On pourrait y voir un signe: le commandant des Forces américaines au Moyen-Orient, David Petraeus, a été victime d'un malaise subit alors qu'il rendait des comptes au sujet de l'Afghanistan à une commission du Sénat. Cela se passait mardi. Hier, le général était suffisamment remis pour reprendre son témoignage. Et concéder que les opérations militaires connaissent une évolution «en yoyo», faite de progrès et d'échecs.

On pourrait y voir un signe: le commandant des Forces américaines au Moyen-Orient, David Petraeus, a été victime d'un malaise subit alors qu'il rendait des comptes au sujet de l'Afghanistan à une commission du Sénat. Cela se passait mardi. Hier, le général était suffisamment remis pour reprendre son témoignage. Et concéder que les opérations militaires connaissent une évolution «en yoyo», faite de progrès et d'échecs.

On pourrait dire qu'il y a de quoi être étourdi... mais la réalité ne prête pas à rire.

Car l'opération afghane n'est plus seulement un casse-tête ou un bourbier. Aujourd'hui, elle prend de plus en plus la forme d'un labyrinthe dans lequel tout le monde perd ses repères. On le voit même ici, au Canada, avec la pirouette du Parti libéral du Canada qui, après l'avoir combattue, souhaite maintenant l'implication de nos Forces armées après la fin 2011, date pourtant convenue et arrêtée du retrait canadien!

Pour mille raisons, dont la plus convaincante est certainement la volonté populaire, le gouvernement Harper ne doit pas revenir sur cette décision.

Cependant, c'est sur le terrain que ce manque de repères se fait le plus cruellement sentir. Comme dans un mauvais film d'espionnage, tout le monde doute maintenant de tout et de tout le reste.

Ainsi en est-il de la «découverte» dans le sol afghan de richesses minières - or, fer, cuivre, cobalt, lithium - à hauteur de 1000 milliards de dollars: la chose n'a pas réjoui, mais inquiété! Qui en profiterait, en effet? Ce qui tient lieu d'État afghan? Le clan Karzaï ? Les chefs de guerre? Les talibans, que cela pourrait même pousser à redoubler d'ardeur?

Ainsi en est-il encore du président Karzaï lui-même, dont on sait qu'il ne jouit plus de la confiance des Américains: il retourne maintenant la politesse. Il serait convaincu, affirment des sources, que Washington a téléguidé l'attaque de la «jirga de la paix», à Kaboul, inaugurant un été qui sera tout sauf pacifique! (Le fait est que Karzaï a par la suite congédié deux pontes de la sécurité, dont le ministre, respectés des Américains.)

Ainsi en est-il enfin des militaires américains eux-mêmes: ayant probablement perdu la foi, ils manient anxieusement la périphrase et l'approximation, comme on l'a vu devant le Sénat. «La vérité, c'est que l'administration américaine ne croit plus pouvoir gagner cette guerre, mais ne sait pas non plus comment y mettre fin», juge Bob Herbert dans le New York Times...

Se souvient-on que, des deux guerres, Irak et Afghanistan, la seconde était la juste et la nécessaire (c'était vrai)? Se souvient-on que Barack Obama avait promis de redonner un sens à ce conflit (c'était trop espéré)?

Au total, que d'angélique idéalisme ! Et que de vaines illusions!