Quand ils ont commencé à parler des poules à Montréal, j'étais pour. Puis j'ai entendu les arguments des gens qui sont contre et je suis devenu un peu contre. C'est vrai, les poules attirent les renards, les renards étant la proie habituelle des couguars, on va se retrouver avec des couguars dans les cours des garderies de Rosemont, savez comme les tinenfants sont confiants à cet âge-là: oh le gros minou.

Finalement, je ne sais plus. Me voilà dubitatif. Quand on est jeune, c'est sûr, on est plus tranché: yesss les poules. Ou le contraire: non à la poule au renard et au couguar. Rappelez-vous un truc: la bonne solution à un problème de société ne vient jamais dans l'exaltation. Au lieu de vous jeter dans le débat, faites un petit pas en arrière, mieux: élevez-vous au-dessus du poulailler, si je puis dire.

Je sens les gens un peu déçus. Pourquoi il ne dit rien sur la poule, M. Foglia? Parce qu'il ré-flé-chit, voilà pourquoi. Il est entré en lui-même pour aller y chercher le meilleur. Comme la poule, d'ailleurs. Vous avez déjà vu une poule pondre un oeuf? Cette bestiole incroyablement agitée de tics voilà soudain qu'elle s'immobilise, on la dirait absente au monde: elle est entrée en elle-même pour aller y chercher le meilleur, cot, cot, cot, un oeuf.

Pareil pour moi. Cot, cot, une chronique. Des milliers de chroniques, toujours le meilleur de moi-même. Et vous, le tenant pour acquis: bof, un autre oeuf. Je n'en suis même pas triste, c'est comme ça, c'est tout. La poule ne fait pas ses oeufs pour que vous en fassiez une omelette ou des oeufs à la neige, il est seulement dans sa nature d'aller chercher le meilleur d'elle-même.

Ainsi de cette chronique. Et celle-ci ne fera pas exception.

Alors, contre la poule en milieu urbain? Plutôt contre oui. Ce n'est pas une bonne idée, ni pour les poules ni pour les gens, à moins, à moins d'une valeur ajoutée comme on dit. À moins que cette poule apporte à l'ensemble de la société plus que des oeufs, des oeufs, y en a chez Provigo, posons-nous la bonne question: que pourrait nous apporter la poule, quelque chose qu'il n'y a pas chez Provigo?

D'après vous, qu'est-ce qui nous manque le plus à Montréal, qu'est-ce que les gens de Toronto ne trouvent pas à Montréal et s'en désolent si souvent?

La diversité culturelle.

Il y a encore des quartiers à Montréal complètement blancs et catholiques, le vieux Rosemont presque au complet, l'ancien Pointe-aux-Trembles, des îlots du côté de Honoré-Beaugrand, et aussi dans Maisonneuve. Convenez que c'est un peu honteux en 2010. Mais bon, on ne peut tout de même pas, au nom d'un apartheid à l'envers, introduire de force dans nos îlots puritains de l'Africain rigolo, de l'Asiatique travailleur et du Musulman-pas-du-tout-terroriste. Y veulent pas de toute façon leurs épiceries sont sur Côte-des-Neiges, ça fait loin.

Alors pourquoi pas, dans ces quartiers, des poules multiculturelles?

Depuis le début, je vous entends parler des poules comme si elles étaient toutes pareilles, pas du tout. Allez voir sur le Net. Il y a la poule africaine, la poule de Chine, la poule bleue de Hollande, la poule turque, la poule du Luxembourg, voilà qui introduirait un peu de diversité dans nos quartiers de souche, on pourrait dire aux petits enfants, tu vois la poule noire là, c'est la poule de Bamako, elle, quand elle pond des oeufs, le blanc, il est noir. L'autre à côté, c'est la poule de Shanghai, elle, ses oeufs, y a deux jaunes dedans.

Ça ne serait pas long que nos petits enfants seraient aussi multiculturels que ceux de Toronto.

Ne me remerciez pas.

BOUCANE - C'est arrivé entre Joliette et Berthierville, vendredi 13. Vous pouvez mettre ça sur le compte de la fatalité du vendredi 13. Pouvez penser aussi qu'on est dans le berceau de la vitesse, Berthierville, le musée Gilles-Villeneuve, ça roule dans ce coin-là, vroum vroum, les petits rangs sont moins bucoliques que le suggère leur nom, le rang Saint-Charles, le rang de la Rivière Bayonne, le rang des Cascades, le rang de la petite Chaloupe (la 158).

Sur la 158 justement, vendredi soir, deux jeunes dans une Honda S2000, en doublant une voiture dans une courbe, ont percuté une autre voiture qui s'en venait en sens inverse. Trois morts: les deux jeunes, 17 et 23 ans, et le monsieur dans l'auto percutée. Le monsieur revenait de son chalet avec sa femme, c'est elle qui conduisait (elle a été gravement blessée).

Selon le père du jeune chauffeur, il avait récemment reçu une contravention de 650$ à peu près au même endroit pour excès de vitesse, il prenait de sa S2000 un soin maniaque, les deux jeunes travaillaient dans un garage, deux braves petits gars de char.

Sur Facebook, la soeur du plus jeune invite les amis de son frère à venir faire crisser leurs pneus sur l'asphalte, un show de boucane, samedi après les obsèques.

Commentaire d'une amie de la soeur, sur Facebook toujours: un show de boucane, quelle bonne idée, la police va capoter.

Mon premier commentaire: yé.

Mon deuxième commentaire: c'est le monsieur qu'ils ont tué qui va être content quand la boucane va arriver au ciel.