C'est confirmé par Yvon Michel lui-même. Les dirigeants de HBO lui ont dit hier matin lors d'un petit-déjeuner qu'ils voulaient en priorité absolue un match entre Lucian Bute et Jean Pascal: «Un match revanche contre Chad Dawson est prévu au contrat de Jean Pascal, mais nous avons le droit de présenter un autre combat avant la revanche contre un adversaire intéressant. Les dirigeants de HBO qui ont tripé fort sur Pascal samedi soir ont insisté. Jean Pascal contre Lucian Bute, c'est LE combat. Un naturel», a expliqué Yvon Michel hier après-midi.

C'est effectivement le combat qui attirerait 22 000 spectateurs au Centre Bell et un auditoire énorme tant à la télévision américaine qu'au Québec. Mais Lucian Bute se bat dans les 168 livres et Jean Pascal dans les 175. Il faudrait que Bute accepte de monter de catégorie, ce qui est un risque énorme pour un champion du monde comme lui. De plus, Lucian Bute est la tête d'affiche d'InterBox alors que Jean Pascal est le joyau de GYM.

Mais si HBO met assez de millions sur la table, il est probable que les deux organisations vont trouver des raisons pour organiser ce combat.



Et voici... Muhammad Ali!

Les vétérans du métier et les connaisseurs l'ont remarqué. Depuis quelques années, Jean Pascal reprend quelques-uns des trucs de Muhammad Ali quand vient le temps de faire sa promotion. Cette fois, il a été très tranquille avant le combat, mais après sa victoire spectaculaire contre Chad Dawson, il a offert une excellente reprise du comportement de Cassius Clay après sa première victoire contre Sonny Liston. Debout dans les câbles des coins du ring, prêchant le droit au rêve et à sa poursuite, clamant son amour pour le Québec et sa volonté d'envahir l'Amérique comme champion, on a eu droit à une belle démonstration.

Vous ne serez pas surpris d'apprendre que Jean Pascal est un passionné de l'histoire de la boxe et je me disais que tous ces documents vidéo mettant en vedette Muhammad Ali, il devait les connaître par coeur: «Bien justement, non. Le grand Muhammad Ali, c'est avant mon temps. Ma réaction après ma victoire a été spontanée. Mais je voulais dire d'une certaine façon que la boxe, comme tous les sports, c'est 75% mental. C'est entre les deux oreilles qu'on doit être le plus fort. Et ça s'applique aussi à la vie», a-t-il dit hier après-midi quand je l'ai joint.

Mais il y a quelque chose de bien plus important que les manifestations de joie et de prêche après une grande victoire à la Ali. Il y a l'autre imitation, celle du calme et du courage du grand Ali dans un ring, celle de la concentration pendant un combat, celle de l'intelligence pendant un match quand l'adversaire est solide et courageux comme l'a été Chad Dawson et celle d'une préparation surhumaine qui permet de venir à bout d'un adversaire.

À une certaine époque, ceux qui rêvent d'un Québec bien docile trouvaient que Jean Pascal n'était qu'une grande gueule. Depuis, Pascal a fait taire tous ses dénigreurs par des démonstrations extraordinaires de courage et de talent. Ne reste que la vraie confiance en soi, et ce message du champion est plus que bienvenu.

Samedi, contre un adversaire classé sixième au monde, livre pour livre, par Ring Magazine et quatrième au monde par ESPN, Pascal n'a jamais cédé un pouce de terrain. Et à plusieurs reprises, c'est Dawson qui s'énervait devant une situation qu'il n'avait pas prévue. Dans le passé, les boxeurs québécois qui se sont attaqués à des icônes comme l'était Chad Dawson se sont fait démolir. Jean Pascal, lui, a gagné. Et fort bien. La fiche de 106-103 de deux juges sur trois reflétait fort bien l'allure du match. Et quand le combat a pris fin sur le choc accidentel des têtes des deux boxeurs, Pascal avait traversé la tempête provoquée par les attaques désespérées de Dawson et s'apprêtait à lui en river une couple sur le kisseur.

«C'était ma stratégie dans le 11e round. Faire en sorte que Dawson se fatigue pour qu'il soit vulnérable dans la deuxième partie du round», a noté Jean Pascal hier lors de notre conversation.

Hé! C'était Muhammad Ali au Zaïre contre George Foreman...

Un vrai millionnaire

Il y a des histoires tellement belles qu'il faut trouver 10 lignes pour les raconter. Jean, 64 ans, a gagné 250 000$ à Loto-Québec, il y a quelques mois. Il a continué à travailler comme gardien de nuit dans une maison de vieux à Hébertville à 3$ de l'heure. Samedi après-midi, il a gagné... 2 millions et demi à la loto: 2,5 millions! Samedi soir, il était à son poste pour prendre soin de ces aînés qui sont si démunis quand ils se réveillent la nuit et qu'ils se sentent seuls: «Je vous abandonnerai pas pour 2 millions et demi», a-t-il dit à Lucette...

Jean-René Dufort...et le 41 de Halak

Jean-René Dufort est le porte-parole de la Coupe Rogers. Il participe beaucoup. Hier, il avait le goût de jaser de hockey. Il me racontait que son fils de 8 ans, Arnaud Dufort-Laporte, jouait au hockey dans la rue cet été quand Jean-René est arrivé avec la nouvelle: «Tous les petits gars portaient un chandail 41 avec le nom Halak dans le dos. Ils voulaient tous être Halak. Quand je leur ai annoncé que le Canadien avait échangé Halak, le bruit des bâtons de plastique sur l'asphalte a cessé. Ils étaient ravagés. Moi, je me pose des questions sur les valeurs transmises par l'organisation. Je disais et je répétais à Arnaud que dans la vie, il fallait travailler dur comme Halak et se montrer aussi déterminé et qu'on finirait par s'imposer et être numéro un. Là, va falloir que je lui explique des valeurs bien différentes», de dire l'animateur.

On aura compris qu'on peut être numéro un en tenant la bonne bouteille...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Jean Pascal (à gauche) a porté les meilleurs coups pour la majeure partie du combat contre Chad Dawson.