C'est certain que Jaroslav Halak a encore fait la différence. Une autre soirée de 42 lancers. C'est de la routine pour le solide gardien du Canadien.

Mais cette fois, le Canadien a été plus combatif, plus discipliné, plus conscient des petits détails et surtout plus collectif.

Tous les joueurs se sont donnés, tous les joueurs ont sacrifié leurs objectifs personnels pour l'objectif de l'équipe. Gagner ce septième match.

J'avais choisi les Capitals de Washington pour gagner en cinq matchs. C'était logique puisque les Caps avaient formé la meilleure équipe de l'année et qu'ils alignaient une constellation de grandes étoiles. C'était logique mais il arrive dans le hockey des séries éliminatoires que la logique ne soit pas respectée.

D'habitude, c'est par le gardien de but que les surprises prennent naissance. Jaroslav Halak a commencé par voler le premier match. Puis, après un passage moins brillant dans les troisième et quatrième matchs, il est revenu pour faire la différence. C'est lui le héros de cette victoire inattendue. C'est lui qui a permis à ses coéquipiers de se forger un moral, une confiance. C'est lui qui a transformé deux ou trois volées en autant de victoires.

Mais un gardien ne gagne pas tout seul. Et quelque part après la décevante dernière semaine de la saison régulière, des vétérans ont pris possession du vestiaire. Jacques Martin l'a dit hier après la victoire du Canadien, certains de ses hommes ont imposé une nouvelle volonté dans le vestiaire. Et ça s'est traduit sur la patinoire.

Hal Gill, pour un, a été le meilleur joueur de défense des Glorieux. Il a été confronté aux meilleurs des Caps soir après soir et il a causé des cauchemars à certains d'entre eux. Les autres de la brigade défensive ont joué dans leurs limites et avec un acharnement admirable. Ils ont payé le prix pour arrêter les Ovechkin, Backstrom ou Semin. Ils doivent avoir le corps couvert de bleus ce matin. Et puis, certains comme Maxim Lapierre ont vraiment haussé leur niveau de jeu de plusieurs crans. Ça prend de la passion pour en donner autant.

Les vétérans que Bob Gainey est allé chercher l'été dernier ont accompli ce que le directeur général de l'époque espérait d'eux. Ils ont travaillé, ils ont été rapides et ils ont été menaçants à plusieurs reprises. Et puis, le chiffre des lancers ne dit pas toute la vérité. Les Glorieux ont offert un jeu plus articulé dans leur propre territoire. Halak faisait le premier arrêt et souvent le retour était déblayé par un défenseur. Mais chez les Capitals, on était tellement pressé de se relancer à l'attaque que les Gomez, Plekanec ou Cammalleri ont souvent eu la chance de tirer une deuxième fois. Et obtenu ainsi de bonnes chances de marquer.

Chez les Capitals, le joueur qui m'a le plus déçu a été Mike Green. Il a cafouillé et pris de mauvaises décisions pendant toute la soirée. Et hier, il a écopé d'une pénalité stupide qui a coûté un but. Celui de Marc-André Bergeron.

On peut trouver qu'Alexander Ovechkin a été trop individualiste mais personne ne l'accusera de ne pas avoir tout donné pour faire gagner son équipe. Lui comme les autres s'est buté à un gardien de but extraordinaire.

Parlant de Jaroslav Halak, il va falloir reconnaître qu'il n'est pas un feu de paille. L'an dernier, il a sauvé la participation du Canadien aux séries, cette année, c'est lui qui a sauvé les meubles pour les Glorieux, il a été un des meilleurs gardiens aux Jeux olympiques et pendant cette série, il a été digne des plus grands. On fait quoi avec ce genre de gardien, avec ce genre d'homme?

Jacques Martin mérite des félicitations. Il a reçu une demi-équipe d'expansion en septembre dernier. Il a eu la lourde et parfois pénible tâche de faire un tout de ces éléments divers venus de différentes équipes. Je croyais qu'une demi-saison serait suffisante, il aura eu besoin d'une soixantaine de matchs. Il aura eu surtout besoin de Halak.

Au cours des trois derniers matchs, Martin a dirigé son équipe comme un Scotty Bowman ou un Jacques Lemaire. Il a collé des parasites sur le banc, il a envoyé les bons joueurs contre les bons adversaires, il a su calmer ses hommes quand c'était le temps et visiblement, s'il ne les a pas inspirés lui-même, il a laissé certains vétérans allumer son vestiaire et son équipe.

Le Canadien s'attaque maintenant aux Penguins de Pittsburgh. La logique voudrait que les Penguins gagnent en cinq ou six matchs...

Mais vous savez maintenant ce que le Canadien a fait à la belle logique.

Alors? Il va arriver quoi?

On s'en parle demain...