Dans le corridor grouillant de journalistes qui sépare les vestiaires des deux équipes au Wachovia Center, les employés du Canadien empilaient les sacs des joueurs à toute vitesse, quelques minutes après le sifflet final.

L'équipe n'avait qu'une chose en tête: rentrer au plus vite dans le doux cocon de Montréal pour y panser les plaies laissées par les deux défaites qu'elle vient de subir aux mains des Flyers de Philadelphie. Et tenter, si possible, de trouver les solutions à l'énigme posée par ses adversaires.

Pour la première fois ce printemps, le CH tire de l'arrière 2-0 dans une série. Même si l'effort a été nettement meilleur hier soir que lors du premier match, surtout en première période, le Canadien risque d'avoir bien du mal à se sortir de son mauvais pas actuel si Michael Leighton continue de jouer comme la réincarnation de Bernard Parent.

(Ça sera encore plus difficile si son vis-à-vis Jaroslav Halak, par ailleurs auteur de quelques beaux arrêts, connaît d'autres moments d'égarement comme celui ayant mené au but de Ville Leino, en troisième période. Y avait-il un trou dans sa mitaine ou quoi? Des souvenirs de Cristobal Huet me sont revenus en mémoire...)

Une bonne manière de percer la muraille de Leighton serait de finalement trouver une manière de mettre en route l'attaque à cinq. Cela fait deux matchs de suite que l'équipe de Jacques Martin ne fait pas grand-chose avec l'avantage d'un homme. Sur les quatre occasions, hier, une seule, pendant la punition à Leino, en première période, était vraiment convaincante, avec plusieurs chances de marquer à proximité du filet de Leighton.

Il est d'autant plus important de faire débloquer l'attaque à cinq que celle des Flyers tourne à plein régime. Elle a maintenant quatre buts en deux parties, mais dans les faits, elle en a cinq ou six, deux de ses buts dans le premier match étant survenus juste après la fin de punitions au Canadien. Si cette tendance ne se corrige pas rapidement, la série ne passera même pas proche de se rendre à la limite.

Des répercussions négatives?

Après ces deux défaites par blanchissage, le Canadien semble fragilisé. Dans ces circonstances, il est crucial d'avoir un vestiaire uni et soudé. Et il y a lieu de se demander si la décision de Jacques Martin d'inclure Sergei Kostitsyn dans sa formation aux dépens de Benoît Pouliot n'aura pas des répercussions négatives.

Après la rencontre, Martin a dit qu'il voulait «en avoir plus» de la part de Pouliot, avant d'ajouter que c'était une occasion pour «un autre gars» de démontrer ce qu'il pouvait faire.

Un peu de rigueur, S.V.P. Le pauvre Pouliot ne faisait absolument de rien de bon à l'attaque, on s'entend tous là-dessus. Mais pourquoi remplacer un joueur devenu quantité négligeable par un autre guère plus menaçant et mal aimé par-dessus le marché? Si Martin n'avait pas l'intention de faire jouer Kostitsyn - dans le sens de vraiment lui donner du temps de jeu, pas huit présences pour un total de moins de cinq minutes - pourquoi l'avoir réintégré dans la formation?

Martin a fait un pari dangereux en misant sur Kostitsyn. Non seulement le jeune attaquant bélarusse n'a rien apporté de plus à sa formation, mais Martin court le risque d'avoir mis en colère certains vétérans qui n'ont pas encore digéré la désinvolture manifestée par le cadet des frères K. cette saison.

Cela dit, certains leaders de l'équipe devraient aussi faire un sérieux examen de conscience. Scott Gomez a annulé trois supériorités numériques du Canadien en deux matchs en écopant de mauvaises punitions. Ce n'est pas comme ça qu'on lui a enseigné les choses de la vie au New Jersey.

Le Canadien peut encore se sortir du trou. Mais la réalité, c'est qu'il est en train de se faire servir par les Flyers la même médecine qu'il a fait goûter aux Capitals de Washington et aux Penguins de Pittsburgh. Une victoire hier aurait effacé les doutes sérieux suscités par sa tenue lors du premier match. Une défaite serrée aurait pu être tolérable. Mais un autre blanchissage? Il serait étonnant que le doute ne se soit pas installé dans la tête des joueurs de Jacques Martin. Et dans celle de leurs partisans.

Vinny, Marty, Dannii...

S'il y a une chose qui m'énerve souverainement dans le monde du hockey, c'est la propension des médias et des équipes anglophones à angliciser les prénoms des joueurs francophones. Comme dans Ray Bourque, Vinny Lecavalier ou Marty St-Louis.

J'ajouterais bien Danny Brière à la liste. Mais selon le relationniste des Flyers, c'est Brière lui-même qui a demandé à ce qu'on l'appelle Danny et non Daniel. Paraît que Daniel, en anglais, ça sonne trop féminin. Comme dans Daniel Carcillo, j'imagine.

Je ne voudrais pas faire de peine à Daniel, pardon, Danny. J'espère juste qu'il ne m'en voudra pas trop de retoucher légèrement l'orthographe de son diminutif. Me semble que Dannii, c'est tellement plus joli.