Comment dit-on, déjà? Remettre les pendules à l'heure?

Le Canadien a fait illusion pendant (presque) deux matchs à Washington. Mais Jacques Martin, ses joueurs et surtout leurs partisans, particulièrement en voix en début de match au Centre Bell, ont fait l'expérience douloureuse de la réalité pour la rentrée montréalaise des séries, hier soir. Le temps d'une période, du moins.

J'ignore si la ville est encore hockey - j'avoue m'y perdre dans les slogans publicitaires du Canadien -, mais elle l'est sûrement un peu moins ce matin, après la déroute contre les Capitals.

La deuxième période a été franchement laide. Après le quatrième but, celui d'Alexander Ovechkin, les joueurs du CH ont laissé leurs émotions prendre le dessus, écopant d'une série de punitions qui n'ont fait que creuser encore davantage une tombe déjà passablement profonde.

Loin de moi l'idée de présumer des pensées d'une légende vivante, mais Jean Béliveau, qui assistait à son premier match au Centre Bell depuis son accident vasculaire cérébral en janvier, a dû regretter de ne pas être allé faire un tour au Salon des anciens entre la 20e et la 40e minutes.

Des regrets, j'en ai moi-même un peu à propos de la récente chronique dans laquelle je louangeais les vétérans du Canadien, notamment Scott Gomez. Comme lors du deuxième match, dans lequel il a livré une bagarre inutile à Tom Poti, le double gagnant de la Coupe Stanley, expulsé pour 10 minutes en fin de deuxième, s'est montré très indiscipliné.

La Terre à Scott Gomez: un joueur de centre de premier trio est plus utile à son équipe sur la glace qu'en congé forcé au banc des punitions. Le CH aurait eu besoin de lui en supériorité numérique quand Mike Knuble a écopé d'une punition, en début de troisième période. «Quand on perd notre meilleur joueur de centre pour 10 minutes, ça rend les choses difficiles», a reconnu Jacques Martin.

Pauvre Halak

Jaroslav Halak aurait eu autant sinon plus de raison d'être fâché que Gomez. Il n'a pas grand-chose à se reprocher dans la défaite du Canadien. Jaroslav Spacek l'a poussé dans le filet lors du premier but, il n'a rien vu lors du deuxième et personne n'a empêché Eric Fehr de prendre son retour sur le troisième.

Une vie cruelle que celle des gardiens. Halak n'a pas été mauvais dans la série, mais il n'a pas réussi les petits miracles qui sont essentiels contre une équipe aussi dangereuse en attaque que les Capitals. Halak avait la chance d'impressionner la confrérie des directeurs généraux ce printemps, mais après qu'il eut accordé neuf buts en 50 tirs, le débat à son sujet est probablement relancé, à tort ou à raison. C'est vraisemblablement à Carey Price qu'incombera la responsabilité de ramener le Canadien dans le coup.

Martin a retiré Halak du match, dans l'espoir évident de donner un électrochoc à ses joueurs, comme Bruce Boudreau l'avait fait samedi en remplaçant José Théodore par Semyon Varlamov. Meilleure chance la prochaine fois: cinq minutes plus tard, Ovechkin portait la marque à 4-0.

Ce but est emblématique du défi que posent les Capitals. Il a suffi d'un bref manque de communication en zone défensive - Josh Gorges a laissé Ovechkin seul pour porter son attention sur ce qui se passait aux abords du filet, mais Tomas Plekanec n'était pas là pour prendre la relève dans l'enclave - et boum, la rondelle s'est retrouvée au fond du filet.

Pareil avec les Capitals. Le système du Canadien, qui leur avait permis de faire jeu plus qu'égal en première période, s'est subitement détraqué après le but en désavantage numérique de Mike Knuble. C'était toute l'ouverture dont les Caps avaient besoin. Quatre buts et 12 minutes plus tard, reboum, on pouvait fermer les livres.

Pour espérer battre les Capitals, le Canadien doit être pratiquement parfait. Il ne l'a pas été hier. Et c'est maintenant 2-1 pour Washington. La marge d'erreur n'est plus loin d'être inexistante.

Aubut choisit son homme

C'était un secret de polichinelle: Jean Dupré a été nommé hier chef de la direction du Comité olympique canadien. L'ancien directeur général de Patinage de vitesse Canada (PVC) avait soutenu activement la campagne de Marcel Aubut à la présidence du COC, l'an dernier. Me Aubut entrera officiellement en fonction à la fin de la semaine, lors de l'assemblée annuelle de l'organisation, à Montréal.

«Il était temps que le leader de l'organisation soit quelqu'un issu du milieu du sport, qui est notre core business et notre sang», a dit Me Aubut au sujet de M. Dupré, qui a dirigé PVC pendant 15 ans et en a fait une des fédérations sportives les plus solides et les mieux financées au pays.

Le COC a aussi nommé un ancien des Raptors de Toronto et des Dolphins de Miami, Chris Overholt, comme chef de l'exploitation et de la commercialisation. Marcel Aubut, qui n'a jamais eu peur de l'hyperbole, a parlé d'un «dream team» pour décrire le triumvirat qu'il présidera. «Nous avons tous trois une expérience du marketing, a-t-il souligné. C'est le plus gros challenge. On veut créer une organisation dont les Canadiens vont être fiers, plus grosse, plus visible et plus crédible qu'elle ne l'est présentement.»