Au cours des dernières années, la Chine a fait de grands pas pour s'intégrer à l'économie mondiale. Depuis la tenue des Jeux olympiques de 2008 toutefois, le régime chinois semble se raidir à certains égards.

La volonté maintes fois exprimée par Pékin de créer un environnement favorable à l'investissement étranger, notamment en mettant en place une société de droit et en respectant davantage les droits de la personne, ne paraît plus aussi forte. Les relations tendues entre les autorités chinoises et les multinationales Rio Tinto et Google illustrent cette évolution préoccupante.

Quatre employés de Rio Tinto ont subi cette semaine à Shanghai un bien curieux procès. Détenus depuis l'été dernier, ils étaient accusés d'espionnage. Lundi, à la surprise générale, ils ont admis avoir accepté des pots-de-vin de dirigeants d'aciéries locales. Le procès s'est déroulé tantôt à huis clos, tantôt devant une assistance triée sur le volet. La preuve n'a pas été rendue publique. On ne sait pas qui a témoigné contre les inculpés. Cette affaire a fait réaliser à bien des gens d'affaires séduits par l'empire du Milieu que la justice chinoise est encore à des années-lumière de celle des pays occidentaux.

Le même jour, Google a annoncé la fermeture de son site de recherche basé sur le continent, site que l'entreprise autocensurait pour satisfaire aux lois chinoises. Ce changement fait suite aux cyberattaques dont a été la cible google.cn, des attaques apparemment commandées par les autorités chinoises et visant à espionner des dissidents. Le fondateur de Google, Sergey Brin, né en URSS, a expliqué que le comportement des dirigeants chinois lui faisait penser au «totalitarisme» soviétique. «En définitive, dit M. Brin, tout dépend d'où se situe votre seuil d'inconfort. Chez Google, ce seuil a été franchi.»

Combien d'autres entreprises installées en Chine verront ainsi leur «seuil d'inconfort» dépassé? S'ajoute à ces difficultés la tension croissante entre les États-Unis et la Chine au sujet de la valeur artificiellement basse du renminbi. Si l'économie américaine ne se relève pas, le président Obama subira des pressions de plus en plus fortes du Congrès en faveur de représailles économiques contre la République populaire.

Les relations économiques et politiques entre l'Occident et la Chine sont plus importantes aujourd'hui que jamais. Les événements des dernières semaines indiquent aussi que, dans un avenir prévisible, elles demeureront extraordinairement complexes et délicates. Compte tenu des enjeux énormes pour les deux parties, la prudence et le dialogue, en même temps que l'affirmation tranquille des valeurs de chacun, demeurent les meilleures politiques.