Souvenez-vous: il y a quelques semaines à peine, la question à chaque partie était de savoir: quelle équipe se présentera sur la glace, ce soir? L'équipe sans entrain ni cohésion, négligente, erratique, capable de se faire gruger une avance de deux buts ou de ne pas compter du tout? Ou bien l'équipe dans laquelle on devinait beaucoup de... potentiel, comme on dit toujours pour se consoler quand ça ne va pas trop bien?

Depuis 14 matches, et en particulier depuis les deux «septièmes» contre les Capitals et les Penguins, la question ne se pose plus. On peut être sûr que c'est le Canadien de Montréal, le vrai, qui se présente sur la patinoire à chaque partie.

 

Peut-être pas le Canadien dynastique de la poignée de surhommes, des quelques artistes du patin et des coupes Stanley en rafales qui ont marqué son histoire. Mais, peut-être plus admirable encore, le Canadien du coeur et du courage, du sacrifice et du travail - oui, dans les coins! Le Canadien des acharnés, des têtes de mule, des bûcheux. Le Canadien des pénalités évitées par pure discipline ainsi que des buts redevables aux coups stoïquement encaissés et à l'effort qui fait mal. Le Canadien des belles surprises, enfin, émergence d'un génie latent ou arrivée d'une star toute neuve, qui surgit lorsqu'une équipe parvient à un niveau d'intensité tel qu'elle brûle la glace.

Jaroslav Halak, vous avez dit? Et P.K. Subban?

Mercredi soir, les adversaires, qui ont vu tout de suite qu'un malheur menaçait de s'abattre sur eux, en ont été instantanément perturbés, tel Sidney Crosby écopant d'une pénalité extraordinairement coûteuse à la dixième seconde de jeu. Hypnotisés, comme Brooks Orpik retenant un Maxim Lapierre rigolard sur l'arrière du filet pendant que la rondelle y pénétrait par l'avant. Changés en statues de sel, tel le grand Sergei Gonchar que Travis Moen contourne en sifflotant presque, comme il l'aurait fait pour un banc de parc...

Est-ce que ça peut continuer de cette extraordinaire façon?

Souvenez-vous aussi du début de la troisième période, mercredi, à Pittsburgh. L'écart réduit à deux buts, les Glorieux jouant en infériorité numérique et Crosby bourdonnant autour du filet de Halak, qui d'entre nous n'a pas pensé avec angoisse que le Canadien est peut-être encore fragile et que...

Dimanche, contre les Bruins ou les Flyers, peu importe, il faudra chasser cette pensée-là. Surtout pour ne pas gâcher l'intense plaisir que cette équipe transfigurée nous procure.

Coupe Stanley ou pas.