des actions des autres constructeurs, tels Ford, Toyota, etc.

Au nombre des neuf preneurs fermes de l'émission, on retrouve la Banque Royale, par l'entremise de sa filiale RBC Capital Markets.

Les actions de GM seront inscrites à la cote des bourses de New York et de Toronto.

À suivre...