Ce qui a le plus frappé les esprits dans la crise financière de la Grèce, c'est le fait que les Grecs, malgré leur pauvreté relative, avaient droit à une pleine retraite à 58 ans. Les Allemands, entre autres, qui prennent leur retraite à 67 ans, se demandaient pourquoi ils devraient aider des gens qui travaillaient neuf ans de moins qu'eux.

Ce qui a le plus frappé les esprits dans la crise financière de la Grèce, c'est le fait que les Grecs, malgré leur pauvreté relative, avaient droit à une pleine retraite à 58 ans. Les Allemands, entre autres, qui prennent leur retraite à 67 ans, se demandaient pourquoi ils devraient aider des gens qui travaillaient neuf ans de moins qu'eux.

Y a-t-il un parallèle à faire avec le Québec? Une chroniqueuse du Calgary Herald, Licia Corbella, qui est également éditrice de la page éditoriale, n'a pas hésité à le faire plus tôt ce mois-ci.

«Au Québec - qui a choisi l'opting out du Régime de pensions du Canada et qui administre son propre régime - les citoyens peuvent prendre leur retraite avec une pleine pension à 62 ans. Dans le reste du Canada, l'âge où les cotisants peuvent recevoir les pleins bénéfices est de 65 ans. Quand on tient compte du fait que le Québec a reçu 8,6 milliards en paiements de péréquation sur un «pot» total de 14,4 milliards, on peut dire sans risque que ce sont les provinces riches - la Colombie-Britannique, l'Alberta et l'Ontario - qui paient pour les retraites précoces des Québécois.

La chroniqueuse avait tout faux. Elle a choisi le pire exemple pour soutenir sa thèse. Le Régime des rentes du Québec, indépendant du régime fédéral, n'est absolument pas subventionné par le reste du Canada. Il est entièrement financé par ses cotisants, travailleurs et employeurs. S'il est plus généreux, c'est en bonne partie grâce à la Caisse de dépôt qui a géré les fonds de façon moins pépère que le Régime de pensions du Canada.

Si le raisonnement était bancal, il reflète néanmoins un courant: la colère des provinces riches qui sont tannées de payer. C'est un élément nouveau dans la dynamique du fédéralisme dont il faut prendre acte. D'autant plus que le Québec a contribué, par son attitude, à nourrir ce sentiment.

En 2007, l'Alberta a versé environ 15 milliards de plus en taxes et impôts à Ottawa qu'elle n'a retiré en services et en programmes. L'Ontario, 20 milliards. Le Québec, de son côté, reçoit 4 milliards de plus qu'il ne verse. Il est en outre le plus gros récipiendaire de la péréquation. Et comme le Québec se paie des services qui n'existent pas dans les autres provinces, comme l'assurance médicament ou les garderies à 7$, la chroniqueuse n'avait qu'un petit pas à faire pour conclure que ce sont les provinces riches qui paient les programmes québécois.

Ce raisonnement est également faux. Le Québec offre plus de programmes à ses citoyens, 17,5 milliards de plus que l'Ontario. Mais ces services additionnels sont largement payés par les Québécois eux-mêmes, plus taxés et plus endettés.

Il y a cependant un fondement dans l'agacement des provinces riches. Elle tient à l'attitude du Québec. Le fédéralisme repose sur un système de vases communicants dont le Québec est le bénéficiaire. Et ça, le Québec a du mal à le reconnaître. Un sondage CROP réalisé pour l'Idée fédérale montrait que 31% des Québécois croient que le Québec donne plus à Ottawa qu'il ne reçoit, et 30% qu'il donne autant.

Il s'est d'ailleurs développé une véritable culture de la dépendance, que l'on a vue à l'oeuvre quand le gouvernement Charest n'a pas voulu augmenter les tarifs d'électricité parce que le type de revenu entre dans le calcul de la péréquation, et que cela réduirait la grosseur du chèque d'Ottawa. Un vrai raisonnement de BS.

Et quand le premier ministre Charest est allé à Copenhague dénoncer les sables bitumineux canadiens, une des sources de la prospérité fédérale, ce fut la goutte qui a fait déborder le baril.