Ce qui est remarquable avec la technologie, c'est qu'elle se montre capable d'offrir de nouveaux produits répondant à des besoins que nous n'étions même pas conscients d'avoir! Cela s'applique parfaitement au dernier gadget de la mythique firme Apple, le iPad. Le bidule a été lancé, samedi, sur le marché américain. Et il sera disponible au Canada à compter du 24 avril, si la rumeur en ce sens est fondée.

Chacun sait à peu près de quoi il s'agit.

Le iPad est une ardoise électronique dont les fonctions et compétences logent à l'intersection du mini-ordinateur portable, du téléphone intelligent, de la liseuse, de la console de jeu et de l'écran combiné télé-cinéma!

Il est mince et léger; possède un écran tactile (avec clavier virtuel) de presque 25 cm; fonctionne pendant dix heures sur une charge; communique par Wi-Fi ou transmission cellulaire; coûte entre 500 et 825$US. Des milliers d'applications, gratuites ou non, sont déjà disponibles. Même Amazon.com proposera aux iPadistes les 450 000 titres de sa bibliothèque virtuelle destinés à la liseuse Kindle... laquelle prend instantanément un coup de vieux.

Bref, on peut tout faire là-dessus, sauf réchauffer son café.

Entre 300 000 et 400 000 exemplaires du iPad auraient été écoulés au cours du week-end. Ce chiffre pourrait atteindre les 6 à 7 millions d'ici la fin de 2010 et trois fois plus en 2012. Pour l'instant, Apple a fait en sorte que la rupture de stock ne menace pas.

Plusieurs soutiennent que, bousculant le «vieil» ordinateur, le iPad va déclencher une révolution.

Une autre.

***

Dans les faits, que se passera-t-il une fois que les membres de la secte Apple, puis les nerds certifiés, puis les simples amateurs de techno, puis le plus large public à l'aise financièrement et confortable avec les machines... que se passera-t-il, donc, une fois que tous ceux-là auront acquis un iPad?

L'objet se révélera-t-il comme vraiment porteur d'une révolution dans l'art de communiquer, de travailler et de se divertir? C'est-à-dire un outil qui deviendrait à la fois indispensable et capable de modifier en profondeur les contenus qu'il véhicule - comme ce bon vieux Marshall McLuhan le disait des technologies importantes et comme l'a fait l'ordinateur? Ou bien le iPad relève-t-il d'une millième technologie transitoire en attendant la suivante, qui sera éphémère elle aussi?

Difficile de dire.

Le coût à long terme de l'approvisionnement en contenus - les journaux, par exemple, ou les films, ou le sport, ou l'information brute - pourrait devenir un facteur important au moment où la gratuité, substantifique moelle du web, est globalement remise en question. Et encore y a-t-il mille autres incertitudes.

À moins de souffrir le martyre à la vue du iPad du voisin, la tactique consistant à attendre un peu avant de se lancer dans la folle dépense n'est peut-être pas si bête.