Chaque année, dans le monde, 350 000 femmes meurent des suites d'un accouchement. Et neuf millions d'enfants décèdent avant d'avoir atteint l'âge de cinq ans. La majorité de ces morts surviennent en Afrique. Et la plupart pourrait être évitée, avec des moyens suffisants.

Le gouvernement de Stephen Harper a voulu profiter du sommet des leaders des huit pays les plus riches de la planète pour lancer une ambitieuse initiative visant à stopper cette hécatombe.

Le simple examen des engagements annoncés hier montre que l'élan est tombé à plat. D'abord, parce que le montant global est insuffisant, compte tenu des besoins. Et ensuite, parce que le Canada fournit un effort financier disproportionné comparativement à ses partenaires du G8. En d'autres mots, son appel à la générosité internationale n'a pas été suivi.

Globalement, le premier ministre a annoncé que sept milliards de «nouveaux» dollars seront affectés à la lutte contre la mortalité maternelle et infantile d'ici 2015. Or, il en faudrait quatre fois plus pour atteindre les fameux objectifs du Millénaire en cette matière. Sept milliards, ce n'est pas rien. Mais c'est loin, très loin du compte.

De ces sept milliards, cinq seront versés par des pays du G8. À lui seul, le Canada fournira un peu plus d'un milliard, soit 20% de la mise. C'est démesuré, compte tenu de son poids démographique et économique. Les mines longues affichées hier par les représentants d'organisations humanitaires qui s'occupent de la santé des femmes et des enfants en disaient long, hier soir. La déception était généralisée.

Si l'on oublie le débat sur l'exclusion des services d'avortement, tous accueillaient pourtant favorablement «l'initiative de Muskoka.» Pourquoi donc le projet a-t-il si peu levé ? Pourquoi l'appel à la générosité a-t-il été suivi avec si peu d'enthousiasme ?

Il est trop tôt pour comprendre avec certitude ce qui s'est passé. Mais on peut avancer quelques hypothèses. Il y a bien sûr la situation financière précaire des pays développés, qui freine naturellement leurs élans de compassion. Certains estiment que tout compte fait, le milliard allongé par Ottawa ne constituait pas une mise de fonds assez substantielle pour donner l'exemple auquel on s'attend de la part d'un pays hôte du G8.

Peut-être aussi que les tergiversations autour du financement de services de contraception (qui ont finalement été inclus) et de l'avortement (qui ne l'ont pas été), ont fait partir toute cette louable entreprise du mauvais pied. 

Mais peut-être aussi que le Canada, qui n'a pas particulièrement brillé sur la scène internationale ces dernières années, a tout simplement eu du mal à convaincre ses partenaires qu'il était redevenu le leader qu'il a déjà été.