Le Canadien va participer aux séries, mais il va falloir qu'il joue beaucoup, beaucoup mieux qu'il l'a fait dernièrement s'il veut espérer y faire plus que de la figuration.

Le CH avait la chance de doubler les Sénateurs d'Ottawa au classement, hier soir. Mais il est difficile de doubler quand on a un pied sur le frein, que la transmission est au neutre et qu'on tient le volant comme si on revenait d'une soirée trop arrosée.

Je ne sais pas si c'est parce que j'ai encore en tête le hockey sublime des Jeux olympiques - ça fait quand même trois semaines que Sidney Crosby a marqué son but gagnant en prolongation - mais j'ai trouvé presque physiquement pénible de regarder le CH traîner les pieds contre les Sénateurs, hier soir. À en juger par le manque total d'ambiance au Centre Bell, je n'étais pas le seul à m'ennuyer ferme. Un véritable festival de la passe molle et de l'à-peu-près, livré avec un désolant manque de conviction. Ça fait deux matchs de suite que c'est comme ça. Quelqu'un pourrait-il les avertir que les séries commencent dans moins de trois semaines?

Si vous aviez mieux à faire hier soir - repeindre le cabanon ou classer votre collection de timbres, par exemple -, ne vous fiez pas aux statistiques du match. Je veux bien passer la prochaine semaine à écouter en boucle les meilleurs moments de Benoit Brunet si le Canadien a vraiment commis seulement six revirements contre Ottawa.

Pour un Jaroslav Halak, qui a été aussi bon que d'habitude, il y avait beaucoup trop d'Andrei Kostitsyn. L'aîné des frères K., qui n'a récolté que deux points en 10 parties depuis les Jeux, se traînait une fois de plus comme un zombie sur la glace.

Va aussi falloir qu'il se passe quelque chose avec l'attaque à cinq. Il n'était pas très édifiant de voir le Canadien tâtonner sans conviction en zone des Sénateurs pendant les deux punitions consécutives de Nick Foligno en première période, hier. Les Sénateurs n'ont eu aucune difficulté à tenir le coup et ont pu ensuite prendre les devants grâce au but de Peter Regin. Et ça ne s'est pas amélioré par la suite, le Canadien terminant la soirée avec une fiche de 0 en 4 avec l'avantage d'un homme.

Le CH a marqué seulement quatre buts à ses 26 dernières supériorités numériques, pour un édifiant taux de réussite de 15,3%. Vivement le retour de Marc-André Bergeron - et aussi de Mike Cammalleri. Le Canadien a eu la chance d'obtenir une production inespérée de ses troisième et quatrième trios au cours des dernières semaines, mais ça ne pouvait pas durer. Il a besoin au plus vite d'un deuxième trio pour épauler celui de Gomez.

Mais surtout, il a besoin de retrouver un sentiment d'urgence qui semble lui faire défaut.

Oui à un Institut du sport

Le gouvernement du Québec est depuis plusieurs années un leader en matière de soutien aux athlètes de haut niveau. Crédits d'impôt, aide financière directe, subventions aux entraîneurs - la province est souvent présentée comme le modèle à suivre dans le milieu sportif canadien.

Le budget provincial qui s'en vient serait une belle occasion de poursuivre cette tradition.

J'ai déjà parlé du projet d'Institut du sport que caresse le Centre national multisport de Montréal (CNMM). L'idée est simple: regrouper dans les espaces inoccupés du Stade olympique les centres d'entraînement de plusieurs sports, comme cela a déjà été fait pour les sports aquatiques, et bonifier en parallèle les services de soutien (préparation physique, médecine du sport, physiothérapie, etc.) offerts aux athlètes de pointe.

Le projet, mis au point de concert avec le programme À nous le podium, a pris forme au cours de la dernière année. Le directeur du CNMM, Marc Gélinas, a maintenant espoir qu'il puisse se concrétiser. «Le budget provincial sera déposé d'ici la fin mars. Si l'on se fie à l'intensité et au nombre des questions que le projet a suscitées de la part du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport depuis un mois, c'est encourageant. Je suis très conscient qu'il y a beaucoup d'autres priorités en ce moment, mais ça semble gagner de la traction, comme on dit en anglais.»

L'Institut, s'il voit le jour, serait l'un des quatre au Canada, avec ceux de Vancouver, de Calgary et de Toronto. Gélinas rêve de tripler le personnel - présentement une quinzaine d'employés - du CNMM, d'intégrer quatre à six sports additionnels (il préfère ne pas les identifier pour l'instant) dans le quadrilatère olympique et de pouvoir offrir des services aux centres d'entraînement situés ailleurs en province, comme ceux de biathlon, de ski de fond ou de ski acrobatique.

«Il y a suffisamment d'espace dans le Stade pour réaliser quelque chose d'exceptionnel, dit Gélinas. Quand on voit ce qui se passe ailleurs dans le monde et dans le reste du pays, on est rendus là. Il ne faut pas attendre que des fédérations nationales décident de centraliser des athlètes dans d'autres provinces. Un athlète québécois a le droit de s'entraîner dans sa culture. Si ce n'est pas nous qui les rassemblons, ce sera d'autres centres.»

En plus de bonifier d'au moins un million de dollars le budget d'opérations du CNMM, il faudrait sans doute trouver plus d'une dizaine de millions pour aménager les locaux du Stade olympique, estime Gélinas. Pas évident dans un contexte où Québec parle de sabrer dans les dépenses. Mais c'est la suite logique et nécessaire des efforts que le gouvernement Charest a déployés auprès des athlètes depuis 2003. Et puis ça accentuerait la vocation sportive des installations olympiques. Le Stade et ses dépendances ont d'abord été construits pour le sport. Entre le Biodôme et le Salon national de l'habitation, il arrive qu'on l'oublie.