Un vieux dicton du monde du hockey veut qu'on laisse son ego à la porte du vestiaire. J'aime bien. Ce qui me plaît le plus dans les sports d'équipe, c'est le moment où chacun oublie sa petite personne et s'intègre au groupe. Le groupe devient alors redoutable et peut réussir des choses étonnantes.

Les joueurs du Canadien le disent et nous le voyons très bien: ils en sont là. Un pour tous, tous pour un. Les mousquetaires, ce n'était pas des conneries.

En ces temps où la célébrité, l'individualisme et la poursuite de l'argent ont la cote, qu'est-ce qui se passerait si nous suivons l'exemple du Canadien? Dans notre lieu de travail, avec nos amis, notre famille, dans notre ligue de garage...

Vous pardonnerez le ton un peu curé, mais qu'est-ce qui se passerait si les célébrités et les riches, à commencer par Sidney Crosby, ne recevaient ni ne demandaient de traitement de faveur? S'ils renonçaient à leurs privilèges?

Pensez à Claude Dubois, qui a pourtant écrit de très belles chansons sur le petit peuple de Montréal, et qui a marché sur la tête des gens ordinaires pour être vacciné avant eux. Je parle de cette attitude bien de notre temps.

Imaginez un peuple entier qui retiendrait la très belle leçon que le Canadien nous offre. Chacun qui fait sa part et qui est toujours prêt à venir au secours de l'autre.

On aime tellement nos p'tits gars, pourquoi ne pas faire comme eux? On peut bien rêver, monsieur le curé, mais les faits sont éloquents.

Bonne humeur municipale

Dominique, un Niçois qui tient un petit café rue Rachel, nous promet avant chaque match que le Canadien va l'emporter. «Et maintenant, ils vont leur brosser le cul à Pittsburgh. L'important, c'est de semer le doute chez l'adversaire. Et là, le doute a nettement changé de côté...» (Brosser le cul?)

Chez les Italiens un peu plus loin... le Canadien, sans problème, c'est certain. Ils n'hésitent pas à parier un p'tit deux.

Un couple de clients âgés assis à une table cherche la bonne prononciation du nom de Michael Cammalleri. Ils s'entendent pour Cammallero, qui doit être italien.

Le concierge mexicain qui travaille dans notre immeuble nous salue avec des «Go! Habs! Go!»

Ma voisine Waleska, qui est Guatémaltèque, se cachait la tête dans son chandail pendant les dernières minutes de jeu lundi soir, trop nerveuse pour regarder. Elle est sortie en courant des toilettes du bar, en finissant d'attacher son pantalon, pour voir la reprise du but de Lapierre.

Et dire qu'à une époque, c'était comme ça chaque printemps, jusqu'à la parade sur la rue Ste-Catherine. On dira ce qu'on voudra, le Canadien qui pète le feu en séries éliminatoires, ça donne un autre visage à la ville, un visage souriant. Des gens qui ne se parleraient jamais discutent fort sur le trottoir ou dans les ascenseurs. Les femmes autant que les hommes. Et le petit braillard de Crosby, la classe de Halak, Plekanec qui se poigne le beigne, Martin, un grand coach...

Espérons que cela se poursuivra encore quelques semaines. Pour la bonne humeur contagieuse.

Quoi qu'il arrive...

Les Penguins seront nerveux ce soir. Toute la pression est sur eux, devant leurs partisans, et ils se demandent ce qui se passe avec cette équipe médiocre qu'ils n'ont pas vu venir. Le doute...

Mais les Penguins sont des habitués des septièmes matchs. Celui de ce soir sera présenté au Centre Bell sur écran géant. À 7,50$ l'entrée, la salle devrait être pleine à craquer. Quoi qu'il arrive, quel que soit le résultat du match, j'espère que les fans au Centre Bell vont accorder une ovation aux p'tits gars. Ce qui s'est passé au cours des dernières semaines était très beau, extraordinaire même.

Tenir tête aux deux meilleures équipes de l'Est, avec ses meilleurs défenseurs en mauvais état, après une saison mouvementée où le DG a laissé sa peau - en passant, Bob Gainey a droit à des excuses aujourd'hui -, après une saison qui a failli tourner à la catastrophe dans les derniers jours, tout cela nous fait une belle histoire à raconter.

Photo: François Roy, La Presse

Imaginez un peuple entier qui retiendrait la très belle leçon que le Canadien nous offre. Chacun qui fait sa part et qui est toujours prêt à venir au secours de l'autre.