Tout le monde du hockey l'avait compris, même dans les médias: pour espérer gagner cette série contre les Capitals, le CH devait favoriser un jeu défensif serré et, surtout, jouer avec beaucoup de discipline.

Tout le monde l'avait compris, sauf les joueurs du Canadien. À notre liste déjà inquiétante de faiblesses, il faut maintenant ajouter un manque d'intelligence au jeu.

Les meilleurs attaquants qui se battent, qui écopent de punitions inutiles, des joueurs qui paniquent, bref, pas fort entre les deux oreilles.

Comme disent les anglos, si vous ne supportez pas la chaleur, sortez de la cuisine. Nous avons pourtant des joueurs d'expérience, mais certains d'entre eux perdent leur sang-froid comme des juniors.

(Pierre, un vieux copain et ancien coéquipier de Rosemont, m'a écrit avant le début de la série que la seule chance que le Canadien avait de l'emporter, c'était un écrasement de l'avion des Capitals. Merci, Pierre.)

À mon avis, Chantal et Alain, le K.-O. s'est peut-être produit dans le deuxième match à Washington quand le Canadien menait 4-1 vers la fin de la deuxième période. Parlez-moi de faiblesse entre les oreilles. Une vraie équipe n'aurait pas perdu ce match-là.

Mais on a vu des athlètes se relever d'une chute et reprendre le dessus. Il reste beaucoup de hockey à jouer, comme ils disent.

Enfin, Joël, tu le sais, tu as déjà joué au hockey, je crois que les arbitres devraient protéger les gardiens de but. Ceci n'est pas une excuse, parce que je parle des deux gardiens.

Ce laxisme dénature le hockey, qui est un sport de mouvement, de passes et de lancers. S'asseoir sur un gardien pendant que les autres lancent en direction du but n'est pas un sport, Gaston.

Pèlerinage

Plus besoin d'aller à Sainte-Anne de Beaupré.

Vous vous rendez au Provigo à l'angle de Saint-Urbain et Mont-Royal pour vous recueillir devant la toute nouvelle plaque historique qu'on y a installée sur un mur.

C'était là le site de l'aréna Mont-Royal, le domicile du Canadien de 1920 à 1926.

Vous apprendrez que lors du match d'ouverture, le 10 janvier 1920, Newsy Lalonde avait marqué six buts dans une victoire de 14-7 contre les St. Patricks de Toronto. Une terreur, ce Newsy, mais n'oublions pas Jack Laviolette.

Le 25 mars, le Tricolore, qui n'était pas encore les Glorieux, remportait sa deuxième Coupe Stanley. (Vous noterez que la saison de hockey prenait fin à une date raisonnable.)

Howie Morenz, Aurèle Joliat et Sprague Cleghorn, le Bobby Orr de son temps, y ont joué.

Le 29 février 2000, l'édifice qui tenait toujours a été détruit dans un incendie.

Vous lisez tout ça à genoux et vous faites un signe de croix. Même deux signes de croix, parce qu'on en a bien besoin.

Le Baron

Rencontré au tailgate de lundi, mon vieux copain et ex-collègue Alain Chantelois: «L'équipe est médiocre, il n'y a pas de vedettes francophones, il n'y en aura pas avant longtemps et pourtant... les gens viennent de Baie-Comeau et Sept-Îles dans leur chandail du Canadien.»

Il y a quelque chose de beau là-dedans, je pense. Mais je n'en suis pas certain.

Pour toujours, le Canadien

Rocket, mon brave poisson rouge, a un peu pâli ces derniers jours. Même qu'il nage un peu de côté, ce qui n'est jamais bon signe. J'ai eu peur qu'il fasse une folie après la défaite de 5-1. Je l'ai surveillé pendant une partie de la nuit, alors qu'il serrait son fanion bleu-blanc-rouge dans ses petites nageoires.

- Ça va, Rocket? Tu vas passer à travers?

- Il suffit de gagner les trois prochaines parties, c'est tout. On a vu pire.

- Quand?