Depuis le krach éclair du jeudi 6 mai dernier, Wall Street fait peur à la moindre mauvaise nouvelle susceptible d'inquiéter les spéculateurs.

Il y a de quoi. Lors de cette mémorable séance, la Bourse de New York a littéralement perdu la maîtrise de ses grands indices boursiers. On a notamment été témoins d'une chute de 1000 points sur le Dow Jones en moins d'une demi-heure et puis à son rebondissement de 600 points dans l'heure suivante. Le minikrach s'est évidemment répercuté sur tous les autres grands indices boursiers de la planète.

Comme on ne connaît pas la «vraie» cause à l'origine de ce krach éclair, aussi amplifié soit-il par les systèmes informatiques d'échanges préprogrammés, on a l'impression de boursicoter sur des parquets minés, susceptibles de nous faire sauter le portefeuille à tout moment.

Quand le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, trouve lui-même le système financier «si compliqué» en raison des «interactions avec tellement de marchés différents dans des pays différents et beaucoup d'ensembles de règles», il y a lieu de s'interroger sur les chances de l'investisseur ordinaire de tirer son épingle de la Bourse.

À la suite de la sévère correction des mois de mai et juin, Wall Street n'a pu faire mieux que boucler le premier semestre de l'année 2010 dans le rouge assez foncé, avec des reculs respectifs de 7,6% pour le principal indice new-yorkais, le S&P 500, de 7,1% pour le NASDAQ, et de 6,3% pour le Dow Jones. Le Canada s'en est tiré avec une baisse semestrielle de 4%.

Quelles sont les causes de cette autre déprime boursière qui a sévi en mai et juin? Elles sont nombreuses. L'Europe nous menace avec de présumés problèmes de liquidités bancaires, des problèmes de croissance anémique et de lourdes inquiétudes par rapport aux dettes publiques de divers gouvernements européens (Grèce, Espagne, Portugal, Italie, etc.). Aux États-Unis, l'économie américaine s'est fait frapper par des mauvaises nouvelles, telles la baisse de confiance des consommateurs, la catastrophe pétrolière dans le golfe du Mexique, la faible reprise de l'immobilier, etc. L'autre jour, des économistes ont sérieusement mis en doute les statistiques de croissance économique de la Chine. Ce qui a eu pour effet immédiat de faire peur à la Bourse canadienne, laquelle est «surpondérée» dans les valeurs boursières liées aux ressources.

La déprime boursière des deux derniers mois risque d'empirer au fil des deux derniers trimestres de l'année 2010. Des analystes croient que Wall Street pourrait chuter de 10% à 20% supplémentaires au cours des prochains mois... Historiquement parlant, d'ailleurs, quand le Dow Jones termine le premier semestre de l'année à la baisse, comme c'est le cas cette année, il y a 70% de probabilités qu'il termine l'année dans le rouge.

Toutefois, il faut replacer cette correction boursière dans sa juste perspective. Entre le creux de mars 2009 et le haut d'avril dernier, la Bourse canadienne a explosé de 63% et la Bourse américaine de 80%. On était mûr pour une correction plutôt sévère.

Si les marchés devaient continuer de reculer sensiblement, cela nous apporterait de belles occasions d'achat. J'en conviens, cela prend des nerfs solides pour investir dans un marché baissier... et un dodu coussin d'argent.

Fait important à souligner: plusieurs analystes voient la Bourse américaine d'un oeil très positif. Pourquoi? Parce que les multinationales de son principal indice, le S&P 500, se négocient actuellement à des cours relativement bas par rapport aux prévisions de bénéfices.

Les titres du S&P 500 s'échangent présentement dans un rapport représentant 12,3 fois les bénéfices anticipés des 12 prochains mois alors que le rapport cours/bénéfices historique des 20 dernières années est de 18,4.

Cela laisse présager que la Bourse américaine serait actuellement sous-évaluée de 33% par rapport à la moyenne historique de son rapport cours/bénéfices.

Drôle de coïncidence: le 30 juin dernier, le niveau du S&P 500 accusait exactement 30% de recul par rapport à la clôture de décembre 1999, il y a 10 ans et demi. Le Dow Jones s'échangeait en baisse de 15% et le NASDAQ était en brutale chute de 49%. À titre de comparaison, sachez que la Bourse canadienne affiche une hausse de près de 40% par rapport à décembre 1999.

Si vous voulez tenter votre chance avec la Bourse américaine, je vous invite à investir dans le iShares XSP, fonds qui suit la performance de l'indice S&P 500 de la Bourse de New York.

Il s'agit d'un fonds négocié à la cote de Toronto. Le rendement copie en dollars canadiens l'évolution du principal indice de Wall Street.