«La mondialisation n'est pas la colonisation du monde par l'Occident, elle marque plutôt le dépassement des barrières qui isolaient les cultures locales, elle tend à les ouvrir les unes aux autres», estime le philosophe Thierry Wolton (dans Quatrième guerre mondiale).

«La mondialisation n'est pas la colonisation du monde par l'Occident, elle marque plutôt le dépassement des barrières qui isolaient les cultures locales, elle tend à les ouvrir les unes aux autres», estime le philosophe Thierry Wolton (dans Quatrième guerre mondiale).

En dépit des milliers de vitrines de McDo cassées au nom de la haine mondialisée de la mondialisation, Wolton a raison: depuis un quart de siècle, la mondialisation a en effet enrichi - tant économiquement que culturellement - la plus grande partie des populations qu'elle a touchées.

On l'a souvent noté ici: prospérité et culture marchent généralement main dans la main.

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Au XVIIIe siècle, une des grandes victoires de la «pré-mondialisation» fut de placer sur la... liste européenne des best-sellers un «produit culturel» de la France, un des empires de l'époque: l'Encyclopédie de Diderot!

Aujourd'hui, si la mondialisation est largement portée par les États-Unis, elle a aussi créé de puissants blocs culturels régionaux. Dans le monde arabe, les media cities poussent comme des champignons. Même explosion en Inde: «Nous sommes en train de bâtir l'industrie du XXIe siècle!» dit un des pontes de Bollywood (dans Mainstream, de Frédéric Martel: voir le blogue de l'édito à son sujet). La pop mondiale est littéralement squattée par les cultures africaine et latine. 

De fait, «les cultures régionales se renforcent partout (et) l'entertainment américain est souvent produit par des multinationales européennes, japonaises ou désormais indiennes, alors même que les cultures locales sont de plus en plus souvent coproduites par Hollywood», constate Martel. C'est ce que prédisait dans Le XXIe siècle sera américain, il y a 20 ans, l'essayiste d'origine brésilienne Alfredo Valladao. Il parlait alors de l'émergence d'une «Amérique-monde» gérant «un processus de production culturelle dont la matière première se trouve dans les cultures particulières, dans les cultures nationales».

De fait, tous les continents ont progressé dans ce réseau d'échanges... sauf l'Europe. Ses exportations culturelles diminuent en effet de 8% par année, alors qu'en Amérique, elles progressent de 10%!

Pourquoi?

Parce que les Européens refusent de participer pleinement à la culture mainstream, juge Martel. Et ils préfèrent ignorer que «les frontières qui séparent l'art de l'entertainment sont pour une large part le résultat d'appréciations subjectives. L'endroit où vous placez cette frontière est souvent un indice de l'année où vous êtes né et de votre couleur de peau». Art contre divertissement: c'est une guéguerre qui agonise faute de combattants, sauf en Europe... et dans quelques poussiéreuses officines québécoises, bien entendu.

Aujourd'hui, ce que Frédéric Martel appelle la «guerre mondiale de la culture», dont les enjeux sont autrement plus importants pour les peuples, se déroule à un autre niveau, infiniment plus intéressant.

LE BLOGUE DE L'ÉDITO

De Mahler à Lady Gaga...